Vivelepcf, 2 novembre 2013
Les patrons licencieurs de Bretagne ont trouvé la meilleure diversion possible pour détourner la colère des ouvriers, des paysans, de l’ensemble de la population : l’« éco »taxe.
L’écotaxe n’est pour rien dans les vagues de licenciements dans les usines agro-alimentaires, dans les difficultés des agriculteurs ou des pêcheurs. Et pour cause, elle n’a toujours pas été appliquée depuis son adoption par le gouvernement de droite !
Mais pour le patronat, la droite locale (un comble), rejoint par des organisations de collaboration de classe, l’écotaxe constitue le chiffon rouge idéal.
D’abord pour récupérer la colère contre le matraquage fiscal.
La perte de pouvoir d’achat devient intenable pour le plus grand nombre des salariés et des retraités. Les hausses d’impôts injustes, décidées par les deux derniers gouvernements, sont largement rejetées. En 2013, un million de foyers supplémentaires sont devenus imposables sur le revenu : les petits salaires, les petites pensions. Les taxes locales s’envolent. Et le pire est à venir avec les hausses de TVA prévues pour 2014 : 6,5 milliards d’euros, en moyenne 100 euros par habitant ! De tels sacrifices pour quoi faire ? Non pour améliorer les services publics, tout au contraire pour doper encore davantage les profits au nom du « Crédit impôt compétitivité ».
Le patronat veut faire la confusion entre ces hausses d’impôt et l’écotaxe. On le comprend : cet impôt, c’est lui qui devrait s’en acquitter et non les ménages ! On comprend que les groupes agro-alimentaires qui expédient chaque année 700.000 porcs se faire abattre en Allemagne aux confins de la Pologne, qui osent, comme Gad, proposer des reclassements à leurs salariés en Roumanie, ne veulent pas payer une taxe kilométrique au transport qu’ils pensent avoir du mal à répercuter sur le consommateur.
Pour autant, l’écotaxe est un impôt très mal taillé et tout à fait contestable. Sa collecte incroyablement coûteuse enrichit un prestataire privé à hauteur de 240 millions d’euros par an, le quart du produit attendu. Elle s’applique dès les camions de 3,5 tonnes – et non de 12 tonnes comme dans les autres pays – c’est-à-dire qu’elle pénalise aussi un transport local, là où, de fait, il n’y a pas d’alternative ferroviaire ou fluviale. Surtout, le système ne concerne pas les autoroutes. La gestion technique y serait pourtant bien plus facile. Mais, elles sont déjà à péage. Au profit de qui ? Des trusts privés, comme Vinci, auxquels le gouvernement Villepin, suivant l’amorce de Jospin, les a bradées. Les sociétés d’autoroute réalisent chaque année plus de 2 milliards d’euros de bénéfices, plus du double du produit net espéré de l’écotaxe. Elles ne sont pas tenues de le réinvestir. Cette véritable rente échappe au financement de l’extension du réseau, du renforcement du rail et des transports moins polluants auquel serait destinée l’écotaxe. Comme trop souvent, avec l’écotaxe, écologie rime avec hypocrisie !
Pour le patronat de Bretagne, l’écotaxe est le moyen d’accuser « Paris » de tous les maux et pour jouer du sentiment régional. Excentrées, les productions bretonnes seraient particulièrement pénalisées par la taxe. La ficelle est grosse. Nous venons d’exposer notre critique de l’écotaxe. Pour autant, avec de surcroît l’allègement octroyé de 50% aux routes bretonnes, aucune distorsion significative n’est quantifiable avec les autres régions. C’est un faux débat. Les salariés sont attaqués avec la même dureté par les capitalistes dans toute la France ! PSA liquide 3000 postes d’ouvrier à Rennes aussi bien qu’à Aulnay !
En tout cynisme, le patronat de l’agro-alimentaire en Bretagne jette les salariés qu’il a durement exploités et voudrait qu’ils leur disent merci ! Pendant trois décennies, les volaillers, par exemple, ont concentré l’organisation de l’agriculture et de l’industrie unilatéralement sur des productions bas de gamme, orientées vers l’export, se détournant, en qualité et quantité des besoins du pays. Ils ont pu capter ainsi un maximum d’aides attribuées par l’Union européenne sur l’argent des contribuables français. Ce capital est bien à l’abri aujourd’hui !
L’Union européenne, dotée de l’euro, passe à une nouvelle étape de l’intégration commerciale continentale et mondiale. Elle propose des modes de profits encore plus efficaces : l’exploitation des travailleurs de l’Europe de l’est, des travailleurs « détachés » sans droits sociaux, demain aux importations en franchise de viandes américaines aux hormones… On arrive déjà à 70% de viande de volaille importées dans les plats cuisinés et la restauration collective. Les capitalistes français s’adaptent en délocalisant. Les gouvernements nationaux suivent la même politique européenne et capitaliste : en cela Paris et Bruxelles sont également coupables tout comme la famille Doux !
On ne s’étonnera pas de retrouver dans les instigateurs de la manifestation corporatiste de Quimper du 2 novembre, parmi les patrons et les organisations salariés qui les suivent, parmi les organisations politiques ceux qui se sont engagés le plus avant pour l’Europe du capital, à l’exception des socialistes tenus par la discipline gouvernementale. Ainsi à « l’extrême-gauche », M. Troadec, maire de Carhaix, fut un des principaux hérauts finistériens de le Constitution européenne en 2005. Leur démagogie régionaliste n’est que le cache-sexe de « l’Europe des Régions », c’est-à-dire de « l’Europe des profiteurs », de l’offensive du capitalisme en Europe contre tous les acquis sociaux et démocratiques nationaux.
Certaines organisations syndicales, dont la cgt, ont grandement raison de dénoncer le piège tendu aux travailleurs finistériens, notamment dans le communiqué « Le combat des bonnets rouge n’est pas celui des salariés ».
Les récents événements économiques et sociaux en Bretagne portent, sous plusieurs aspects cruciaux, une remise en cause de l’ensemble de la politique poursuivie au service du capital par le gouvernement. Communistes, nous mettons en avant de véritables positions de ruptures que nous voulons porter avec les travailleurs dans les luttes.
- Pour une fiscalité moins injuste immédiatement: groupons-nous et mettons en échec l’augmentation de 6,5 milliards d’euros de la TVA pour financer les cadeaux au patronat (le CICE) !
- Pour un développement plus écologique des transports : combattons la poursuite de la privatisation du rail, la réforme ferroviaire Au lieu de l’écotaxe, rendons à la Nation les autoroutes qu’elle a déjà payées plusieurs fois !
- Pour l’agriculture et l’industrie agro-alimentaire : plaçons cette dernière sous la tutelle de la collectivité pour réorganiser les filières en fonction des besoins du pays et des besoins de coopérations. Luttons pour des échanges équilibrés mutuellement avantageux avec des pays comme l’Algérie, déficitaire en volaille, excédentaire en gaz naturel. Sanctionnons les importations en provenance des pays pratiquant le dumping social, sanitaire et écologique d’Europe de l’est comme d’Amérique.
- D’une façon générale, remettons en cause l’Union européenne du capital, son arme de destruction massive, l’euro ! Exigeons le refus de l’application des traités, directives et règlements européens illégitimes !
Aucun risque que les patrons, d’origine bretonne, nordiste ou provençale, s’allient jamais à un tel programme ! Salariés, retraités, paysans, pêcheurs : tous ensemble contre les grands patrons de Bretagne ou de Navarre, les autorités à leur botte à Quimper, à Rennes, à Paris ou à Bruxelles !