Brève, 8 juillet 2015

La lutte à l’Assistance publique – hôpitaux de Paris a atteint un niveau inédit depuis des années. Pour l’instant, la politique de coupe financière du pouvoir, incarnée par le directeur général, Martin Hirsch est en échec.

Sa « méthode », l’attaque frontale sur les jours de repos, a eu le mérite de créer les conditions du rassemblement le plus large des agents hospitaliers, de faire faire l’expérience de leur force ensemble. Le pouvoir a craint la « contagion » avant la manifestation nationale du 25 juin, notamment contre le projet de loi Touraine et le plan d’amputation de 3 milliards d’euros d’ici 2017 des ressources de l’hôpital public. A sa façon aussi, il a indiqué la voie des convergences de lutte à développer. Nous reproduisons le tract de camarades parisiens qui fait le bilan de la lutte à l’AP-HP avant le 25 juin.

Depuis, les négociations engagées par Hirsch, pour tenter de faire passer son plan, hôpital par hôpital, voire service par service, ont été suspendues le 7 juillet: nouveau revers pour lui. La CGT avait d’emblée refusé d’y participer. SUD a fini également par quitter la table. A la tentative de division de Hirsch, les syndicats lancent des cahiers de doléances, service par service aussi mais qui ne risquent pas de recouper les intentions du pouvoir…

Journée nationale d’action contre la politique de casse de l’hôpital public : L’AP-HP a montré la voie !

Tract PCF Paris 15, 25 juin 2015

Quelle riposte ?

Nous le savons et le vivons tous : la situation à l’hôpital public est de moins en moins tenable pour les personnels.

La baisse de l’offre de soins a largement atteint la limite rendant impossible le maintien de la qualité des soins. Cette tendance lourde correspond à un choix politique des gouvernements successifs. D’un côté, ils font passer l’argent des cotisations maladies vers les profits patronaux (au nom de l’emploi, on voit le résultat !). De l’autre, en attaquant le service public – hôpitaux, centres de santé – ils font le lit de la marchandisation de la santé, pour le profit de structures privées ou de la finance. Aux Etats-Unis, les dépenses de santé sont de 50% supérieures par habitant pour des résultats sanitaires bien plus mauvais. En Grèce, on retient les bébés en otages jusqu’à ce que les parents paient la maternité !

Le gouvernement Valls et la ministre Touraine continuent le travail de sape. Le soi-disant « pacte de responsabilité » doit se traduire par un prélèvement d’ici 2017 de 10 milliards d’euros sur l’assurance maladie, la moitié aux dépens de l’hôpital public. Cela représente, malgré les dénégations lamentables de la ministre, 22.000 postes supprimés par an !

La loi Bachelot, HPST, de 2008, a ouvert un cadre nouveau pour l’élimination méthodique des structures de santé publiques. Le projet de loi Touraine le déploie avec les nouvelles prérogatives arbitraires accordées aux Agences régionales de santé, notamment des les « groupements hospitaliers de territoire ». Du bon vouloir des proconsuls de la privatisation, des services, des hôpitaux, du public ou de privé devraient être fusionnés, supprimés, transférés à 30 ou 80 km. La loi Touraine est un fourre-tout comme la loi Macron pour faire oublier son objet principal. Communistes, nous sommes évidemment pour la généralisation du tiers payant. Cette question pose des problèmes techniques pour les médecins libéraux. La droite et les médecins les plus vénaux s’en sont servis pour détourner le mécontentement des médecins libéraux, notamment généralistes, vers une contestation réactionnaire. Les questions principales sont de développer les centres de santé – et non de les étouffer -, d’aller vers des remboursements plus simples à 100% sans prélèvement des complémentaires de santé lucratives.

Quelle riposte efficace? L’exemple de l’AP-HP.

Un homme incarne la continuité des politiques de coupes des dépenses sanitaires et sociales. Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP, était ministre de Sarkozy. Il a été nommé à l’AP par Hollande…

Des mouvements de résistance des hospitaliers, souvent avec les usagers, parfois avec le soutien d’élus gênés dans leurs contradictions politiques, se développent partout en France. Avec des résultats réels – un service, une structure partiellement sauvés.

Hirsch a choisi de s’attaquer à l’ensemble des personnels de l’AP-HP. Aujourd’hui, il avoue à ses commanditaires s’être trompé de méthode. Pas du tout ! Il a montré la cohérence de l’attaque et participé à l’unité de la riposte.

Les taux de grévistes, le nombre des manifestants à l’AP-HP ont atteint des niveaux inédits, depuis au moins 25 ans. La conscience s’est élevée que l’attaque n’épargnerait personne dans son travail, dans sa vie quotidienne. Abandonner ses jours de repos pour … travailler plus dans l’année et plus intensément chaque jour ! Inacceptable ! Tout simplement.

Hirsch a été mis en échec par la lutte. Il a dû renoncer à son argumentation oiseuse : faire travailler plus pour sauver des emplois ! Au contraire, il a dévoilé la réalité, générale, de la politique gouvernementale de casse.

Il a été acculé au recul. Pour mieux sauter (dans tous les sens du mot ?). Il renvoie à des négociations par service, par pôle de son plan à l’automne. Il espère débaucher certains syndicats…

En tout cas, la force du mouvement à l’AP-HP de mai/juin est loin d’être éteint. Touraine et Hirsch ont eu peur de la manifestation nationale du 25.

Qu’ils le veuillent ou non, l’exemple de l’AP-HP l’irrigue nationalement et ouvre la voie à la nécessaire riposte unitaire, partant, non d’un regroupement d’organisations, mais de la communauté d’intérêt des personnels, des patients, du pays.

Retrait du plan Hirsch à l’AP-HP !

Abandon du projet de loi Touraine et de son volet hôpital !

Avant les vacances, la journée nationale de mobilisation du 25 juin va très au-delà de l’action de témoignage.

Ensemble, après la lutte contre la loi HPST, sur la base de toutes nos luttes locales, nous pouvons gagner !