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Congrès de la Confédération européenne des syndicats (CES) à Paris en septembre : une réplique du sommet de Davos, un pic de la collaboration de classe ! Dedans, dehors ? Où est la place des syndicalistes de classe ?

Vivelepcf, 29 juillet 2015

Il va y avoir du beau monde au Palais de la Mutualité entre le 29 septembre et 2 octobre 2015 ! Bertrand Delanoë et Anne Hidalgo n’ont pas fait transformer pour rien ce lieu historique de réunion des organisations ouvrières en centre de congrès de standing.

En regardant le programme et les intervenants annoncés pour le 13ème congrès de la Confédération européenne des syndicats, la CES, on est frappé : on dirait une réplique du sommet annuel de Davos, cette station climatique suisse qui accueille chaque année la fine fleur des penseurs capitalistes et leurs amis.

Certes, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui ouvrira les travaux de la CES, s’est fait porter pâle à Davos cette année pour cause de scandale financier brûlant au Luxembourg. Mais ses amis étaient là, comme ce cher Martin Schultz, président du Parlement européen. A Paris, la CES sera aussi heureuse de faire monter à la tribune, parmi la douzaine d’orateurs annoncés, Marianne Thyssen, la commissaire européenne à « l’emploi », le ministre luxembourgeois du travail, Nicolas Schmit, le porte-parole du patronat européen « Business-Europe », Marcus Beyrer, ou le m’as-tu-vu de l’économie, découvreur français de l’inégalité de la distribution des richesses dans le capitalisme, Thomas Picketty.

Les habitués de Davos reconnaîtront les apparatchiks des organisations de collaboration, Guy Ryder, président de l’OIT et, naturellement, la secrétaire générale sortante de la CES, la Française Bernadette Segol, dont la caractéristique principale est de n’avoir jamais appartenu à un syndicat de travailleurs…

Last but not least, comme à Davos 2015, les 600 participants auront le privilège d’entendre, juste après l’autorité suprême européenne, le président français, François Hollande. Parlera-t-il de l’union nécessaire du travail et du capital contre le terrorisme (en concordance avec la déclaration commune de syndicats français pour prolonger l’esprit du 11 janvier) ou de ses efforts pour faire passer le massacre social de Tsipras en Grèce afin de préserver l’Europe et l’euro ?

Chaque année, des opposants organisent dans les Alpes suisses des manifestations symboliques, des contre-sommets pour détruire l’idée du consensus derrière les positions des économistes et de leurs collaborateurs réfugiés dans les hôtels de luxe de Davos. Au regard de l’événement que représente le congrès de la CES, on pourrait imaginer la même chose dans une ville comme Paris, malgré des forces de l’ordre mobilisées comme pour une visite d’un prince du Golfe.

Quelle autre organisation française pourrait et devrait animer cette mobilisation sinon la CGT ? Le problème, c’est qu’elle est membre maintenant de la CES et que ses dirigeants successifs attachent une grande importance à s’en faire bien voir !

Peu importe que la CES soit l’institution d’origine anticommuniste destinée à servir de relai à l’intégration européenne comme elle l’a montré avec zèle dans son travail, pays par pays, contre chaque peuple, pour faire passer le traité de Lisbonne, sa référence « sociale ». Peu importe qu’elle prône un bon accord TIPP transatlantique entre les multinationales européennes et américaines. Peu importe qu’elle privilégie aujourd’hui l’intégration européenne à la survie des travailleurs grecs.

Le choix des directions de la CGT d’adhérer à la CES continue de créer des remous. Après la grande mobilisation du 9 avril qui a fait la démonstration des attentes d’une ligne de lutte de l’avant-garde de la classe ouvrière, la nouvelle direction de la CGT a décidé d’en rabattre et de s’aligner le 1er mai sur le mot d’ordre européen fumeux de la CES, d’abandonner la dynamique du 9, pour rester collée aux autres composantes françaises de la CES qui n’y appelaient pas comme la CFDT et l’UNSA (la CFDT devrait gagner une vice-présidence de la CES au congrès). On comprend que cela pose question parmi les syndicats et sections syndicales CGT. Les changements de direction à la tête de la CGT et de certaines de ses fédérations, dans une confusion gênante, ne semblent rien clarifier sur ces questions essentielles.

