Brève, vivelepcf, 13 avril 2015

L’écrivain et journaliste réactionnaire Jean d’Ormesson soigne plus que jamais, dans son grand âge, son éclectisme et sa préciosité. L’hebdomadaire de droite, Le Point (9 avril 2015) lui consacre trois pages réciproquement complaisantes, sous-titrées : « Entre un déjeuner avec Mélenchon et un bain de mer en Turquie ».

Communistes, notre attention est tout à coup attirée par l’article. Elle n’est pas déçue !

Interrogé sur son amitié avec Sarkozy, d’Ormesson répond : « J’ai dîné avec lui la semaine dernière, mais on ne s’était pas vus depuis six mois. J’ai une malédiction, je suis aussi lié avec mes adversaires. J’ai beaucoup aimé Mitterrand, j’ai des liens avec Hollande, qui m’a remis la grand-croix de la Légion, et m’a fait un discours épatant alors que je continue à déplorer sa politique. Et puis, je suis ami avec Mélenchon ». Le journaliste s’étonne : « Mélenchon, le Saint-Just du Front de gauche ?! » D’Ormesson : « Je l’ai rencontré sur un plateau de télévision. Mélenchon s’est montré sauvage avec Alain Minc, et puis il s’est tourné vers moi et a été délicieux. Vous savez comment on attrape les écrivains ? Par l’amabilité [rires]. »

Selon le Point, « l’académicien trouve beaucoup de talent et de culture à Mélenchon ». D’Ormesson : « L’autre jour, au téléphone, il m’a dit : « on ne se voit jamais ». Je lui réponds : « Viens déjeuner ». Puis je me suis rendu à l’académie, où Hélène Carrère d’Encausse me demande si je suis libre le surlendemain. Je lui explique que je vois Mélenchon. Elle me dit : « Oh, j’aimerais le connaître ! ». Le Point : « Et c’est ainsi que l’historienne dont la famille a fui la Révolution d’Octobre, s’est retrouvée à rompre le pain avec l’ancien trotskiste ».

Bien sûr, Mélenchon cultive les amitiés qu’il veut ! Nous remarquons cependant, amusés, le contraste entre son ton si souvent méprisant et insultant pour les communistes (souvenons-nous de certaines scènes à la Fête de l’Huma) et ses manières délicieuses avec les aristocrates les plus anticommunistes. C’est peut-être qu’il est plus en accord avec ces derniers sur le fond.

D’Ormesson ne constate-t-il pas : « Ils [Mélenchon et Carrère d’Encausse) se sont entendus comme larrons en foire. Vous savez sur qui ? Sur Poutine ! C’est assez improbable, non ! ».

Il y a 40 ans, à la libération du Sud Viêt-Nam, Jean Ferrat avait moins de façon pour d’Ormesson, apologiste inlassable des guerres et crimes coloniaux et impérialistes : «Votre cause déjà sentait la pourriture, Et c’est ce fumet-là que vous trouvez plaisant ».

Mélenchon savoure de manger à la table de ces gens !