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La CES (Confédération européenne des syndicats) veut un TAFTA (traité de libre-échange UE/USA) « d’excellence », favorable « pour les gens », pour une « prospérité partagée » et pour un « développement économique et social soutenable ». Notre position.
EDT pour vivelepcf, 26 juillet 2014
La Confédération européenne des syndicats et la confédération syndicale américaine AFL-CIO ont poursuivi leur dialogue sur le traité transatlantique de libre-échange entre l’Union européenne et les Etats-Unis.
Dans une déclaration commune, elles ont renouvelé, le 10 juillet, leur demande « d’un accord commercial UE-USA d’excellence », favorable, plus favorable que la situation actuelle, aux « conditions de vie et de travail ». Dans le texte intégral, disponible seulement en anglais, elles font état de ce que peut apporter le TAFTA (ou TTIP) et des garde-fous à prendre, notamment à l’égard du principe de précaution et de la capacité juridique donnée aux investisseurs d’attaquer les Etats.
Nous laissons le loisir à ceux qui le peuvent et le veulent d’étudier la déclaration en détail (lien).
Pour imaginer qu’un accord négocié entre capitalistes européens et américains puisse déboucher à l’avantage des travailleurs et des peuples, il faut être sacrément naïf ou sacrément malhonnête et trompeur. La CES n’est pas naïve. Elle est fidèle à sa raison d’être : servir de caution sociale l’Europe supranationale du capital et directement de valet à la Commission européenne.
Une fois de plus, on mesure le contresens pour les organisations ouvrières françaises, issues du mouvement révolutionnaires à s’affilier à la CES, à la prendre comme référence, de même que sa transcription politique supranationale, le Parti de la gauche européenne (PGE).
A nouveau, une clarification s’impose. Depuis plusieurs mois, notamment lors de la campagne électorale des européennes, des composantes françaises de la CES et du PGE ont dénoncé – à juste titre – le TAFTA, et pas seulement l’opacité de ses conditions d’élaboration. Dans le même temps, elles ne cessent de se revendiquer de la CES comme référence « sociale » européenne. Il y a contradiction !
Les enjeux relatifs au TAFTA apparaissent, peu à peu. Ils sont particulièrement confus et contradictoires chez les impérialistes d’abord. Le débat et les actions recherchés par les organisations progressistes doit en tenir compte.
On se souvient que le grand frère du TAFTA, l’AMI, Accord multilatéral sur les investissements, n’a pas abouti dans les années 1990 à la suite du refus des groupes capitalistes américains prédominants. Certes par rapport aux années 90, l’émergence d’impérialismes nouveaux de premier plan dans le monde peut pousser les impérialistes européens et américain à collaborer davantage.
Aujourd’hui, à nouveau, il apparaît que ce sont les multinationales à base européenne qui sont à l’initiative, relayées par la Commission européenne (dans son ancienne ou nouvelle composition, c’est pareil).
Souvenons-nous que la véritable devise de l’Union européenne est « concurrence libre et non faussée » dans l’économie de marché. Elle ne date pas seulement du Traité de Lisbonne ou du projet de « constitution » de 2005. Elle remonte au Traité de Rome de 1957.
Or les Etats capitalistes, éventuellement les groupements d’Etats, n’ont qu’une seule préoccupation : fausser la concurrence dans l’intérêt de leurs commanditaires, firmes et trusts implantés dans leur pays.
Quand il s’agit d’écraser les droits sociaux, les services publics, les salaires dans son pays, au nom de la concurrence, les puissances capitalistes sont toutes d’accord et prêtes à s’accorder sur l’objectif. Mais ce n’est pas si évident quand les firmes et trusts de chacun sont en concurrence pour préserver leurs marchés initiaux, plus ou moins protégés, et pour voler ceux de leurs concurrents.
L’Union européenne, elle-même, est très loin d’avoir supprimé les antagonismes entre impérialismes nationaux. L’euro profite aux multinationales les plus fortes et les plus tournées vers l’export, d’abord l’économie allemande. En revanche, tous les impérialismes européens sont avides de disposer en Ukraine d’une réserve de main-d’œuvre, de matière première à vil prix et de possibilités de délocalisation. Cela correspond un peu au rôle imposé par les capitalistes US au Mexique.
Mais entre les intérêts des capitalistes US et des capitalistes UE, avec des différences internes dans chaque groupe suivant les branches et les débouchés recherchés, les divergences restent très larges. Les systèmes économiques et sociaux demeurent très différents aux Etats-Unis et dans les pays d’Europe occidentale, où, notamment, la classe ouvrière a gagné des acquis plus importants pour des raisons historiques, liées à la puissance des organisations révolutionnaires dans leur zone respective.
