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Elections locales en Grèce : des résultats très inquiétants
Vivelepcf, 20 mai 2014
Il faut être sacrément myope pour se réjouir, comme Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent, des résultats du premier tour des élections locales, régionales et municipales, qui avait lieu en Grèce le 18 mai 2014 avant le 2nd tour qui coïncidera avec les élections européennes.
Dans le pays « cobaye » de la super-austérité, dont le peuple a subi les plus lourds sacrifices pour sauvegarder l’euro, instrument de l’intégration dans l’UE du capital et de la désintégration des acquis sociaux et démocratiques nationaux, le système est parvenu à museler électoralement la contestation populaire. Quitte à jouer avec le feu.
Le parti ouvertement néo-nazi, « l’Aube dorée », atteint 16,1% aux municipales à Athènes, 8,1% dans l’ensemble du pays aux régionales malgré son inexistence au plan local. Cette formation, qui appelle à des ratonnades publiques, ne présentait pas de candidats en 2010. La mise en prison de 6 de ses députés n’a pas signifié, bien au contraire, la fin de la complaisance du pouvoir à son égard. L’irruption du fascisme comme roue de secours de l’UE du capital doit être l’enseignement, l’avertissement premier du scrutin de dimanche en Grèce.
Dans les conditions d’une consultation locale, les formations de notables ont à peu près réussi à maintenir leurs positions quitte à changer d’étiquette. Avec 26,3%, le parti à la tête de la coalition au pouvoir, « Nouvelle démocratie », perd 6% sur 2010, mais seulement 3% sur les législatives de juin 2012. Il parvient à atténuer le vote sanction.
Le processus de recyclage électoral de la social-démocratie continue. Le Parti socialiste, PASOK, caché derrières différentes dénominations, dont « l’Alliance pour une Grèce nouvelle », à 16,2% perd la moitié de ses voix de 2010 mais remonte de 4% sur les législatives de 2012, s’appuyant sur son réseau d’élus. Les socialistes dissidents, de la formation nouvelle « Dimar », recueillent 3,8%.
Le parti de gauche, Syriza, obtient 17,7% dans le pays et arrive en tête dans la région la plus peuplée, l’Attique. Cela n’a aucun sens de comparer ce résultat à celui de la coalition de groupes socialistes, gauchistes, et communistes repentis qu’était Syriza en 2010. Depuis, à la faveur de la débâcle du Pasok, fusible sauté, Syriza et son ambitieux dirigeant européen Alexis Tsipras se sont vus octroyé un nouveau rôle : celui de contenir et canaliser à « gauche » la protestation contre l’Union européenne et l’euro, celui de regrouper les caciques socialistes en déshérence.
Tsipras et Syriza jouent bien leur rôle de bons élèves de l’UE. Un côté « contre l’austérité », comme tout bon parti « socialiste » (du moins dans les mots), l’autre, le principal, pour la sauvegarde de l’euro en Grèce et pour la défense de l’UE. Les modèles de M. Tsipras sont les démocrates américains, Roosevelt, le plan Marshall… La droite grecque peine de plus en plus à le dépeindre comme un dangereux révolutionnaire tant Tsipras fait de concessions au système, jusqu’à aller légitimer la dictature de la Commission européenne en se portant candidat à sa présidence.
L’opération fonctionne moins bien que prévu. Syriza reste aux régionales, très en deçà, de 9,2%, de son résultat aux élections législatives. L’objectif d’être présent au second tour dans 10 des 13 régions est loin d’être atteint : dans 3 seulement.
Notons que l’abstention a atteint 38,5% et les votes blancs et nuls 7,9% aux régionales.
La contestation et la mobilisation populaires contre les capitalistes grecs et européens n’a pu trouver qu’une seule traduction électorale : le vote pour le seul Parti qui les organise réellement, le Parti communiste grec KKE. Avec 8,8% des voix, le KKE est en repli de 2,1% sur 2010 mais remonte de 4,6% sur les législatives. Le matraquage autour du vote utile pour les opportunistes de Syriza commence à moins opérer.
Le résultat du KKE est le seul point encourageant dans ces élections, parce qu’il reflète, seul, les luttes réelles des ouvriers, employés, paysans, travailleurs indépendants, étudiants et retraités, pour leurs intérêts de classe immédiats, contre le capitalisme grec, contre l’Union européenne du capital, pour une vraie alternative.