Haute-Saône : Coup de jeune au PCF !

vivelepcf, 23 août 2013

Pour la fédération de la Haute-Saône du PCF, l’année 2013 est placée sous le signe du renouvellement et du renforcement.

Le Congrès départemental de janvier a élu un nouveau secrétaire fédéral : Cyril Morlot, militant de 27 ans, originaire de Froideterre et de la section de Lure.

Frédéric Bernabé n’a pas sollicité sa reconduction à ce poste, soucieux de passer le flambeau. Il reste membre du Conseil départemental, militant et responsable à Vesoul et épaule son successeur avec toute la direction élue.

Le vote a été acquis par 35 voix sur les 38 délégués des sections de tout le département. Il exprime la volonté politique de se donner les moyens humains de continuer à faire vivre et à renforcer le PCF en Haute-Saône et d’y contribuer en France.

Les communistes de la fédération ont rejeté à 80% les thèses de Pierre Laurent et de la direction nationale aux derniers congrès.

Frédéric Bernabé exprimait ainsi après le congrès le désaccord avec la stratégie du Front de gauche et l’état d’esprit de la fédération: « Sans être sectaire, placer le parti communiste sous la coupe d’un ex-socialiste dépasse mon entendement. J’estime que le PCF doit rester un outil de lutte au service des travailleurs, des salariés et de la jeunesse. C’est son rôle historique. Je reconnais aussi des divergences profondes sur l’Europe dont j’estime qu’il faut sortir, car cette Europe, c’est celle du capital qui met en concurrence les peuples pour mieux les exploiter » (interview à l’Est-Républicain du 31 janvier).

Depuis, la nouvelle direction se rôde.

Le 30 juin, la traditionnelle fête de l’Etincelle, avec son banquet de plus de 150 personnes, ses stands associatifs etc. a été un beau rendez-vous convivial, sur fond de cohésion politique de la fédération et aussi sur fond de crise. Les difficultés quotidiennes, les angoisses matérielles, les menaces sur l’industrie, le rejet de l’Europe, la recherche des moyens d’action politiques efficaces pour s’en sortir étaient dans toutes les conversations entre camarades et sympathisants.

Cyril Morlot a prononcé pour la première fois le discours politique. Nous en reproduisons le texte intégral ci-dessous.   

L’orientation est claire, déclinée suivant les luttes haut-saônoises : « Nous sommes communistes, pas parce que « cela fait du bien de l’être », mais parce que nous affirmons qu’un autre monde est possible et que la révolution est le seul moyen d’y arriver.

Nous ne croyons pas à l’idée de « révolution par la réforme » comme le prétend le PS mais aussi et malheureusement comme s’y résigne la direction du Parti, d’abandons en compromis, maintenant en finançant le le Front de Gauche. Sans sortie du capitalisme, les réformes ne seront qu’un baume, une rustine contre les inégalités qui fondent ce système, un moindre mal. »

Frédéric Bernabé passe le micro à Cyril Morlot

INTERVENTION DE CYRIL MORLOT, SECRETAIRE DU PCF 70, A L’OCCASION DE LA FETE DE L’ETINCELLE, TRAVES, 30 JUIN 2013

Amis, Camarades, bonjour à toutes et à tous,

Je vous remercie d’être venus à notre fête fédérale. Je tiens d’abord à remercier les camarades qui ont participé et qui participent à la bonne tenue de cette fête. Vous pouvez les applaudir.

Il est coutume maintenant de commencer un discours par : « L’heure est grave, camarades ! » Et c’est le cas !

Le capital est au beau fixe, on le dit en perte de vitesse, moribond, mais il continue toujours et même plus encore son travail d’exploitation des hommes et des femmes. Nous sommes déjà à un an de gouvernance du Parti Socialiste. Certes, nous communistes, nous portions peu d’espoir sur Hollande et sa capacité à changer la société, connaissant les actes de sa formation sous Jospin avec notamment les privatisations à tout va.

Il n’y a pas de « tous pourris » comme aime à le dire l’extrême droite. Mais les capitalistes qui ne s’occupent pas de savoir si ceux qui les servent dans l’hémicycle se disent de « gauche » ou de droite.

