Il y avait beaucoup de monde à la Fête de l’Humanité cette année, nettement plus qu’en 2011. Certes, la foule était largement composée de festivaliers. Certes, d’année en année, la Fête change, devient encore moins ouvrière, moins populaire, moins familiale, ne serait-ce que pour une question de prix. Mais nous avons constaté une attente accrue de politique après cette année électorale, surtout dans la perspective de la politique de super-austérité.

 

Avec la fédération de la Haute-Saône, la section de Saint-Quentin et la section de Mantes-la-Jolie, nous avions décidé de faire signer sous nos stands une pétition de soutien aux salariés de Citroën, pour le retrait pur et simple du plan de licenciements et de fermeture de l’usine d’Aulnay, pour la nationalisation de PSA et  de Renault. L’accueil a été très favorable, 3100 signatures et quasiment autant d’échange. Un point de vue ressort : dans une bataille comme celle de PSA, pour rassembler et gagner, il faut mettre la barre à ce niveau, celui des nationalisations.

Cette recherche de radicalité, aussi des positions que le PCF avait toujours portées, a contrasté avec un vrai marasme parmi les camarades de beaucoup de stands. Nous l’avons senti lors de la semaine précédente en côtoyant les équipes de monteurs. Ce n’est pas un hasard non plus si une trentaine de stands d’organisation du Parti ont disparu en une année. L’épisode Front de gauche désoriente beaucoup de communistes, et souvent, les législatives, notamment, ont été très mal vécues.

Le contraste était frappant entre les slogans enthousiastes pour le Front de gauche et cet état d’esprit de beaucoup de camarades, déroutés. « Adhérer au PCF pour renforcer le Front de gauche » affirme par exemple la direction de la fédération de Paris : L’engagement « politique » réduit à l’engagement politicien. On est loin de vouloir changer le monde ! Ce serait presque plutôt un appel lancé à la « gauche non communiste » à aider la direction du PCF à l’aider dans son travail de « transformation-effacement » du PCF historique. Dans les déclinaisons sur le « changement maintenant », la palme a été remportée par les frontons appelant à la « 6ème république maintenant », après l’exemple de personnalisation outrée de la campagne électorale derrière Mélenchon…  ou plutôt par cette belle combinaison de l’union de la gauche PS/FdG : « L’Humain d’abord, c’est maintenant ! ».

Le texte pour un « référendum anti-TSCG » a été peu relayé dans les stands, dont très peu faisaient de la politique. Mais était-ce le but ? L’opération TSCG s’est révélée s’adresser surtout aux organisations de gauche et aux médias. Ses deux objectifs sont apparus plus clairement. Il s’agit d’une part de canaliser à « gauche » l’opposition à l’Union européenne du capital pour éviter de remettre en cause sa légitimité et ses instruments dont l’UE. Il s’agit d’autre part de préparer une recomposition politique avec un second pilier réformiste à gauche du PS, comme l’ont manifesté des rapprochements avec des élus d’Europe-écologie ou de la frange du PS qui se prétend à sa gauche.

Le tract 4 pages de masse (11000 exemplaires) que nous avons diffusé dans nos stands abordait la question de la remise en cause radicale de l’application des traités et directives européens, la fin de l’euro. Les nombreux échanges ont montré la validité des arguments qui étaient ceux de tout le Parti encore dans les années 90. Une grande campagne nationale contre l’UE et l’euro serait encore plus largement suivie que celles contre Maastricht et la « constitution européenne ». Comment l’Huma et son rédacteur en chef Patrick Le Hyaric peuvent-ils s’inquiéter de la perte de souveraineté avec le TSCG et ne pas remettre en question l’euro ?

Toujours en relativisant les choses, la quête de politique s’est manifestée aussi par une plus large participation aux débats. Mais inviter à débattre avec des syndicalistes ou des communistes des porte-paroles officiels de l’idéologie dominante, des patrons voire des élus de droite exprime une logique. Dans un débat sur les transports avec le bras droit du PDG Guillaume Pépy, la posture d’opposant est facile à adopter, la question des revendications sur lesquelles construire la lutte est évacuée. Quel besoin a eu l’association des « Amis de l’Huma » d’inviter l’omniprésente donneuse de leçons médiatique Caroline Fourrest pour parler de l’extrême-droite avec le suppléant de Jean-Luc Mélenchon, Hervé Poly ? De surcroît le débat n’a pas eu lieu à cause d’une opération commando « d’indigènes de la République ». On n’est pas loin du n’importe quoi et ce n’est pas de l’anecdote.

Ce qui est remonté très fortement aussi, c’est la défiance des visiteurs de la Fête vis-à-vis du nouveau président et du nouveau gouvernement. Notre tract affirmait que nous n’étions pas déçus de la politique de Hollande parce que ne nous étions pas fait d’illusions, pas plus que nous n’en avions propagé. Là encore, nous nous sommes sentis en phase avec les visiteurs de la Fête. Aujourd’hui, il s’agit, au contraire de ce qui a été fait dans les campagnes électorales du Front de gauche, de préparer les mobilisations convergentes sur les positions de rupture avec la politique du gouvernement. Ce n’est ni de continuer à cultiver l’illusion que l’on pourrait peser « à gauche » sur le gouvernement et le PS, ni de prendre une posture tribunicienne d’opposant.

Enfin, nous nous félicitons d’avoir fait une démonstration face à tous ceux, qui, jusqu’aux plus hauts lieux de l’appareil du Parti, laissent entendre que le PCF doit s’effacer derrière le Front de gauche. Nous avons fait imprimer 20000 autocollants avec la faucille et le marteau du PCF. Ils se sont distribués mieux que des petits pains notamment avant le grand meeting sur la scène centrale.

Nous ne confondons pas le symbole avec la réalité. Mais, vraiment, les conditions existent pour que le PCF redevienne le vrai Parti communiste dont les travailleurs et notre peuple ont besoin.

Nous l’avons aussi vécu dans la vie de nos stands, entièrement militants, où chaque tâche,  même très matérielle, garde son objectif politique et crée l’atmosphère de franche camaraderie. La fraternité révolutionnaire doit précéder « l’Humain (indifférencié) d’abord » !