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« Le Pass Navigo à tarif unique » en Ile-de-France: de quoi la gauche plurielle pouvait-elle bien se prévaloir en réalité?

Pour nos lecteurs provinciaux, nous indiquons que le « Pass Navigo  » est le nom de la carte d’abonnement aux transports publics parisiens.

Très longtemps, les tarifs étaient différenciés, « zonés », en fonction de leur zone géographique de validité. Depuis septembre 2015, le Conseil régional sortant a établi le tarif unique: l’abonnement au même prix est valable dans toute la région. Cette disposition est immédiatement avantageuse pour certains usagers, ceux qui sont contraints au trajets les plus longs, notamment loin de Paris-Ville.

Mais son financement a coûté et va coûter très cher. Depuis 2004, encore plus depuis 2010, une majorité d’usagers, ceux qui habitent où les loyers sont déjà les plus élevés, ont subi des augmentations considérables. Il reste des centaines de millions d’euros (400 millions suivant les estimations basses) à trouver qui pèseront immanquablement sur les usagers et les contribuables.

Parce que tout a été fait pour épargner les entreprises, au niveau de la Région de « gauche », comme du gouvernement de « gauche ». Les entreprises sont pourtant les premières intéressées: elles veulent disposer plus facilement d’une main d’oeuvre flexible, toujours plus éloignée par le prix du logement (et qui passera encore plus de temps dans les transports).

La redistribution géographique de l’activité dans la perspective du Grand Paris, le dumping fiscal entre les municipalités pour attirer les implantations, nécessitaient, aux yeux du Medef, cette harmonisation tarifaire.

D’ailleurs, c’est Jean-François Copé, à la tête de la liste UMP aux régionales de 2004, qui en a le premier fait son cheval de bataille.

Dans ces conditions, on a du mal à accepter que cette mesure ait été présentée, avant les élections de 2015, par tous les partis de gauche comme la mesure phare « de gauche » du bilan de leur collaboration à la tête de la Région.

PS, EELV et Front de gauche l’ont asséné, comme quasiment seul argument dans leur courte campagne. Ils s’en sont disputés la paternité avant de la partager publiquement avant le deuxième tour en communion entre Bartolone, Emmanuelle Cosse et Pierre Laurent.

Pour les habitants des 3/4 de la région qui ont vu exploser leur abonnement (de 45 à 70 euros en 10 ans), pour les retraités parisiens dont la municipalité Hidalgo à décupler les tarifs, l’argument électoral était peu recevable.

Pierre Laurent, en particulier, sans nuances d’analyse, a constamment revendiqué cette disposition dans son bilan. Après la lourde défaite, il le fait encore, comme le 16 décembre 2015 sur RTL. Est-ce qu’il n’y avait à ce point rien à mettre en avant de plus présentable dans la politique social-libérale de la gauche plurielle en Ile-de-France à présenter, dans l’application dans la région capitale de la politique de Hollande et Valls? Sans doute!

Nous reproduisons ci-dessous un article précis, argumenté et chiffré de nos camarades de la section du PCF Paris 15, réalisé avec des camarades de la RATP.

Copé en rêvait en 2004. La "gauche" l'a fait en 2015 avec 60% d'augmentation pour les usagers et tous le bénéfice pour le patronat.

Pass Navigo au tarif unique de 70 euros: le patronat n’aura rien à payer ! Qui va payer alors ?

PCF Paris 15, 1er décembre 2014

Le président de la région Ile-de-France et du Syndicat des transports STIF, le PS Jean-Paul Huchon en a fait l’annonce, en compagnie du président de la Chambre de commerce et d’industrie, Pierre-Antoine Gailly : en 2015, sera mis en place le tarif d’abonnement unique pour tous les transports en commun d’Ile-de-France, sans zonage, à hauteur de 70 euros par mois.

