« Lire, écrire, compter pour tous », Nadjat Vallaud-Balkacem place la barre bas dans un de ses « tweets» qui lui tiennent lieu de politique à cette rentrée. Gestionnaire de façade de la pénurie organisée des moyens et de la crise de l’éducation nationale, la ministre est bien obligée d’entendre les alarmes qui montent à 30 minutes de métro du ministère, venant des lycées les plus en détresse.

Du 6 au 19 septembre, et pas de gaieté de cœur, les enseignants et les personnels du lycée Suger de Saint-Denis, largement soutenus par les élèves, ont fait grève. Pour être sûrs d’être mieux entendus, ils sont allés manifester sous les fenêtres du lycée des privilégiés de la République « Louis le Grand ».

A Suger, à Saint-Denis, la rentrée scolaire a été marquée par l’agression sauvage d’un surveillant à la porte du lycée dès le premier jour de cours. Ce dernier, après avoir interdit l’entrée à une personne extérieure à l’établissement, a été violemment pris à partie par trois individus. Il s’en ressort avec un nez cassé, un traumatisme crânien et 15 jours d’ITT.

Le jour même, les enseignants réunis en assemblée générale, à l’appel des syndicats SNES, CGT et SUD, ont décidé de se mettre en grève pour apporter leur soutien au surveillant et pour pointer du doigt le manque criant de moyens pour l’exercice de leur mission.

Le lycée Suger compte 1 300 élèves. Il est situé dans un quartier pauvre (ex-classement ZEP) où les familles sont frappées de toutes les difficultés sociales que l’on connaît. Pour autant le lycée Suger ne compte que 7,5 postes de surveillants en équivalent temps plein : soit un surveillant pour 175 élèves ! Bien moins encore en termes de travail de terrain d’accompagnement des élèves quand on sait la multitude de tâches – en particulier administratives – qu’ils ont à effectuer! Pour compléter le tableau, depuis la rentrée, un poste de CPE du lycée n’est pas pourvu.

Ce manque d’encadrement est directement pointé du doigt dans l’agression de la rentrée. La direction du lycée a dû envoyer un surveillant s’occuper seul de l’entrée du lycée, alors même qu’il venait tout juste d’arriver dans l’établissement. L’agression n’aurait pas eu lieu, ou tout du moins pas dans ces proportions, si une équipe de surveillants s’occupait de l’entrée, comme cela doit toujours être le cas. Mais pour cela, encore faut-il encore avoir un minimum de personnel!

Pour les grévistes, enseignants, personnels administratifs ou ouvriers, il s’agit de défendre leur travail, l’éducation à Saint-Denis, l’éducation nationale. La revendication précise a porté sur la création de 7,5 postes de surveillants supplémentaires ainsi que la nomination immédiate d’un nouveau CPE. Un minimum.

Le mouvement, très largement suivi, fortement soutenu par les élèves (qui ont mené différentes actions conjointement avec leurs enseignants) et par les parents d’élèves est parvenu à gagner un poste de surveillant et un « contrat d’insertion » à mi-temps. On est loin du compte. Mais la cohésion de la communauté éducative s’est renforcée et cela pèsera. Elle a enregistré les appuis des élus locaux de « gauche » qui ont soutenu ou soutiennent encore la politique antisociale du gouvernement. Elle connaît la logique de casse, de division sociale, de rabaissement de l’éducation nationale proposée par la droite et l’extrême-droite.  Elle sait que sa propre lutte, avec celles des travailleurs, sera déterminante.

Pour nous communistes, l’illustration est à nouveau montrée que seule la voie de la lutte paie et ouvre une perspective, y compris politique. Dans des centaines d’établissements, face aux fermetures de classe, aux manques d’enseignants, ou parfois à des situations de crises aigües comme à Saint-Denis, la rentrée s’est faite sous tension.

Le gouvernement prétend imposer l’état d’urgence, le climat de peur, la méfiance généralisée aux élèves et aux enseignants tout en continuant sa politique de casse du fondement même du développement de notre pays. Coupes dans les budgets, non recrutement, non revalorisation des métiers, précarisation des personnels, destruction de l’éducation prioritaire…  autant d’éléments qui aggravent les conditions de travail des personnels et les conditions d’étude des élèves.

Communistes, nous apportons tout notre soutien au surveillant agressé ainsi qu’aux travailleurs de l’éducation nationale en lutte en ce début d’année. Partout nous nous battons pour exiger :

  • la création de postes d’enseignants et de surveillants à la hauteur des besoins ;
  • l’augmentation des moyens alloués à l’éducation nationale. Plutôt que de financer les guerres et l’armée, finançons les écoles !
  • l’arrêt de la précarisation des métiers d’enseignement ou d’encadrement ;
  • la revalorisation des métiers de l’enseignement ;

A Saint-Denis, comme dans tout le pays !