Article, vivelepcf, 1er juin 2013
A Toulouse ce 1er juin se déroulent deux manifestations politiques : la Fête de l’Huma 31 organisée par la fédération du PCF et une marche pour la « 6ème République » organisée par le Front de gauche.
Mélenchon a fait le déplacement pour conduire le défilé du Front de gauche, auquel appelle aussi la direction du PCF 31. Mais il a annoncé qu’il n’irait pas à la Fête du PCF parce qu’il n’y est « pas invité ».
On aurait pu imaginer que, même sans que le tapis rouge soit déroulé pour sa venue, Mélenchon aurait trouvé un intérêt à venir débattre avec la principale organisation du Front de gauche du département.
Ce n’est pas du tout son esprit.
Comme il le reconnaît à la Dépêche du Midi (édition du 1er juin), Mélenchon descend à Toulouse pour soutenir la candidature de son ami du PG, Jean-Christophe Sellin, aux municipales de 2014.
La divergence est profonde en termes de perspective électorale entre Sellin et les communistes de Haute-Garonne.
Sellin, conseiller municipal délégué sortant, élu sous l’étiquette PS en 2008, veut cette fois tirer une liste au 1er tour, autonome de celle du maire sortant PS, Pierre Cohen. Mélenchon confirme que ce sera le cas « en toute hypothèse ». Sellin juge le pari électoraliste avantageux. Il a entrepris des négociations avec EELV. Il entend porter les couleurs du Front de gauche.
Problème pour Sellin, les communistes toulousains font un autre choix. Ils considèrent que le bilan de l’exécutif de gauche derrière Pierre Cohen est positif. C’est le premier mandat d’une municipalité de gauche depuis des décennies. La droite, aux aguets, compte profiter du désaveu de la politique gouvernementale pour reprendre la mairie. Il y aurait des possibilités de continuer à tirer à gauche la politique municipale.
Cette stratégie est certainement discutable. Nous nous garderons bien de donner une position hors des réalités locales. Mais nous ne pouvons que comprendre et partager la colère des communistes de Haute-Garonne devant les manœuvres politiciennes du disciple de Mélenchon. Celui-ci en rajoute dans la Dépêche : « La plupart des composantes du FdG sont d’accord, exception faite, me dit-on, de la direction départementale du PCF. Mais il appartiendra à l’état-major national communiste de trancher ».
Quand il s’agit de plumer la volaille communiste, rien décidément ne retient Mélenchon, ni de mépriser la base communiste, ni de faire pression sur la direction, ni – on s’en souvient – de faire payer au PCF les 527.000 euros de dépassement de frais de sa campagne électorale des présidentielles.
On comprend mieux pourquoi Mélenchon ne se hasardera pas dans la zone des Argoulets où se passe la fête de l’Huma 31. Il ne tient pas à s’affronter à la colère des militants communistes, encore moins à ce que ses tensions avec le PCF dominent les comptes rendus de son expédition toulousaine.
Cela ferait mauvais effet pour le député européen, justement élu dans la région Sud-ouest. Il aura peut-être à nouveau besoin du soutien logistique des communistes locaux pour être réélu et poursuivre sa recomposition politicienne.
A la Dépêche du Midi, Mélenchon ne cache pas ce qu’il place sans sa « révolution citoyenne ». « L’expérience montre qu’il ne suffit pas de changer un gouvernement par un autre pour que ça change. Je suis républicain, je m’en remets au suffrage universel. Les élections européennes sont donc le prochain rendez-vous pour régler les problèmes ».
L’objectif de la « réplique du 5 mai » à Toulouse n’est donc rien d’autre que de préparer la campagne des élections européennes de juin 2014, notamment la réélection de Mélenchon dans le Sud-Ouest. Quant au 5 mai à la Bastille, sous la fumisterie de la 6ème République, il ne portait rien d’autre que cette perspective : une recomposition politique après 2014 avec un Montebourg ou Mélenchon comme premier ministre.
On est loin de la détresse et de la colère populaires, encore plus loin de la lutte des classes !
Mais d’outrance en outrance, y compris cette surenchère mortifère avec Marine Le Pen, la grenouille Mélenchon pourrait ne pas tarder à éclater et avec elle le Front de gauche.
Que restera-t-il alors du PCF ? Un héritier rachitique du Front de gauche poursuivant jusqu’au bout la stratégie de transformation en parti réformiste, pro-UE, de sa direction ? Un satellite résigné du PS, soignant quelques souvenirs historiques ?
Ni l’un, ni l’autre ! Un Parti communiste résolument ancré dans la lutte des classes ! En tout cas ce doit être notre combat plus que jamais ! Partout en France !