Huchon se vante de tenir une promesse électorale faite pendant la campagne des régionales de 2010, avant une nouvelle campagne qui s’annonce bien plus difficile en 2015. A l’unisson avec lui, les élus de sa majorité, EELV ou Front-de-Gauche se réjouissent bruyamment d’une mesure qu’ils présentent comme écologique et sociale.

Communistes, nous ne voyons aucune raison de partager cet enthousiasme. Pendant la campagne des régionales de 2004, c’est Jean-François Copé qui portait le plus fort la proposition de l’abonnement à tarif unique…

Pour notre part, nous ne cessons de militer pour un abaissement des tarifs des transports publics franciliens et pour une mise à contribution bien supérieure de ceux qui profitent le plus des réseaux publics, de ceux qui déportent les salariés de plus en plus loin en grande banlieue : les patrons. A nouveau, ils sont épargnés par Huchon et sa majorité, par Manuel Valls qui a donné son approbation aux changements législatifs nécessaires à l’établissement du tarif unique (ils seront votés dans le collectif budgétaire de fin d’année par le Parlement). Epargnés, les patrons ? Choyés plutôt!

Huchon se flatte d’un dispositif « gagnant-gagnant ». Evidemment, pour les Franciliens habitant le plus loin de leur lieu de travail ou du centre de Paris – en zone 5 notamment -, la mesure sera bienvenue : 42 euros en moins par mois, donc 21 euros pour la part salariés.

Mais qui va payer la note globale estimée entre 300 et 500 millions d’euros selon les estimations et la date de référence ?

Huchon a bien calculé avec le Medef, pour le Medef. Les patrons consentent à une augmentation moyenne annoncée de 0,13% des taux du versement transports, modulée suivant une formule opaque. Mais la somme, estimée globalement entre 100 et 210 millions d’euros par an (notons l’écart dans les prévisions), est doublement compensée pour le patronat. D’une part, l’abaissement proportionnel des remboursements aux salariés (50%) des Pass Navigo, devenus moins chers devrait leur économiser au moins 90 millions d’euros par an. D’autre part, Huchon et Valls leur offrent le maintien de l’exonération de la redevance sur la construction de bureaux dans le cadre d’opération de démolition-reconstruction.

En résumé, le patronat francilien, pris globalement, gagne le maintien de facilités pour des opérations de spéculation et un réservoir de main d’œuvre plus étendu dans la région. Observons déjà que, sur le plan « écologique » et humain, cette tendance n’est pas de nature à limiter l’étalement urbain et les temps de transport subis.

Patrons gagnants, cela veut dire salariés, population et collectivités perdants !

Il n’aura pas échappé aux habitants des zones 1 et 2 qu’ils ont été durement mis à contribution depuis 2009. Le prix de leur Pass Navigo est augmenté fortement chaque année. A 70 euros en 2015 par mois, on atteindra un cumul de 27% de hausse depuis 2009, contre une inflation générale de 7% ! Depuis 2004, l’ex-carte orange deux zones se sera élevée de 45 à 70 euros, soit de 56% contre une inflation officielle cumulée de 18%… Ce sont pourtant les travailleurs de ces zones qui subissent les loyers et charges les plus élevés. Habiter en zone 1 ou 2 devrait devenir de plus en plus un privilège pour lequel il faudrait tout accepter! Nous ne l’acceptons pas !

Au bas mot, selon ses initiateurs, l’application du tarif unique prévue laisse encore au moins 190 millions d’euros par an non financés. Va-t-on renoncer à étendre le réseau, à le moderniser ? Huchon et ses amis jurent que non ! Son porte-parole à l’Assemblée, le député PS de Seine-et-Marne, Olivier Faure, promet que l’on ne touchera pas aux investissements mais que l’économie sera réalisée sur « le budget de fonctionnement ». Voilà qui annonce de nouvelles pressions, de nouvelles coupes, via appels d’offres, sur les dépenses de maintenance et d’entretien, de sécurité pour les usagers et les agents des transports, de nouvelles attaques antisociales.

Patrons gagnants, usagers globalement perdants, contribuables perdants, agents des transports perdants : et Huchon espère se faire passer de « gauche » avant les prochaines régionales !