Les capitalistes américains ne sont pas chauds à l’idée d’abandonner les dispositions et normes qui leur réservent leur immense marché intérieur. En revanche, pour conquérir les marchés européens, ils n’ont rien contre le dumping social et cherchent à conserver l’avantage en termes de dumping social relevant du net décalage dans les conditions de rémunération de travail, de protection sociale…
Au contraire, la Commission européenne veut libéraliser le marché américain et se servir de cette opportunité concurrentielle pour écraser encore les droits sociaux en Europe.
CES et AFL-CIO soutiennent ensemble le principe d’un accord de libre-échange transatlantique, peut-être au profit d’intérêts capitalistes concurrents…
Ce qui ne fait pas de doute pour nous, c’est que les travailleurs des pays d’Europe, comme ceux des Etats-Unis n’ont que régression sociale et économique à attendre d’un tel accord.
Communistes, nous devons exiger l’arrêt des négociations entamées par la Commission européenne, avec l’accord très discret de François Hollande en 2013. Nous devons exiger, partout, l’état exact des négociations pour mieux les dénoncer.
Ceci dit, le TAFTA doit amener encore davantage au rejet de l’Union européenne et non à le détourner contre les USA. Rappelons que c’est l’UE qui est avant tout demanderesse.
Ce que l’UE veut gagner contre ses peuples avec le TAFTA, c’est ce qu’elle coordonne déjà avec les gouvernements nationaux de droite et de « gauche », au nom de la « concurrence libre et non faussée ». Le salaire minimum est 6 fois inférieur en Roumanie. Le travailleur ukrainien est encore moins cher pour l’industrie allemande que le Chinois !
La lutte contre le TAFTA doit être pour nous un nouvel angle de notre lutte contre l’Union européenne du capital.
Depuis quelques mois, notamment dans la campagne des élections européennes, on a vu Mélenchon se saisir du TAFTA, essayer de diriger la colère sur les USA et, ce faisant, d’épargner implicitement les intérêts capitalistes européens. Le Pen a fait de l’opposition au TAFTA son premier cheval de bataille. Si l’on suit la logique primaire de certains (qu’ils appliquent à la remise en cause de l’euro !), puisque le FN est contre le TAFTA, les pseudo-progressistes devraient être pour ! Voyons-y plutôt la preuve supplémentaire de la fonction de diversion du FN, en particulier sur l’Europe. Enfin, la problématique TAFTA est maintenant largement propagée par des associations citoyennes de sensibilités diverses.
Un traité, lui, existe bien, négocié dans la même opacité, aussi loin des peuples : c’est le traité « d’association économique » entre l’UE et l’Ukraine et que le pouvoir ukrainien issu du coup d’Etat, à composantes fascistes, vient de signer. UE/Ukraine, UE/USA : le rapport de force n’est pas le même ! Imposant ses règles, ses normes, le libre-échange, les puissances européennes, collectivement, transforment l’Ukraine en un protectorat économique et politique, continuent à la ruiner, au détriment également des travailleurs des autres pays.
Si on est contre le TAFTA, on est déjà tout de suite contre l’accord UE/Ukraine et sa ratification en France.
Si on est contre le TAFTA, on est aussi contre le dogme de la « concurrence libre et non faussée » entre les pays de l’UE et on en tire les conséquences. Les Etats, la France, doivent y déroger, refuser d’appliquer les traités et directives européens pour préserver leurs droits sociaux, leurs services publics, les possibilités de développement d’activités répondant aux besoins nationaux, aussi pour construire de véritables coopérations internationales.
Comme nous sommes profondément contre le TAFTA, communistes, nous portons toutes ces batailles ensemble, de façon indissociable !
Jusqu’où avec Tsipras ? Jusqu’à appeler à voter, comme lui, pour Jean-Claude Juncker ?
Vivelepcf, 8 juin 2014
Le Parti de la gauche européenne (PGE) a fait du leader grec de Syriza, Alexis Tsipras son héraut pour les élections européennes. Il a porté sa candidature à la présidence de la Commission européenne.
Communistes français, nous faisons partie de ceux qui ont dénoncé ce choix qui légitime l’institution la plus antidémocratique de l’Union européenne et qui valide la logique d’intégration dans l’UE du capital. Nous avons donné tous les éléments sur les orientations réelles de Tsipras et de Syriza, parti qui sert à recycler la social-démocratie grecque, dont les références sont, entre autres, Roosevelt et le Plan Marshall… (voir notre article en lien).
