EDT, 29 mars 2013
François Hollande éprouve le besoin de justifier sa politique devant les Français. Ils pourraient être tentés, effectivement, de la contester de plus en plus.
Il s’y est appliqué sur France 2 ce 28 mars après les informations du soir. Son « sparring partner », le journaliste David Pujadas, résolument positionné du côté des entreprises, a su trouver le ton « punchy », impertinent, qui a permis au Président de mettre en valeur ses mesures, même les plus antisociales.
Face à Pujadas, Hollande se défend d’augmenter les impôts des entreprises. Pour la « compétitivité », il leur accorde 20 milliards d’euros par an, avec le CISE, « crédit d’impôt solidarité emploi ». En clair, il fait payer par la collectivité, par les salariés eux-mêmes, 4% en 2013 puis 6% à partir de 2014 de leurs propres salaires (jusqu’à 2,5X le SMIC). Ce hold-up n’a même pas de précédent sous Sarkozy. Il ne rencontre quasiment aucune résistance. Pujadas et Hollande le banalisent.
Rappelons que 40 milliards d’euros de dividendes vont être servis aux actionnaires des seules firmes du CAC 40 cette année. Mais au nom de l’emploi, il faut toujours donner plus à ceux qui profitent. Hollande, dit-il lui-même, n’est pas un président socialiste, mais « le président de tous les Français », surtout des riches. Son inspirateur, le patron Louis Gallois, dont le rapport préconise d’abattre des pans entiers de la sécurité sociale, n’est pas qu’une référence « pour la gauche » mais « pour tout le pays ».
Hollande s’y applique avec son « choc de simplification » qui a pour but de réduire les contrôles publics sur les agissements patronaux.
Hollande s’y applique surtout en s’attaquant à son tour, frontalement, à la Sécurité sociale, aux allocations familiales et aux retraites. Les premières seront diminuées aux dépens d’un certain nombre d’enfants. Pour les secondes, il faudra cotiser encore plus longtemps que 42 ans ! Hollande n’exclut pas de désindexer les pensions et d’amputer, encore, le pouvoir d’achat des retraités.
Gravement irresponsables ont décidément été ceux, qui en 2010, alors que nous étions 10 millions à manifester, ont invité à attendre le départ de Sarkozy !
Entre la guerre et la famille, Hollande, le « gentil », choisit de préserver… le budget de la guerre ! Le Tartarin du Mali promet de sanctuariser les dépenses militaires et notamment l’arme nucléaire. La tentation de livrer officiellement des armes, à nos frais, aux terroristes syriens le démange comme son ministre Fabius.
Quelles contreparties à cette politique patronale pour les travailleurs et la population ? Hollande a bien du mal à en trouver à présenter.
Pour le pouvoir d’achat, il cite le plafonnement des frais bancaires, du racket contre les petites gens devrait-il dire, et les baisses de tarif du gaz. De qui se moque-t-il ? 0,4% de baisse contre 80% de hausse ces dernières années ! Aucune privatisation n’est remise en cause.
L’avenir de l’industrie suscite bien quelques larmes mais aucune remise en cause de l’intérêt capitaliste. Bien au contraire, les casseurs, les délocaliseurs, vont bénéficier de prêts avantageux de la Banque publique d’investissements et de l’UE, au nom du « Pacte de croissance ».
Les travailleurs apprécieront que Hollande se vante d’avoir contribué au sauvetage de l’euro – Pujadas insiste – l’instrument qui permettra à l’UE, à la BCE et aux gouvernements nationaux, de continuer à étrangler le peuple français comme le Portugais ou le Chypriote.
Soi-disant à l’écoute du pays, Hollande n’entend que les conciliabules de la collaboration de classe. Il vante, haut et fort, le projet de loi de flexibilisation du marché du travail, issu de ce qui est improprement appelé ANI (accord national interprofessionnel), signé entre le MEDEF et la CFDT. Face au chômage : licencions plus facilement, augmentons le temps de travail en diminuant les salaires ! Hollande pousse l’indécence jusqu’à saluer le geste de Carlos Ghosns de prendre sur son salaire pour pouvoir supprimer 8000 postes à Renault, entreprise dont l’Etat reste l’actionnaire de référence.
N’en jetons plus ! Passons sur les commentaires oiseux sur le mariage et le cumul des mandats !
Le ton lénifiant, la complaisance journalistique ne sauraient cacher la gravité de l’aggravation de la politique au service des possédants, au nom d’une crise « plus longue que prévue ».
Ne laissons pas ceux qui ont cultivé des illusions sur le changement avec Hollande, nourrir aujord’hui des désillusions résignées, des populismes stériles et dangereux ! Il n’y a ni place pour un soutien critique à la gauche au pouvoir ou pour une opposition « constructive ».
Le rapport de force existe toujours pour que les salariés, les retraités, les jeunes luttent et mettent un coup d’arrêt à cette politique.
C’est notre perspective, à nous communistes, de contribuer à donner les moyens à ce mouvement de gagner.
C’est pour cela que nous nous investissons entièrement dans la mobilisation contre l’accord CFDT-MEDEF, marquée par la prochaine journée de grève et de manifestation du 9 avril. Pour nous, elle s’intègre dans la construction d’une riposte globale, contre la politique du gouvernement, en particulier contre les 20 milliards de nouveaux cadeaux au patronat, contre la casse de la Sécurité sociale.
Lénifiante ou arrogante, la politique au service du capital et de l’UE doit et peut être mise en échec !