Communistes, nous avons d’autres propositions pour faire avancer le service public, pour la réponse aux besoins des habitants et de l’économie, pour développer les transports publics, pour baisser réellement les tarifs :

-          Il faut réellement rehausser le versement transport et l’étendre à toutes les entreprises

-          Le taux de remboursement du Pass navigo, au nom du trajet domicile/travail, doit être relevé de 50% à au moins 75%. Ces abonnements ne sont le plus souvent souscrits par les salariés que parce que leur travail le nécessite.

-          Il est anormal que ce soit la collectivité – en l’occurrence la Région – qui finance les tarifs spéciaux pour les transports des chômeurs. Ils doivent être payés par l’Unedic grâce à une hausse correspondante des taux de cotisations chômage patronales.

-          La réalisation d’un service optimal, au meilleur prix, dans les meilleures conditions d’emploi et de sécurité, passe enfin par le rejet des logiques de mises en concurrence et de privatisation, au profit de groupes privés, par la défense et l’extension du monopole public RATP/SNCF sur l’ensemble des transports urbains franciliens.

-          Sur un autre plan, la lutte contre la spéculation immobilière entretenue par de nombreuses municipalités dont celles de Paris est directement liée avec notre objectif d’harmonisation des lieux de vie, de travail et de loisirs dans la région, donc à une réduction des besoins de transports tels que le patronat et le capital les envisagent pour leurs profits.

Si la campagne des élections régionales doit servir à quelque chose, nous l’utiliserons entre autres pour avancer ces positions !

En 2015 : lancer une campagne nationale contre la hausse des tarifs publics !

Repris de PCF Paris 15, 31 décembre 2015

Les hausses des tarifs publics au 1er janvier suscitent une colère justifiée dans le pays, malgré tous les discours et les fourberies employés par les autorités pour les faire passer.

La hausse des tarifs SNCF a été annoncée à peine quelques jours avant seulement, en plein milieu des fêtes : 2,6% en moyenne (officiellement). Le cabinet de Ségolène Royal a timidement confirmé prétextant qu’il s’agit de financer la maintenance. De qui se moque-t-on ? La discrétion du pouvoir et de la direction de la SNCF correspond sans aucun doute à leur peur des suites de la grève contre la « réforme ferroviaire », devant ses conséquences maintenant palpables.

Le comble de l’hypocrisie a été atteint par le Conseil régional de « gauche » d’Ile-de-France avec la hausse décidée en décembre du Pass Navigo et des tickets de transport régionaux RATP/SNCF. Le ticket à l’unité augmente de 5,8% à 1,8 euro, le carnet de 10 de 2,9% à 14,10 euros. Pour les habitants de Paris et des communes limitrophes, l’abonnement mensuel prend encore 4,3% passant de 67,10 euros à 70 euros.

Mais là, la « gauche » brandit son prétexte : l’avènement en septembre du Pass Navigo à tarif unique pour toute la région capitale, conformément à une promesse électorale de la « gauche » en 2009 (de l’UMP de Copé en 2004). Nous avons déjà montré combien le coût de la mesure, de l’ordre de 500 millions d’euros par an, sera supporté par la collectivité, très sévèrement par les salariés des zones 1 et 2, pendant que les employeurs, principaux bénéficiaires se voient compenser le relèvement de leur versement transport. Voir notre article en lien : Pass Navigo au tarif unique de 70 euros: le patronat n’aura rien à payer ! Qui va payer alors ? . Il y a fort à parier qu’en septembre le prix unique du Pass Navigo soit encore revu à la hausse, au-dessus des 70 euros.

Depuis 2009, le prix du Pass Navigo 2 zones – le plus répandu –  aura augmenté de 24%, c’est-à-dire 222 euros par et par personne, alors que l’inflation cumulée aura à peine atteint 7%. En 2014, l’inflation atteindra 0,3% mais les tarifs SNCF augmentent de 9 fois plus, de 2,6% !