Tsipras a joué un temps une partition de « gauche radicale ». Il est encore présenté comme « radical » par une partie de la presse de droite. Il l’a été en France avec insistance, pendant la campagne électorale, par le Front de gauche, par Mélenchon, par Pierre Laurent. Mais derrière le gauchiste, le social-démocrate s’est déjà largement réveillé en donnant des gages à Obama par exemple, ou en faisant de la défense de l’euro en Grèce sa priorité.
Mais Tsipras est largement passé à l’étape suivante : celle du leader d’un parti d’alternance, aspirant à la gestion loyale des affaires du capital en Grèce.
Voilà donc que Tsipras, dans une déclaration du 3 juin, appelle les députés européens à soutenir la candidature à la présidence de la Commission européenne du politicien luxembourgeois de droite, Jean-Claude Juncker. Il pousse sa logique d’adhésion à l’intégration européenne jusqu’au bout. Il justifie sa défense de Juncker au nom du respect du vote européen et des prérogatives nouvelles du Parlement européen, qu’il invite à parler d’une seule voix.
Extraits du communiqué de Tsipras: « «Pendant la campagne, j’étais candidat pour la gauche européenne. Je me tenais vigoureusement en désaccord avec les orientations politiques du Parti populaire européen et de son candidat, M. Jean-Claude Juncker. Ces désaccords persistent. » «Néanmoins, le Parti populaire européen a remporté l’élection. Par conséquent, il revient à M. Jean-Claude Juncker d’être le premier à tenter de rassembler la majorité requise, en négociant avec les autres groupes politiques ». « C’est une obligation morale du Conseil européen de porter la candidature qui est arrivée en tête aux élections ».
La plupart des partis du PGE, confrontés à d’autres situations nationales, sont pris à contrepied. La présidente sortante du groupe GUE-NGL, l’Allemande de Die Linke, Gabi Zimmer, se range derrière la position de Tsipras. Mais la direction de Die Linke ne la suit pas et annonce, comme Mélenchon, qu’elle n’appelle pas à voter pour Juncker mais … pour Tsipras lui-même !
C’est le crétinisme parlementaire à la puissance européenne !
La stratégie du Front de gauche a réduit la représentation du PCF à un seul député européen (nous en avions 20 entre 1979 et 1984).
Notre parti ne peut pas continuer à suivre les Mélenchon ou les Tsipras dans la course, même par étape, à la validation de l’intégration dans l’UE. Il ne peut pas continuer à renier les positions historiques de notre parti, de combat contre l’Europe supranationale du capital, sur une base de classe, donnant au rejet de classe de l’Union européenne par les travailleurs une perspective de rupture progressiste.
Tsipras candidat supranational du PGE pour légitimer les institutions de l’UE du capital !
Alexis Tsipras (Syriza) tend à nouveau la main aux sociaux-démocrates à Vienne pour « sauver l’Europe d’elle-même »
Repris de AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/ – octobre 2013
Ces dernières semaines, Alexis Tsipras fait le tour de l’Europe. Sa dernière étape : Berlin puis Vienne. Non plus pour consulter ses partenaires du PGE, mais pour parler directement avec les leaders sociaux-démocrates et avec les représentants du pouvoir européen.
Il serait fastidieux d’énumérer l’intégralité du périple réalisé par Tsipras ces derniers mois pour faire preuve de ses velléités de collaboration avec l’agenda de la classe dominante européenne.
De la lettre adressée en mai 2012 aux dirigeants européens M.Draghi, Barroso et van Rompuy pour leur offrir ses services à la visite à Washington en mars 2013 pour rencontrer les dirigeants du FMI, en passant par la rencontre avec les cercles dirigeants du PSOE à Madrid, la liste est longue.
Ces jeudi 19 et 20 septembre, Alexis Tsipras était en tournée, à Berlin puis à Vienne. En Allemagne pour rencontrer les dirigeants de Die Linke et surtout pour un entretien avec M.Jorg Asmussen, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE).
A Vienne, Tsipras a rencontré toutes les couleurs de la gauche plurielle. Un entretien avec le secrétaire du Parti communiste, suivi d’un échange avec la maire adjointe de Vienne, la verte Maria Vassilakou, native d’Athènes.
Et puis surtout une conférence organisée par la fondation liée au Parti social-démocrate autrichien : la fondation Bruno Kreitsky, où Tsipras a eu tout loisir d’exposer son programme pour sauver l’Europe, avec une nouvelle main tendue envers les dirigeants sociaux-démocrates.
Ode à la social-démocratie historique: retrouver l’esprit de Bruno Kreisky
L’ensemble du discours de Tsipras à Vienne a été placé sous l’égide du dirigeant historique de la social-démocratie autrichienne : Bruno Kreisky. Tsipras a tenu d’entrée à spécifier qu’il n’était « pas un social-démocrate »mais qu’il « partageait beaucoup de valeurs »avec les socialistes.