ARTICLE DU 8 AOUT 2009 :
Le Parlement européen nouvellement élu est-il moins anticommuniste que le précédent ? C’est bien peu probable.

Pour autant, l’on ne saurait trop demander aux députés communistes et progressistes de tout entreprendre pour tenter de faire abroger la résolution anticommuniste adoptée par ce Parlement le 2 avril 2009, intitulée « Conscience européenne et totalitarisme ». Alors qu’une vague de propagande anticommuniste s’annonce.

 

Ce texte, répugnant mais très instructif, s’évertue, d’une part, à mettre en parallèle le communisme avec le fascisme et le nazisme et, d’autre part, à faire de leur condamnation la raison d’être de l’intégration européenne : « L’Europe ne parviendra à l’unité que si elle est capable de se retrouver sur son histoire, de reconnaître que le communisme, le nazisme et le fascisme font partie de son héritage commun et de conduire un débat approfondi et honnête sur tous les crimes totalitaires du siècle dernier ».

 

Toute la résolution est dirigée contre le communisme, pris sans nuance, aussi bien comme expérience historique (les « régimes communistes totalitaires jusqu’en 1989 ») que comme idéologie en général. « Crime » rime avec « victime », « tyrannie » avec « tragédie » etc…

 

Il est évident que le danger de ce texte ne réside pas prioritairement dans le risque de banalisation du fascisme et du nazisme (comme l’évoque dans son intervention très partielle F. Wurtz) mais bien dans la criminalisation de l’idéologie communiste et des partis qui s’en réclament ou s’en réclameront, attaqués parce qu’ils ne peuvent que contester et combattre l’UE du capital.

 

Les auteurs de la résolution ne font pas dans la dentelle pour imposer la vision « européenne » de l’histoire. Leur texte « invite la Commission et les Etats-membres à consentir davantage d’efforts pour mieux faire connaître l’histoire de l’Europe et mettre en lumière la réussite historique que représente l’intégration européenne, ainsi que le contraste marqué entre le passé tragique et l’ordre social pacifique et démocratique qui caractérise aujourd’hui l’UE ».

 

Devant sa crise grandissante de légitimité, les tenants de l’UE du capital éprouvent le besoin de consolider ses mythes fondateurs à imposer aux peuples.

L’abstention a atteint des records aux dernières élections européennes, souvent plus de 70% dans les pays d’Europe de l’est. A l’ouest comme à l’est, le bilan de l’UE depuis 1989 est lourdement négatif en termes sociaux, économiques et démocratiques.

Le recours à la propagande anticommuniste leur devient de plus en plus nécessaire pour s’auto-justifier comme pour disqualifier l’opposition idéologique la plus conséquente aux choix politiques capitalistes portés par l’UE.

 

La résolution a été adopté par 553 voix contre 44 et 33 abstentions, une proportion qui rappelle l’approbation par les mêmes du projet de « constitution européenne ».

 

Dans le détail des votes, on notera que la plupart des députés PS français ont approuvé la résolution, dont Harlem Désir, Kader Arif ou Marie-Noëlle Lienemann, toujours prête à se faire passer pour l’aile gauche du PS… Mais Benoît Hamon a voté contre. Du groupe GUE-NGL où siègent les élus du PCF, un député du Parti socialiste des Pays-Bas a également voté pour, quatre Irlandais et nordiques s’abstenant. Une confirmation supplémentaire du caractère hétéroclite de ce groupe.

 

La résolution du 2 avril 2009 s’inscrit dans une suite de textes européens anticommunistes dont le rapport Lindblad sur les « crimes du communisme », adopté en 2006 par l’assemblée du Conseil de l’Europe. Elle reprend à son compte une autre déclaration du Parlement européen faisant du 23 août (date de la signature du Pacte germano-soviétique) la « journée européenne de commémoration des victimes du stalinisme et du nazisme » dont elle propose de faire plus largement la « journée européenne du souvenir ».

 

Dans les semaines et mois qui viennent, les provocations anticommunistes vont se multiplier avec le vingtième anniversaire de « l’effondrement des dictatures communistes de l’Europe centrale et orientale » que « l’Europe réunifiée célébrera » (toujours extrait de la résolution).

 

Dans cette période, communistes, premiers attaqués, nous devons réagir les premiers et le plus vigoureusement contre ce qui constitue à la fois une insulte intolérable, notamment à la mémoire des millions de communistes morts dans le combat contre le fascisme et le nazisme, pour la paix et le socialisme et un aspect de l’offensive présente pour imposer les choix en faveur du capital dans les pays de l’UE.

 

Assez d’effacement honteux, défendons l’histoire du PCF et du mouvement communiste international à partir de notre propre analyse communiste critique !

 

Demandons aux députés européens communistes (avec d’autres qui l’accepteraient…) d’exiger l’abrogation de la résolution du 2 avril 2009 par le Parlement européen renouvelé !

 

Une démarche indispensable. Sans illusions. L’intégration européenne est anticommuniste ! Nous ne le découvrons pas mais quand 94% du Parlement européen le confirme !