Pour la première fois depuis 1996, l’INSEE, dans ses dernières données, a officiellement reconnu que le pouvoir d’achat des salaires avait baissé de 0,4% en 2012, celui des retraites reculant bien davantage. Les ménages de travailleurs n’ont pas attendu ses chiffres pour s’apercevoir d’un recul bien plus important de leur pouvoir d’achat réel. La hausse des dépenses contraintes – logement, assurances, transports, chauffage etc. –  va bien au-delà des chiffres moyens de l’inflation. C’en est l’une des causes.

Le scandale le plus voyant est atteint par les prix du gaz. Ils ont été augmentés de 82% depuis 2005 ! Le principal prétexte avancé était, avec constance, la hausse des prix du pétrole brut sur lesquels seraient indexés les contrats de fournitures notamment de GDF-Suez. Les cours du pétrole diminuent fortement, pourtant, le gouvernement annonce une nouvelle augmentation du gaz pour les particuliers de 1,8% en janvier 2015. Officiellement, il s’agit de faire payer aux ménages une nouvelle hausse de la « taxe carbone ». C’est du vol ! Pendant ce temps, GDF-Suez accumule les profits, 2,6 milliards d’euros sur le premier semestre 2014. De très fortes hausses d’électricité sont aussi prévues.

Les hausses de tarifs publics ne correspondent en rien avec une amélioration du service rendu. Tout au contraire, le gouvernement continue à faire payer aux usagers le démantèlement du service public et la rente actuelle et future aux multinationales.

2,6% d’augmentation à la SNCF après une année 2014 marquée par la suppression de milliers de kilomètres de voies, de dizaines d’arrêts et de gare, de centaines de trains et guichets, de postes de contrôleurs ! En revanche, le gouvernement trouve sans peine 60 millions d’euros à verser à un lobby américain pour que la SNCF aille faire rouler le train de la privatisation … aux Etats-Unis ! Usagers, contribuables, nous sommes rackettés pour financer la privatisation, la transformation de la SNCF en multinationale, pour financer les intérêts des banques qui se gobergent des dettes fabriquées du service public.

C’est sans doute à La Poste, en ce premier janvier, qu’apparaît toute la brutalité, tout le cynisme de ces directions, de ces gouvernements français successifs et de leur Union européenne. Le prix du timbre normal augmente de 15%, certains tarifs « économiques » augmentent de 25%. La direction prétend qu’il s’agit de compenser la perte de volume du courrier. Au contraire, il s’agit de l’accélérer, tout en rançonnant les usagers, en liquidant l’égalité de traitement, en liquidant des moyens et des personnels, pour détruire un service unique, inestimable – la venue d’un facteur dans tous les foyers 6 jours par semaine, un réseau unique de bureaux dans le pays – avant que tout projet d’adaptation et d’amélioration du service ait pu voir le jour.

Partout des luttes se développent. A la SNCF, la force de la grève contre la réforme ferroviaire rend plus difficile la casse du service public. A La Poste, des centaines de luttes locales se sont déclenchées en 2014 (voir notre dernier tract en lien : En 2015, nationaliser la lutte pour le service public de LA POSTE : C’est possible, c’est nécessaire !). En 2009, des millions d’usagers ont dénoncé la transformation en société anonyme et affiché leur volonté de défendre le service public. Dans la bataille idéologique, l’Union européenne a fini d’être démasquée comme le syndicat des prédateurs capitalistes. Le prétexte des directives européennes à la casse des services publics ne peut plus fonctionner. Les usagers, les salariés, la population finissent de faire le deuil des faux espoirs répandus avant les élections de 2012 entretenus pour les pousser à la résignation.

La solution est dans la lutte, dans la convergence des luttes entre salariés des différents services publics, entre salariés et usagers, contre cette politique de casse qui atteint directement, durement, chacun d’entre nous dans sa vie de tous les jours.

En 2015, communistes, nous serons de ceux qui impulseront la campagne nationale contre les hausses des tarifs publics.