La finance n’est qu’une des formes du capitalisme. Tout le système économique et politique capitaliste doit être renversé, pas seulement ses « méchants » financiers. Nous ne sommes pas des « anti-libéraux » (comme voulait nous le faire devenir Marie-George Buffet), ni des « anti-finance », ni simplement des « anticapitaliste ». Non, nous sommes communistes et notre opposition n’est pas stérile parce qu’elle vise un changement de société.

Nous sommes communistes, pas parce que « cela fait du bien de l’être », mais parce que nous affirmons qu’un autre monde est possible et que la révolution est le seul moyen d’y arriver.

Nous ne croyons pas à l’idée de « révolution par la réforme » comme le prétend le PS mais aussi et malheureusement comme s’y résigne la direction du Parti, d’abandons en compromis, maintenant en finançant le le Front de Gauche. Sans sortie du capitalisme, les réformes ne seront qu’un baume, une rustine contre les inégalités qui fondent ce système, un moindre mal.

L’heure est grave oui, Les ouvriers, le plus grand nombre, sont attaqués de toutes parts.

Les capitalistes nourrissent la misère sociale. Le chômage est au plus haut avec près de 11% de personnes dépossédées d’emploi.

Les jeunes en font les frais. Trop formés donc trop chers, mal formés ou non formés donc sans expérience : toutes les mauvaises raisons sont bonnes pour ne pas les embaucher et encore moins les former en interne. J’en ai fait l’amère expérience !

Parlons de l’éducation et de la formation. Etant un ancien étudiant et militant syndical à Besançon, j’y porte beaucoup d’attention.

Le gouvernement suit la même politique que son prédécesseur. La loi Fioraso suit la LRU de la droite, loi relative « aux libertés et responsabilités des universités », en réduisant les postes et les filières dans les universités, en organisant l’entrée massive des entreprises dans leur direction et leur financement. La sacro-sainte volonté de les rendre « autonomes », autrement dit de dégager l’Etat financièrement fait déjà sentir ses lourdes conséquences. Pour nous Francs-Comtois, notre université se retrouve à fusionner avec l’université de Bourgogne, qui est tout aussi mal en point que la nôtre et qui risque d’être en faillite à la rentrée.

Haut-Saônois, nous sommes déjà un département sans université. La part des jeunes pouvant étudier ici est minime (BTS, IUFM, écoles d’infirmières.) Les 9/10èmes doivent aller dans le Doubs à Besançon (ce que j’ai fait d’ailleurs). Notre département est déjà vidé de ses jeunes. La fusion des facs va encore accentuer cela, les obligeant à s’expatrier plus loin. Nancy ou Lyon seront de fait au moins aussi attractifs que Besançon-Dijon. Comme dans toute fusion, des filières sont appelées à fermer, d’abord, bizarrement, en Franche-Comté.

La désertification de la région prend plusieurs formes. Dans la défense du service public, celle de l’Université de Franche-Comté, de l’accès à des formations de qualité pour nos enfants, notamment pour les familles ouvrières, est une lutte importante.

Comment assurer l’avenir de la société, de la jeunesse, quand on ferme les portes à 25% des 15-24 ans qui offrent leur force de travail? On préfère faire crever les plus vieux au travail que donner leur chance aux jeunes, qui ne demandent que cela, de travailler.

La bataille pour les retraites concerne toutes les classes d’âge. C’est celle pour la solidarité entre les générations. Ce n’est pas un privilège comme on veut nous le faire croire, que d’avoir une retraite à 60 ans après des années de labeur, mais un juste retour des richesses produites par le travail, le sien, celui de tous : le salaire socialisé.

Hollande tente de consolider ce qu’a fait Sarkozy en 2010 malgré la mobilisation populaire. Hollande, le PS et les capitalistes, représentés en partie par le MEDEF, veulent mettre encore un grand coup de sabre dans le système.

A nouveau, ils cherchent à opposer le public et le privé, pour mieux exploiter les uns et les autres, rabaisser les acquis sociaux autant des fonctionnaires que des salariés du privé. Réduire des têtes est toujours plus évident pour les capitalistes !