Si la question de la rupture avec la CES – la sortie de cette organisation de collaboration – s’impose, la rupture avec des pratiques dévoyant sournoisement l’internationalisme dans l’adhésion à l’UE du capital est aussi de plus en plus posée. Ces « euromanifs » avec des apparatchiks réformistes, donnant l’illusion que c’est à Bruxelles ou Luxembourg que cela se passe, faisant accepter en préalables, pour essayer les corriger à la marge, les diktats, directives et autres règlements européens – ceux-là mêmes qui tuent notre sécurité sociale, nos services publics, notre droit du travail etc. vont à l’encontre des luttes nationales et de leur coordination internationale.

Que la CES organise son congrès à Paris peut être une belle opportunité. Celle de contester massivement l’appartenance de la CGT à la CES et de dénoncer sa pédagogie de la résignation à l’UE du capital.

Le 1er mai pluvieux ne doit pas obscurcir la perspective ouverte par le 9 avril !

Vivelepcf, 2 mai 2015

Nous reconnaissons que la manifestation syndicale traditionnelle du 1er mai 2015 n’a pas été l’une des plus suivies de ces dernières années.

Un aperçu de la manif à Marseille (au sec)

Les circonstances externes, non-politiques, étaient pour le moins défavorables. La pluie battante restera dans les souvenirs, encore davantage pour les militants communistes qui vendaient le muguet des luttes le matin. Le week-end prolongé et les vacances scolaires ont évidemment joué.

Ceci dit, des questions politiques et syndicales se posent aussi et on aurait tort de se réfugier uniquement sous les parapluies. D’autant plus que cette faible mobilisation ne correspond pas au succès des manifestations, un jour ouvré, du 9 avril, à l’initiative de la CGT.

La manifestation « traditionnelle » n’est la propriété d’aucune organisation en particulier, mais de toutes celles qui, d’une façon ou d’une autre, sont héritières du mouvement ouvrier socialiste en France. Cela implique évidemment d’arranger ensemble l’ordonnancement de la manifestation. Mais pourquoi la CGT a-t-elle ressenti le besoin de signer un appel commun avec notamment le syndicat réformiste « autonome » UNSA ? L’UNSA a refusé toute référence à la journée d’action du 9 avril, car sa logique est à l’opposé de celle des révolutionnaires.

UNSA, FSU, Solidaires et CGT ont tenu à reprendre l’appel de la Confédération européenne des syndicats (la CES à laquelle collaborent aussi FO et la CFDT). Les positions de la CES, institution ultra pro-européenne, relai syndical appointé de la Commission européenne, militante notamment pour le projet de « constitution » européenne rejeté par notre peuple il y a dix ans, ne peuvent guère rencontrer les attentes des travailleurs de chaque pays et de France.

L’appel commun n’a pratiquement pas été diffusé par les militants CGT. Mais les tracts de la Confédération ou des Unions régionales sont restés à des revendications très générales, hausse des salaires, pensions et minima sociaux, voire sociétale égalité salariale hommes-femmes (vers le haut, heureusement !), « créations d’emploi pour combattre le chômage (sic).

Nous avons le souvenir des mobilisations massives de 2009 sur une « plateforme intersyndicale » aussi vague, puis de la perspective donnée aux manifestations géantes pour les retraites de 2010. Objectivement, ce qui renvoie à un changement politique général, électoral, maintenant pour 2017, après les illusions et désillusions de 2012, ne peut pas rassembler les militants, les travailleurs, les retraités, chômeurs et jeunes. Ce même 1er mai, les médias ont évidemment valorisé le rassemblement groupusculaire du FN et ses embrouilles politiciennes dirigées vers 2017…

C’est autre chose dont les manifestations du 9 avril ont exprimé la recherche : de revendications unifiant les luttes, les faisant converger pour faire reculer dès maintenant la politique du gouvernement.

Dans les manifestations, communistes, c’est ce que nous avons mis en avant ! Voir notre tract en lien.

Avec beaucoup de réactions très positives malgré la pluie…  La perspective ouverte le 9 avril par l’avant-garde des luttes peut et doit continuer à animer les travailleurs après leur fête.

Lien vers notre tract PCF diffusé à la manifestation parisienne