Repris de PCF Paris 15 pour « Globule rouge 15 », 8 janvier 2015

En ce début d’année, on parle beaucoup de la pénibilité au travail. Dans le peu de mesures sociales que le président Hollande essaie de mettre en avant figure l’établissement – pénible après 2 ans de pourparlers – au 1er janvier du « compte pénibilité » dans les entreprises. Nous avons déjà analysé et critiqué ce dispositif dans des articles précédents (voir en lien « Collectionner les points « pénibilité » pour pouvoir partir aussi tard qu’auparavant… » ).

Coup sur coup ces dernières semaines, deux enquêtes sont sorties sur les conditions de travail, notamment à l’hôpital. Pour les professionnel(le)s, il s’agit surtout de confirmation d’une situation vécue et connue et qui s’aggrave avec les manques croissants de personnel et les nouvelles organisations du travail. Mais ces données écrites, validées, sont un point d’appui pour des revendications plus essentielles que jamais pour les travailleurs hospitaliers.

Une étude américaine, réalisée par des spécialistes de l’université de Harvard, vient d’être publiée. Elle porte spécifiquement sur la profession d’infirmière et le travail de nuit. Elle de grande ampleur puisque 85000 infirmières – uniquement des femmes – ont été suivies médicalement pendant 25 ans, depuis 1988. Les résultats sont accablants : au bout de 5 ans de travail de nuit, la mortalité est augmentée de 11%. Au bout de 15 ans, la mortalité par cancer du poumon est de 25% supérieure à la moyenne.

Dans l’étude du ministère de travail, précisément de sa « Direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques », la DARES, portant sur les conditions de travail, on retrouve que le travail de nuit concerne 32,3% des fonctionnaires hospitaliers, bien davantage chez les soignants. L’enquête montre que les personnels hospitaliers cumulent les situations de pénibilité et de risque au travail. 52% d’entre eux subissent au moins trois de ces 5 contraintes physiques : travail longtemps debout, posture pénible, déplacements longs et fréquents, port de charges lourdes, exposition aux vibrations. S’ajoutent, sans surprise, une exposition record aux risques infectieux, 83% des personnels concernés, mais aussi la contrainte fréquente pour 78% « d’interrompre une tâche pour une autre non prévue ». Pudiquement la DARES conclut en constatant que le « manque de personnel est davantage ressenti dans la fonction publique hospitalière » que dans les autres catégories étudiées.

Vraiment à qui le dit-elle ! A cette pénibilité croissante à l’hôpital et ses graves conséquences, le gouvernement répond, comme ses prédécesseurs, par de nouvelles suppressions de poste. Après la suppression de la catégorie « active » pour les nouveaux personnels soignants, il remet en cause les départs anticipés à la retraite. Le projet de loi Touraine ignore la question de la prise en compte de la pénibilité mais, dans la suite de la loi Bachelot (HPST) renforce l’austérité, les pouvoirs des Agences régionales de santé pour l’imposer, notamment pour « fusionner » de force des services et des hôpitaux, c’est-à-dire en supprimer.

La bataille des personnels hospitaliers, notamment avec leur syndicat CGT, pour le rétablissement de la prise en compte antérieure de la pénibilité, pour l’amélioration des conditions de travail, un relâchement des rythmes de travail, pour des embauches, pour une meilleure médecine du travail etc. ne concernent pas qu’eux. Elle porte une meilleure prise en charge des patients, un service plus humain et donc plus efficace.

Selon la DARES, 91,4% des fonctionnaires hospitaliers sont en contact avec le public et 85,4% avec des personnes en situation de détresse. Mieux vaut être en forme pour accueillir et soigner !

Cette évidence, seule la lutte la fera accepter par le gouvernement au service du patronat !