Vivelepcf, 3 décembre 2013

Christian Troadec est maire de la ville de Carhaix-Plouguer dans le Finistère. Sa notoriété est devenue brusquement nationale avec le mouvement des « bonnets rouges » qui en a fait son porte-parole.

Son personnage et son discours en font effectivement le meilleur propagandiste d’un mouvement politique qui veut apparaître consensuel, sans parti, interclassiste (sans orientation de classe).

Il flaire bon le terroir. Il bénéficie des retombées du festival des « Vieilles charrues » (même si la programmation n’a rien à voir avec la culture locale…). Cela lui permet plus facilement de détourner le juste slogan : « Vivre et travailler au pays » en « rejet de Paris ».

Il n’appartient à aucun parti mais est classé « divers gauche ». Il a soutenu François Hollande en 2012 qui a remporté 59% des voix dans le département. Il n’en est que mieux placé pour le contester aujourd’hui.

Il a été soutenu auparavant par la « gauche de la gauche » finistérienne et même complaisamment par l’extrême-gauche. Voilà qui lui permet d’atténuer les doutes de collusion avec le patronat. Il peut plus facilement détourner la colère ouvrière vers l’opposition à l’écotaxe, justifier la présence dans les mêmes manifestations de ceux qui sont licenciés et de ceux qui licencient. Il va jusqu’à défendre et encenser le patron textile qui fait tricoter ses bonnets rouges « bretons » en Grande-Bretagne…

Dans le même objectif de confusion, il s’est senti assez fort pour participer à la manifestation syndicale de Morlaix le 23 septembre. Certains militants syndicalistes ont vivement réagi mais la clarification reste à faire.

L’habile Monsieur Christian Troadec a tombé le masque au moins une fois. En 2005, celui qui ne trouve pas de mots assez durs pour conspuer le cadre démocratique national, le « repli national », n’en trouvait pas d’assez doux pour célébrer Bruxelles et l’Europe du capital, comme le régionalisme le plus étroit.

Déjà en phase avec le patronat, avec la direction du syndicalisme agricole, Il a porté la bonne parole dans le Finistère en faveur du projet de constitution européenne de Giscard. Il n’a pas hésité à assimiler « nonistes et fascistes ».

Les travailleurs de Carhaix et du centre-Finistère ne se sont pas laissés tromper en 2005 : 57,7% pour le NON. Ils ne se laisseront pas tromper en 2013 !

Encore faut-il que le discours de M. Troadec et de ses commanditaires soit combattu sur la base de propositions de lutte. En traitant de « nigauds » et « d’esclaves » les salariés qui sont allés manifester à Quimper, Mélenchon a fait, une fois de plus, le jeu de ceux qu’il prétend combattre.

Les manifestations syndicales ont rassemblé peu, pas assez. La riposte syndicale ne peut pas se centrer sur le seul rejet du « populisme » et, encore moins, au nom de cela, associer au syndicalisme révolutionnaire le syndicalisme d’accompagnement porté notamment par la CFDT.

Contre les hausses de TVA, pour la mise sous tutelle publique du secteur agro-alimentaire, contre l’application des politiques européennes, la mobilisation peut et doit prendre !

Et du même coup, le nom de Christian Troadec peut et doit retrouver sa place : dans les gazettes communales.