CN du PCF du 16 janvier 2013 – Intervention de Dominique NEGRI

Conseil national du PCF du 16 janvier 2013, intervention de Dominique NEGRI, fédération de l’Isère

Congrès, Front de gauche et souveraineté des communistes :

En pleine préparation du congrès du PCF, j’apprends incidemment l’existence de textes qui circulent sur la structuration du Front de gauche, sa ligne politique, les propositions qu’il compte mettre en avant.

Frédéric Boccara les a évoqués ce matin. C’est le seul, avec Corinne Bécourt et Emmanuel Dang Tran jusqu’à présent à s’en être inquiété. Au moins un document a, semble-t-il, été transmis aux secrétaires départementaux, mais même pas aux membres du Conseil national.

La préparation du congrès masque la mise du Parti sous la tutelle du Front de gauche. Les adhérents du PCF sont invités à discuter sur un texte « rallumons les étoiles », d’une indigence affligeante sur tous les plans. Le Front de gauche n’y est abordé que sommairement, d’une façon unilatéralement positive. La méthode Coué… Du vent !

Mais de l’autre côté, en cachette, des dispositions très précises pour les accords entre les formations du Front de gauche. Aucun dirigeant du PCF, aucun membre du CN ne devrait accepter cela.

J’ai eu la chance de tomber sur la note interne intitulée « Sur le développement du Front de gauche ». Cette « note aux fédérations » est arrivée dans les fédérations  fin décembre. Même les membres du CN n’en ont pas été destinataires. Je comprends pourquoi !

Dans ce texte occulte mais gravissime, on trouve les éléments de la structuration du Front de gauche proposés et/ou approuvés par la direction du PCF. Je vais en relever quelques-uns. Si cela ne vous fait rien…

-          Un « Conseil national du Front de gauche » s’autoproclame ;

-          Un « secrétariat du Front de gauche » sera chargé de préparer des décisions et de coordonner les initiatives ;

-          Des « associations du Front de gauche » seront créées. Elles tendront mécaniquement à supplanter les organisations du Parti, notamment via les campagnes électorales.

-          Il est prévu que des « individualités » seront cooptées dans les instances décisionnelles du Front de gauche, même si elles ne représentent qu’elles-mêmes.

-          Cette structuration, ce fonctionnement auront un coût financier.  Ce texte parle de « budget spécifique ». Qui va payer ? Je vous laisse deviner !

Je fais le rapprochement avec la modification des statuts du PCF qui veut priver les sections d’un tiers de leurs cotisations.

Plusieurs secrétaires fédéraux ont parlé ici du désintérêt des communistes pour ce congrès. La consultation a été massivement boudée. Le Parti a perdu un cinquième de ses cotisants depuis 2008. Qui peut continuer à vanter la « dynamique du front de gauche » ? Enfin, sérieusement !

L’ordre du jour et l’organisation de la réunion du Conseil national d’aujourd’hui annoncent le fonctionnement de demain. Le contenu de la campagne du Front de gauche sur l’austérité (seul point annoncé à l’ordre du jour) nous aurait été adressé hier dans l’après-midi. Nombreux parmi nous ne l’ont pas reçu. Les 25 points présentés à la presse, HIER, ne figurent même pas à la disposition du Conseil national AUJOURD’HUI.

Je découvre quelques points dans l’Huma du jour, un peu mieux informé des décisions du Front de gauche… A partir de cela, dans un esprit constructif pour l’ACTION DU PCF, je fais part de quelques réflexions :

-          Reprendre la proposition de Hollande d’interdiction des « licenciements boursiers » est dangereux et nie notre analyse du recours au chômage par le capitalisme. Non, il n’existe aucun licenciement acceptable.

-          Les luttes, notamment dans l’industrie, l’automobile, la sidérurgie… ont fait monter l’exigence de grandes nationalisations, un mot qui semblait être devenu tabou à la direction du Parti depuis plusieurs congrès. Mais évidemment, ce que nous devons mettre derrière le mot « nationalisation » ne saurait être une formule assimilable à la politique de Mitterrand en 1981. Pierre Laurent parle de dissensions avec le Parti de gauche. La position ne peut pas être le résultat d’un compromis avec le PG.

-          Toujours aussi fondamentale est la question de l’Union européenne. Aucune rupture n’est possible sans rupture avec l’UE du capital et l’euro. Toute la campagne du Front de gauche continue à s’insérer dans l’illusion trompeuse d’une réorientation de l’UE. Cela est incompatible avec des positions de rupture offrant tout de suite un débouché aux luttes.

Mais est-ce bien là l’objectif de la campagne du Front de gauche ? Les 25 points ressemblent à un programme électoral avec comme perspective, comme l’a dit Mélenchon, sinon 2017, les européennes de 2014, avec ensuite lui comme premier ministre de Hollande !

Quelques-uns se réjouissent ici, dont Pierre Laurent, d’avoir négocié (à l’écart du PCF) et obtenu un accord avec le Parti de gauche et les autres composantes du Front de gauche. Pas moi ! Au contraire, je mesure à nouveau la gravité de la stratégie d’effacement du PCF dans le carcan du Front de gauche en structuration. Le réformisme comme fin, le Front de gauche comme moyen !

L’édition des nouvelles cartes du Parti, après le vote des communistes, en est tout le symbole. Le sigle du Parti de la gauche européenne, dont les communistes ne sont pas adhérents individuellement, remplace la faucille et le marteau du PCF ! Le titre du programme, issu comme la campagne pour l’austérité, d’une négociation d’appareil, « l’Humain d’abord », est institué devise du PCF.

Non merci, il y a mal façon ! Nous demandons le retrait de toutes ces cartes et la sortie de véritables cartes d’adhérent du PCF !

Je ne dirais pas comme certains ici je réalise des dizaines d’adhésions toutes les semaines. Etonnant, les chiffres officiels de la consultation ne le réflètent pas. Mais dans l’Isère, notamment dans ma section de Saint-Martin-d’Hères, le travail politique mené en tant que PCF, sur des bases claires de rupture, nous fait réellement gagner de nouveaux  adhérents conséquents dans la classe ouvrière, la jeunesse. Ils s’arment pour l’affrontement de classe. C’est ce qu’ils recherchent. C’est la raison d’être du PCF que nous serons nombreux à continuer à défendre !

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