Sur RTL, Mélenchon se réfère à Sarkozy et à Jospin, tend la main à Duflot, cultive le flou sur l’Europe… Qui peut prétendre encore le faire passer pour une alternative de « gauche »?

Vivelepcf, 28 avril 2014

Mélenchon dans le studio de RTL, soutenu par quelques amis dont P. Le Hyaric

Jean-Luc Mélenchon était l’invité de l’émission le « Grand Jury RTL-Le Figaro » le 27 avril 2014.

Son opportunisme droitier ressort de toutes ses positions. Son petit jeu oratoire fait d’imprécations et d’invectives dans tous les sens a de plus en plus de mal à le masquer. Il agace l’auditeur. Il fait rigoler les journalistes.

A propos d’Alstom, Mélenchon ne trouve pas mieux que de se référer à … Sarkozy et sa nationalisation provisoire de 2004 dont il salue le caractère « stratégique » dans « l’intérêt général ». Sarkozy n’a fait que garantir le renflouement de l’entreprise, saignée par les dividendes versés à ses anciens propriétaires, la préservation des intérêts des banques. En collaboration avec Bruxelles, il a engagé le démantèlement d’Alstom, préparant sa vente à la découpe d’aujourd’hui. La nationalisation des pertes, la garantie publique du profit capitaliste: Quel modèle!

Mélenchon recycle également la trouvaille de Montebourg pour le site Arcelor de Florange, la proposition de « nationalisation temporaire ». D’ailleurs, Montebourg aussi son slogan pour Alstom, en vue de faire pression pour son passage sous la coupe de Siemens. « Pourquoi pas avec Siemens ? » s’est exclamé hier Mélenchon (mais après la « nationalisation temporaire »…)

Mélenchon, avec son gauchisme, est parfaitement dans le rôle pour lequel il est invité : déformer, déconsidérer les revendications historiques de mouvement révolutionnaire, du PCF, en l’occurrence celle de la conquête de nationalisations démocratiques par la lutte et la mobilisation des salariés et du pays.

Gentils avec leur invité, les journalistes ont omis cette fois-ci, malgré l’actualité de l’affaire Morelle et des écoutes de Sarkozy, de rappeler la présence de Mélenchon à la remise de la Légion d’honneur à Patrick Buisson.  

Loin de souhaiter un partenariat énergétique entre EDF et Alstom, Mélenchon a enfourché une fois de plus son cheval de bataille anti-nucléaire. Converti au lobby environnemental, Mélenchon ne cesse de se définir comme « écologiste » (peut-être dix fois au cours de l’émission). Sur le plan politicien, il drague plus que jamais les Verts et EELV. Après la main tendue à Cohn-Bendit en 2011, la main tendue à Joly en 2013, c’est la main tendue à Duflot.

Notre révolutionnaire de couloirs, rompu aux marchandages de Solférino, du Sénat ou de Matignon, n’envisage qu’une seule perspective politique : la constitution d’un nouveau gouvernement, avec pourquoi pas lui-même (ou Montebourg) comme premier ministre de Hollande. Pour y arriver, il fait semblant de compter sur une majorité de « gauche » qui existerait, potentiellement, à l’Assemblée nationale avec les députés EELV et PS… Rassembler la gauche que Valls divise: « il a fait quitter le gouvernement aux Verts. Il rejette le Front de gauche ». Un renversement du Palais Bourbon ! Et surtout pas d’une dissolution qui ne manquerait pas de renforcer la droite.

Les journalistes n’ont pas de mal à lui faire redire son bilan positif de l’expérience du gouvernement Jospin de « gauche plurielle » : le « plus à gauche dans le monde » avec la CMU, les 35 heures… (cadeaux sans précédent au patronat, flexibilisation sans précédent du temps de travail…).

Le souvenir de Jospin comme perspective révolutionnaire ! Les journalistes raillent : « c’est pourtant ce gouvernement qui a privatisé le plus ! ».

Sur l’Ukraine, Mélenchon fait entendre un son différent mais c’est pour célébrer les « amitiés historiques franco-russes », bien antérieures à l’URSS (Alexandre III ?).

Reste l’Europe, à quelques semaines des élections européennes. Curieusement, Mélenchon est fort discret et confus sur la question. Est-il pour ou contre l’euro ? Ni pour, ni contre, ou tout au contraire, pourrait comprendre l’auditeur distrait. En fait totalement pour mais sans oser le dire clairement. Mélenchon s’affiche contre « l’euro fort », contre « l’Euromerkel » pour mieux cacher qu’il est surtout pour l’euro.

Il « ne souhaite pas la sortie de l’euro ». Mais « elle pourrait se produire, dans des conditions désastreuses ». Il se raccroche à l’illusion du « changement du statut de la Banque centrale européenne ». Le Maastrichien Mélenchon s’adapte selon les médias qui l’interrogent. Au quotidien l’Alsace, le 7 mars, il dramatisait « Qui peut croire que l’explosion de l’euro pourrait amener autre chose qu’une guerre ».

Mélenchon a montré sur RTL qu’il n’y avait pas plus populiste et nationaliste que les partisans de l’UE et de l’euro comme lui. Ecœurant, se proclamant chargé de « l’intérêt français », il a insulté les « retraités allemands qui se tapent sur la panse ». Vraiment les Le Pen ont toutes les raisons de choyer Mélenchon comme adversaire !

Mélenchon est candidat à sa réélection au Parlement européen dans la région « Sud-ouest ». Il ne pourra retrouver sa sinécure européenne qu’avec l’appui du PCF. Du coup, aux questions des journalistes sur l’état du Front de gauche, il apaise le climat de défiance qu’il a créé avant les municipales. Tout irait bien avec le PCF. « Il n’y a pas de contradiction avec Pierre Laurent » qui est également allé à la rencontre des Verts… Patrice Le Hyaric est là dans le studio.

Avec nous, militants communistes, il y a plus qu’un problème !

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