Scandale des navires Mistral remboursés à la Russie : à quels intérêts obéissent Hollande et le gouvernement ?

vivelepcf, 13 août 2015

Il est revenu au ministre de la Défense Le Drian d’essayer de minimiser l’ampleur du scandale, au cœur de l’été. Mais à hauteur de 1, de 1,5 ou de 2 milliards d’euros, le coût définitif pour l’Etat du refus de livrer les Mistral à la Russie sera de toute façon colossal, même s’il se retrouvait un jour un autre acheteur les navires (après lourdes transformations). Pour donner une idée, cela représente entre 30 et 60 euros de plus sur l’avis d’imposition que chaque foyer fiscal reçoit en ce moment, au moment où tout est bon pour appeler la population à se serrer la ceinture.

On peine à imaginer que Hollande et son gouvernement aient pris une telle décision à la légère, d’autant plus qu’elle fait la pire publicité mondiale possible à l’une des rares activités économiques qu’ils choient : les ventes d’armes. Ils semblent avoir d’ailleurs hésité pendant presque deux ans.

La raison officielle invoquée est l’impossibilité de livrer des armes à un acteur présumé de la guerre (civile) en Ukraine. Elle n’est pas du tout convaincante.

On peut balayer d’un revers de main toute considération  morale. Parmi les premiers acheteurs d’armes françaises, on trouve certaines des plus sordides dictatures de la planète, à commencer par le tout premier, l’Arabie Saoudite, vite suivie par les Emirats, le Qatar, le Maroc. Les armes françaises ont, pour ces régimes agressifs, une importance sans comparaison avec ce que les 2 porte-hélicoptères Mistral peuvent bien représenter dans l’arsenal de la superpuissance militaire russe.

Concernant la guerre en Ukraine, susceptible de repasser à une phase « chaude », les deux Mistral ne sont pas des armements opérationnels. Toujours dans le domaine de l’hypocrisie, le soutien militaire de l’OTAN, y compris en mercenaires, au pouvoir de Kiev est avéré.

Si Hollande voulait vraiment sanctionner la Russie, l’annulation de la vente des Mistral est un échec complet. L’Etat russe rentre largement dans ses fonds (d’autant plus qu’entre-temps le rouble s’est fortement déprécié). Les transferts de technologie de la France vers la Russie ont eu lieu, pour la plus grande satisfaction de l’état-major et du complexe militaro-industriel russes, ce dernier récupérant le contrat de construction des porte-hélicoptères.

Sans effet militaire ou économique, la décision de Hollande est donc exclusivement politique. Trois signes politiques semblent donnés au peuple français et au monde:

1°- La France cède au régime de Kiev de Porochenko, issu d’un coup d’Etat, favorisant les fascistes, la xénophobie et la guerre et lui apporte un soutien encore plus appuyé.

2°- La France choisit de faire de la surenchère dans la montée de l’antagonisme entre les impérialismes occidentaux et la puissance russe, dont la lutte d’influence en Ukraine est un théâtre.

3°- La France obéit aux pressions extérieures, d’abord celles des autorités américaines – Obama sur ce sujet en juin 2014 : « je pense qu’il serait préférable d’appuyer sur le bouton pause » –  également d’autres pays comme la Pologne qui a conditionné certains marchés à la non-livraison des Mistral.

En outre, les marchands d’armes étrangers ne sont pas mécontents de voir le concurrent français discrédité…

On notera, presqu’avec amusement, qu’Israël a continué depuis 2009 et continue en 2015 de vendre des drones militaires (de « Isreli Aerospace Industries ») à la Russie, en prenant soin de rester neutre sur l’Ukraine. Seule une éventuelle aide militaire russe à l’Iran pourrait clore cette opération cette année.

L’annulation de la vente des Mistral est un scandale susceptible d’avoir de lourdes répercussions. Communistes, nous la condamnons.

D’autres le font avec des positions totalement opposées aux nôtres : les défenseurs du lobby militaro-industriel français, les partisans d’une plus grande autonomie de l’impérialisme français dans le bloc OTAN-UE, les relais poutiniens en France (souvenons-nous que Poutine a fait financer le FN…) etc. Un appel regroupant, entre autres, des députés et personnalités comme Dupont-Aignan, Goasguen, Mariani, Balkany, Sapir … réunit ces tendances. Nous n’avons rien à voir avec ces gens-là.

Le Parlement devrait être saisi de l’accord de remboursement de la Russie. Il est temps d’ici là de dénoncer le scandale, le préjudice au peuple français, d’élever la lutte contre les orientations de la politique extérieure du gouvernement, combinées à celles de l’UE et de l’OTAN.

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