90ème anniversaire du PCF au Colonel Fabien : mémoire infidèle !

Vivelepcf, 11 décembre 2010

La direction du PCF marque l’anniversaire du Parti par une série de débats et de projections au siège, place du Colonel Fabien les 10 et 11 décembre 2010.
La lecture du programme à de quoi étonner sur les objectifs politiques de l’initiative.
Cet anniversaire devrait être l’occasion de réaffirmer la raison d’être de notre parti, notre fidélité aux choix fondateurs du Congrès de Tours, à la rupture avec l’opportunisme réformiste. Le besoin de l’outil historique au service des travailleurs dans la lutte des classes, contre le capitalisme, qu’a été le PCF vient de s’exprimer encore plus nettement dans les dernières luttes.
Les communistes ont fait le choix en 2007 de maintenir leur parti le PCF, quand les principaux dirigeants remettaient en cause son existence même puis invitaient à sa « métamorphose ».
Les communistes sont en droit d’attendre aujourd’hui que la direction assume, défende l’histoire de leur Parti et sa continuité, sans hésiter à pousser la critique, mais en combattant fermement les attaques anticommunistes et révisionnistes d’où qu’elles viennent.
La commémoration à Fabien ne se place pas dans ces objectifs, c’est le moins que l’on puisse dire.
Le carton d’invitation met en exergue : « PCF réseau social depuis 1920 ». Voilà l’organisation de classe structurée, qui a permis l’intervention politique de millions de travailleurs dans leurs cellules de quartiers et d’entreprise, réduite au statut de Facebook !
Que signifie l’intitulé de la journée, « PCF : vers un nouveau siècle d’émancipation » ? L’émancipation de qui, de quoi, pour quoi ? Pour les communistes depuis 1920, sur la base de l’analyse marxiste, notre perspective politique porte un nom : le socialisme pour rompre avec le capitalisme. Il semble être passé aux oubliettes de Fabien.
Nous ne sommes pas contre la confrontation avec des personnalités politiques et des historiens qui nient la raison d’être du PCF, qui le combattent, encore qu’une célébration n’est guère le bon moment pour cela. Les 10 et 11 décembre, point même de confrontation : sur le plan historique, il n’y a que les mouvances « refondatrice », gauchiste et social-démocrate qui sont représentées.
Roger Martelli vient de quitter le PCF avec un fracas calculé. Pour lui, la « forme » parti, surtout la plus achevée, la forme « parti communiste », sont dépassées. Depuis une décennie, ses travaux « historiques », jadis mieux inspirés, s’efforcent péniblement d’étayer ce révisionnisme, de démontrer notre déclin inéluctable.
Le voilà qui préside au « cédérom sur l’Histoire du PCF » présenté ce jour. Le voilà qui est invité au débat « historique » sur « Maurice et Jeannette, un couple dans le siècle » (sic !). Il s’y retrouve aux côtés de l’historienne, pour le moins non communiste, auteur d’un livre du même titre, qui pratique le révisionnisme par le petit bout de la lorgnette.
Le sujet de l’autre débat historique est bien choisi aussi. Il est consacré à Charles Tillon, évidemment pour en retenir sa place de martyr d’un « stalinisme à la Française ». Parmi les intervenants, on trouve M. Claude Pennetier, historien de tendance trotskyste, auteur en 2007 d’un xème livre malhonnête, proprement dégueulasse, sur le PCF en 1940, accusé de collusion avec les nazis, que nous avons eu l’occasion de dénoncer sur ce site (lien).
Comme film, les programmateurs n’ont pas trouvé mieux que « Goodbye Lénine » dont le sentimentalisme ne doit pas faire oublier la thèse centrale : le rejet de Lénine et du léninisme dans le passé révolu. « L’Atlantide, une histoire du communisme » de Marcel Trillat et Maurice Failevic s’applique d’une tout autre manière, mais toujours avec sentimentalisme, à force d’anecdotes et de témoignages vaseux, à montrer les erreurs, le sectarisme du communisme « balayé par le vent de l’Historie » et à faire passer la résignation à la fin (la « transformation-métamorphose ») du PCF.
Pour finir, un débat sur « la visée communiste pour le XXIe siècle » rassemble Anicet le Pors, qui a quitté le Parti en 1994, Marie-Pierre Vieu pour qui le PCF est un « parti outil usé » et les dirigeants de la JC et du PCF, Pierrick Annoot et Patrice Bessac, « responsable » des transformations du PCF au « congrès » extraordinaire de juin 2010. On voit la « visée » !
La table de livres est éclectique et reprend tous les titres des éditeurs invités. Du coup les noms de Maurice Thorez, Louis Aragon, Georges Politzer côtoient ceux de Robert Hue ou de Jean-Christophe Le Duigou et même ceux de Daniel Bensaïd, Olivier Besancenot ou de Marc Lazard. Pour l’anniversaire, les portes sont ouvertes, bien au-delà de la famille et même des amis.
Voudrait-on brader l’héritage ?
Fort heureusement, la plupart des commémorations, un peu dans toute la France, à l’initiative de fédérations, de sections du Parti ont adopté un tout autre parti-pris.