Après avoir laissé passer 4 ans et demi, toute la période des choix stratégiques pré-électoraux, sans convoquer le congrès statutaire, on nous impose un calendrier précipité : c’est un signe de défiance vis-à-vis des communistes.
Patrice (Bessac), tu estimes que les communistes ont été des « moutons » dans l’histoire. Ce mépris insultant de notre passé, de l’engagement des communistes, se retrouve dans les décisions d’aujourd’hui.
Je suis, bien que communiste, assez intelligente pour avoir compris que les axes de ton rapport portent les objectifs de la direction pour le congrès : poursuivre les « transformations », la dénaturation totale de notre Parti, maintenant sous le couvert du Front de gauche.
Comme je sais que j’ai peu de temps, je vais seulement citer, de façon ultra schématique, les axes légitimes et indispensables qu’il faudrait mettre en débat dans le Parti.
- Le capitalisme porte en lui sa propre crise. Dans la période, il s’estime en état de la faire payer aux travailleurs. Le problème n’est pas pour nous de « sortir de la crise », que le capitalisme sorte de sa crise, de préférer un capitalisme apparemment productif à un capitalisme apparemment financier, mais de combattre le capitalisme tout court, de rassembler sur des positions de rupture pour commencer à faire reculer ceux qui mènent la politique à son service, de droite ou de « gauche ».
- L’organisation marxiste-léniniste, les cellules, l’activité à l’entreprise, ne sont pas obsolètes, tout au contraire dans ce moment aigu de la lutte de classe. Pas question pour moi d’accepter que l’on jette le bébé avec l’eau du bain de l’histoire du 20ème siècle pour faire semblant de redécouvrir l’organisation réformiste et les vices de la démocratie bourgeoise.
- Mesurons plutôt le bilan de processus de Mutation du PCF entamé il y a plus de 20 ans, celui du congrès de Martigues. Ils ont saboté notre organisation révolutionnaire (les cellules, les sections, pas un troupeau !), abandonné notre perspective révolutionnaire. Malgré l’échec flagrant de cette expérience pour la classe ouvrière, pour le pays, pour les communistes, auquel ont conduit ces choix, une fois de plus, je constate qu’il n’est pas question de faire de bilan mais de poursuivre sur la voie du renoncement.
- Le Front de gauche est la dernière formule dans cette stratégie d’effacement de notre Parti. Il a été vendu aux communistes, et au-delà à ceux qui aspirent à des changements, comme une alliance progressiste. Mais il apparaît de plus en plus évidemment qu’il est pensé comme une nouvelle organisation, réformiste « de gauche », électoraliste. Il supplante le PCF tout en le contrôlant, en asphyxiant ses bases organisées, son rayonnement (même en termes d’élus – la moitié de perdus !), sa réflexion autonome. Le pays n’a pas besoin d’une force d’appoint de la social-démocratie canalisant la contestation d’une façon ou d’une autre suivant le contexte, mais d’un parti de classe et de masse, apte à rassembler notamment ceux qui ont objectivement le plus intérêt à combattre le capitalisme. Ce Parti, ce doit être le PCF !
- Notre situation en France n’est pas isolée. Le PGE (comme la CES au niveau syndical), appointé par la Commission européenne, coordonne au niveau européen l’effacement des partis communistes. En Espagne, Izquierda Unida a étouffé presque entièrement le PCE. En Grèce Syriza se pose en recours de « gauche » pour l’UE du capital, face au parti communiste KKE. En Allemagne, Linke est le modèle de nouveau parti ralliant socio-démocrate et communistes « repentis ». Cette voie n’est pas fatale en France. Il est inacceptable qu’elle ait été et soit imposée aux communistes, insidieusement à coup de campagnes électorales. Il est décisif de remettre en cause l’appartenance du PCF au PGE.
- En parallèle, la direction a poussé le Parti à la conversion au mot d’ordre illusoire de « réorientation » de l’UE du capital, à l’Europe « sociale » et à l’euro. L’opposition au TSCG ne pourra pas cacher les abandons de positions communistes dans ce domaine qui sont au cœur de l’orientation réformiste du Front de gauche.
Dans une interview le 15 août, Pierre (Laurent) confie aux lecteurs de Libération que, pour lui, la rupture fondatrice du Congrès de Tours est dépassée, comme la matrice des partis communistes. Le rapport de cet après-midi va fidèlement dans le même sens. C’est un choix possible, celui de renoncer au PCF.
Mais qu’on laisse ceux qui ne le partagent pas faire vivre notre parti rendre au PCF redevenir son rôle dans l’affrontement de classe !