Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/ – 19 mars 2013
Voir aussi:
Trois semaines après la victoire de la droite lors des présidentielles chypriotes contre le candidat soutenu par le Parti communiste, un plan d’austérité inédit dans l’UE vient d’être négocié entre le gouvernement et la Troïka prévoyant la taxation des dépôts bancaires.
En quelques heures, la folie et la colère se sont emparés du peuple chypriote : les banques chypriotes prises d’assaut par les petits épargnants, les cris de colère contre les banques, l’Union européenne et le gouvernement de droite émaillant les reportages de la presse chypriote.
Les communistes de l’AKEL avaient mis en garde leurs électeurs, dans l’entre-deux tours, sur les manœuvres du parti de droite DISY. La réalité dépasse largement au-delà des prévisions.
Non seulement la droite mettra en place le plan de privatisations dénoncé par les communistes, mais elle rehaussera également l’impôt sur les sociétés de 10 à 13% – préconisé par l’AKEL, dénoncé par la droite pendant la campagne.
Et surtout, elle appliquera une mesure inédite en Europe : la taxation de tous les dépôts bancaires, de 7 à 10% selon l’épaisseur du compte en banque.
Plutôt que de baisser directement les salaires, d’augmenter la TVA – des mesures pas nécessairement exclues et toujours discutées – le gouvernement chypriote, sous pression de la Troika (UE, BCE, FMI) a décidé de franchir ce pas sans précédent depuis le début de la crise.
L’AKEL contre le plan imposé par l’UE et la Troika
Les communistes chypriotes se sont exprimés clairement pour le rejet de cet accord inique et ont annoncé qu’ils voteront contre l’accord au Parlement.
L’AKEL avait dû négocié un premier mémorandum après avoir longtemps résisté aux sirènes de l’austérité jusqu’en début 2012, sollicité des aides extérieures à l’UE russes ou chinoises.
Il avait posé comme condition à toute aide étrangère le refus de toute privatisation, de baisses des salaires ou de compression des budgets publics.
Aujourd’hui, l’AKEL exprime ses inquiétudes et son opposition au plan dévoilé par la Troika.
D’une part, par les revendications toujours plus excessives avancées par la Troika, appuyées sur les propositions du FMI : « les baisses des salaires et des retraites, les coupes drastiques qui seront accompagnées de licenciements dans l’éducation et la santé ».
D’autre part, un plan de privatisations des entreprises publiques telle que AHK (électricité), ATHK (télécoms) ou encore ALK (ports), un programme « accepté par le nouveau président Anastasiades et qu’il tente désormais difficilement de faire accepter aux travailleurs ».
Après l’annonce de la mesure inique de taxation des dépôts, l’AKEL est monté d’un ton, selon les propos rapportés par le Cyprus Mail, les mesures imposées par l’UE sont « vengeresses et néo-coloniales ».
Le secrétaire-général de l’AKEL, toujours selon le Cyprus Mail, aurait même déclaré que le Comité central du Parti discuterait prochainement la sortie de Chypre de la zone euro, si les mesures imposées par la Troika étaient confirmées.
En septembre 2012, alors que les communistes étaient au pouvoir, Kyprianou avait avancé sérieusement la même hypothèse (« si les mesures imposées par la Troika sont très dures, sortir de l’Euro est assurément une option »), avant d’être désavoué par le porte-parole du gouvernement.
Dans une situation difficile, avec de réelles et inévitables contradictions, nous ne pouvons que soutenir la position de nos camarades communistes chypriotes et marquer notre solidarité avec le peuple chypriote.