USA : Bernie Sanders s’aligne platement sur la représentante de Wall Street et du Pentagone. Tout sauf une surprise !

Bernie Sanders : « Occupy Wall Street » ? Oui, mais aux côtés d’Hilary Clinton!

Brève, Vivelepcf, 14 juillet 2016

Le sénateur américain Bernie Sanders, s’est officiellement rallié le 12 juillet à la candidature à la présidentielle de sa concurrente aux primaires démocrates, Hilary Clinton. Celui qui s’est présenté comme « socialiste » pendant la campagne n’a pas lésiné sur les compliments à la représentante directe de Wall Street et du Pentagone.

Sanders ne s’est en effet pas contenté de justifier son alignement total sur Clinton par le rejet du candidat républicain Donald Trump, comme le choix du moindre mal.

Certes, il a répété qu’il ne faudrait pas laisser à Trump le bouton de l’arme nucléaire et, avec gravité, que Trump se moquait du réchauffement climatique. Comme si Hilary Clinton n’avait pas, comme secrétaire d’Etat de Barak Obama, répandu la guerre impérialiste US partout dans le monde ! Du coup, on se souvient que le sénateur Sanders a approuvé la quasi-totalité des interventions guerrières américaines (et israéliennes). Sanders a aussi le même directeur de campagne que l’ex vice-président Al Gore, candidat malheureux à la succession de Bill Clinton en 2000, et lobbyiste acharné des intérêts capitalistes qui exploitent le réchauffement climatique.

Mais Sanders a surtout loué « l’intelligence » et l’expérience d’Hilary Clinton. Il a aussi lourdement mis en avant son programme social, le « plus avancé du Parti démocrate depuis des années » va-t-il jusqu’à affirmer,  avec la perspective d’un salaire minimum fédéral, d’aides aux étudiants pauvres, ou de l’extension de la couverture sociale, promesse aussi virtuelle que celle d’Obama il y a huit ans.

Dans son rôle de rabatteur, Bernie Sanders surprend et déçoit nombre de ses partisans.

Selon les sondages, une partie non négligeable de ses électeurs, séduits par son opposition apparente au système, se tourneraient maintenant vers Trump, au populisme iconoclaste. Aux Etats-Unis aussi, la démagogie « de gauche » fait le jeu de la droite radicale.

Les supporters les plus ardents de Sanders, ceux, par exemple, qui s’étaient cotisés, « en-bas », pour récolter dollar par dollar, les millions pour sa candidature, sont désorientés par son soutien à celle que les grands financiers arrosent le plus. Les « réseaux sociaux » sont le déversoir de dizaines de milliers de messages de ceux qui se sentent floués, trahis.

Qu’ils se soient fait un peu d’illusions, ou pas du tout, sur Sanders, les progressistes américains les plus conséquents s’interrogent maintenant sur les formes d’organisation de la contestation sociale et politique, « à gauche », bien réelle dans ses limites, que la campagne de Sanders a canalisée et dévoyée.

En France, des « réformistes radicaux » n’ont cessé de mettre en avant le leurre de Sanders, comme ils l’avaient fait avec Tsipras. Parfois, ils continuent encore.

Dans la préparation du 37ème congrès du PCF, la motion  n°4 avait mis en débat ces exemples et proposé une analyse critique de l’illusion et de l’impasse réformistes pour les communistes qu’ils représentent. Nous reproduisons le texte proposé alors ci-dessous, considérant que ce débat reste nécessaire et que les faits l’éclairent.

Extrait de la motion n°4 du 37ème congrès du PCF, « Reconstruisons le Parti de classe – Priorité au rassemblement dans les luttes ».

« À propos des nouveaux mouvements « radicaux ». Etats-Unis/Grande-Bretagne/Espagne/Grèce

Devant la crise de sa démocratie bourgeoise, le système encourage aussi l’émergence d’une social-démocratie de « gauche ». Il en a besoin pour contenir l’opposition populaire notamment du « peuple de gauche » attaché aux acquis sociaux et démocratiques. La vie politique reste formatée par les expériences comme l’Union de la gauche. La social-démocratie « de gauche », un certain gauchisme aussi, sont beaucoup moins stigmatisés que le point de vue révolutionnaire communiste, qui plus est en plein effacement depuis des années. Nous allons à la rencontre des aspirations que nous partageons de ce « peuple de gauche », aussi des couches moyennes en voie de prolétarisation et de paupérisation. Mais nous devons y aller sur une base de classe, sur des objectifs de lutte. Nous développons à plusieurs reprises, dans ce texte de congrès, la thèse que le PCF ne doit pas s’effacer plus encore dans cette illusion, dans une nouvelle illusion, une nouvelle tromperie social-démocrate de « gauche », même teintée « d’indignation ». L’analyse de la situation politique dans d’autres pays l’étaye.

Aux États-Unis, symétriquement au succès dans les primaires du candidat populiste de droite extrême Trump, on assiste à l’émergence de Bernie Sanders, sénateur indépendant, qui se prétend « socialiste », dans les primaires démocrates avec Hillary Clinton. Sa promotion médiatique est par elle-même le signe, comme celle de Trump, de l’épuisement du système politique américain et d’aspirations réelles à des changements sociaux, même si Sanders recueille principalement un soutien dans la petite bourgeoisie intellectuelle. Mais il n’y a aucune illusion à se faire sur Sanders. Ce « socialiste » exclut l’appropriation publique des moyens de production privés. Ses références sont Roosevelt ou Truman. Son directeur de campagne est celui qui a organisé la campagne d’Al Gore en 2000. Sur les questions très contestées des interventions américaines à l’extérieur, il les a quasiment toutes approuvées. Il est clair que la candidature Sanders est le moyen de canaliser  l’aspiration au changement pour renforcer la candidature d’Hillary Clinton, représentante directe de l’impérialisme US. »

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