C’est à nous communistes de défendre, d’améliorer ces acquis : la retraite à 60 ans avec le retour à 40 ans de cotisations voire 37 ans et demi. Demandons cela, prenons cela ! Pas seulement dans les urnes, mais dans les entreprises, en battant le pavé !

L’argent existe ! La retraite par capitalisation ? Voilà la réponse du gouvernement en contrepartie du « travailler plus longtemps pour recevoir moins de pension » ! La solution clé en main du gouvernement et de la droite est de favoriser les complémentaires retraites, gérées par les capitalistes financiers, comme le frère de Sarkozy…  Seuls les plus riches pourront espérer se payer, au prix fort, une retraite par cette solution qui favorise l’individuel par rapport au collectif.

La solidarité fait partie de la lutte des classes ! La lutte des classes ? Et, oui, elle existe toujours, nous en sommes même en plein dedans ! Le bateau capitaliste trace droit. Ils sont plusieurs à tenir la barre. Il ne changera pas de cap. La seule solution est donc de le couler avec ceux à bord.

Je suis confiant, nous somme plus nombreux qu’eux ! Le capitalisme est sans merci, nous devons l’être aussi. Classe contre classe.

Chers amis et camarades, nous allons multiplier les initiatives de mobilisation. Pour approfondir le sujet, nous organisons le 26 septembre, à Vesoul, une journée de formation sur le thème de la protection sociale et de la retraite, en présence de Bernard FRIOT, économiste, sociologue du Parti et membre du Réseau salariat. Avec une réunion débat le soir, en présence de la CGT, et à confirmer de SUD PTT et de la FSU. Je vous invite dès à présent à y participer.

Il est grand temps de faire bouger les choses. La question n’est pas de « rallumer les étoiles », elles ne se sont jamais éteintes mais d’organiser la riposte. Le gouvernement a réussi à faire passer l’ANI de manière anti-démocratique. Il veut en faire tout autant avec la réforme des retraites.

Nos batailles immédiates en Haute-Saône sont aussi celles des transports et de la santé.

Concernant les transports, la Haute-Saône est désertifiée. La ligne TGV Rhin-Rhône traverse le département sans le desservir. Tout est tourné sur le TGV, plus cher mais pas plus rapide. La ligne Paris-Bâle, maintenant dite « Ligne 4 » est en service réduit. La question de son électrification est toujours d’actualité et encore plus primordiale pour l’activité dans notre département.

J’ai participé, avec Marcel Jazé, à la réunion publique qui s’est tenue à Mulhouse et où il était question de la création d’une gare accolée à l’Euro-Airport de Bâle-Mulhouse-Fribourg. Elle serait raccordée à Mulhouse. Nous avons été étonnés de l’absence de la Franche-Comté dans les participants au projet. Nous avons donc soulevé ce point et en avons profité pour défendre l’utilité de la ligne Paris-Bâle, de son électrification. Le trajet serait considérablement facilité pour les Hauts-Saônois en direction de l’aéroport. Surtout qu’il est prévu jusqu’à 6 trains par heure et dans les deux sens vers Mulhouse. Nous avons tout à profiter de cette future gare.

Autre gros dossier dans le département : Lure subit année après année, réforme après réforme, la destruction du service public de santé. L’agence régionale de santé s’attaque au SMUR pour réduire comme peau de chagrin l’hôpital. Nous avons déjà perdu la maternité. Si nous ne nous battons pas, l’hôpital ne sera plus qu’un centre de gériatrie, soit, dit autrement, d’accompagnement à la fin de vie.

Nous plaçons tous ces dossiers au cœur de la préparation des élections municipales qui animent tous les débats, notamment au sein de la direction du Parti, mais d’une autre façon..

Je finis en en venant au thème de notre fête de l’Étincelle : le Chili, avec le 40ème anniversaire (entre guillemets) de la dictature de Pinochet. Je salue nos camarades chiliens présents. Ils ont subi cette période. Ils sont à notre disposition pour témoigner. Avec eux, nous pourrons aussi faire le parallèle avec les mouvements qui parcourent toute l’Amérique Latine : l’émergence des peuples, l’arrivée au pouvoir d’expériences émancipatrices mais aussi la réaction du capitalisme et de l’impérialisme.

Je vous laisse la parole. Bonne fête de l’Etincelle !

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