SeaFrance, une SCOP ? De la nationalisation à l’auto-exploitation puis l’auto-liquidation !

Vivelepcf, 4 juillet 2012

« Si cogérer c’est gérer avec, autrement dit, dans les conditions du capitalisme, gérer avec les capitalistes, autogérer, c’est gérer soi-même, c’est-à-dire sans les capitalistes. Ce ne serait pas pour nous déplaire, comme chacun sait.

Mais comment gérer sans les capitalistes aussi longtemps que les entreprises et tous les moyens de l’économie leur appartiennent et aussi longtemps qu’ils disposent de toute la puissance de l’Etat et d’un gouvernement à leur service ? En les priant de bien vouloir nous laisser faire ? Les promoteurs du mot d’ordre d’autogestion sont toujours muets sur la question. » Henri Krasuscki, Syndicats et lutte de classes, Editions sociales, 1969, page 36.

Depuis plusieurs mois, l’avenir de l’entreprise de navigation SeaFrance à Calais est devenu le cheval de bataille des partisans des SCOP, sociétés coopératives ouvrières de production.

Depuis le 11 juin 2012, leur vœu est en voie d’être exaucé. Le Tribunal de commerce de Paris a en effet attribué la reprise des bateaux de SeaFrance à Eurotunnel qui prévoit d’en confier l’exploitation à la SCOP créée par l’ex-CFDT.

Une partie de la gauche est dithyrambique. Pour l’Humanité du 12 juin, ce n’est rien de moins que la réalisation du slogan du Front de gauche : « Prenez le pouvoir ! ». Jean-Luc Mélenchon a d’ailleurs déclaré qu’il avait prévu de « lancer sa campagne sur SeaFrance » avant d’y renoncer devant les soupçons de malversation par le syndicat CFDT (désormais exclu par sa confédération). Jacky Hénin, ancien maire de Calais, a choisi un responsable syndical de l’ex-CFDT, comme suppléant aux législatives. De son côté, Benoît Hamon (PS) se réjouit : il avait acheté symboliquement deux parts de la SCOP. Même à droite, Sarkozy se disait prêt en janvier à « donner une chance » au projet de SCOP et la maire UMP de Calais promet de donner 1 million d’euros à la SCOP.

Y-a-t-il vraiment de quoi être si enthousiaste ? Qui gagne ? Qui perd ? (Lire la suite…)