Le retour en régie publique des transports urbains ? C’est possible. Cela s’impose. Exemple de … Nice.

Dominique Negri, 12 juillet 2012

Non, le passage des services publics des collectivités territoriales sous le contrôle des multinationales et de leurs filiales ne répond à aucune fatalité technologique ou économique. Au contraire.

Dans le domaine de l’eau, de plus en plus de municipalités ne renouvellent pas les DSP, « délégations de service public » et reprennent la gestion directe pour le plus grand avantage des usagers, des salariés et des administrés.

Le tramway de Nice, ici place Massena, bientôt public?

Voilà que dans le domaine des transports, une collectivité, est en train de « briser le tabou », et pas n’importe laquelle, la métropole de Nice Côte d’Azur. Son président, Christian Estrosi, ancien ministre UMP, a annoncé le 9 juillet qu’il soumettrait au vote en septembre « l’abandon de la procédure [d’appel d’offres] pour une reprise en régie directe. » Il s’agit en outre du plus important réseau actuellement concédé au privé (ST2N à Véolia-Transdev) dans le pays avec un chiffre d’affaires de 130 millions d’euros par an. Le détail des offres des prestataires seront à analyser avec attention.

Bien sûr, il faut accueillir cette nouvelle avec une satisfaction modérée par la vigilance, comme le fait la CGT des transports niçois.

Rien ne dit que les élus ne changeront pas d’avis et ne tentent pas de peser pour faire baisser les prétentions des prestataires.

De fortes mobilisations seront nécessaires pour que le passage en régie se traduise bien par une amélioration du service, une baisse des tarifs, des conditions de travail améliorées et un statut public pour les personnels. Aucune illusion n’est à se faire sur le choix des élus d’utiliser les économies récupérées par la métropole (représentant les profits des prestataires) pour limiter les impôts locaux des riches ou aider le patronat local.

Ceci dit, quel plaisir d’entendre les patrons de Keolis et Transdev pleurer que cela leur fait une mauvaise publicité pour le développement de leur firme… en Inde ! Et une nouvelle brèche est ouverte dans la pensée unique qui anime ces élus de droite ou de gauche qui préfèrent céder à l’influence du privé aux dépens des salariés, de plus en plus exploités, de leurs administrés, et de la démocratie locale.

A Marseille, la volonté de faire entrer le loup Véolia dans la bergerie RTM en confiant au premier les nouveaux tramways avait déjà finalement échoué.

Mais à Amiens métropole, la majorité PS-Front de gauche vient de livrer, en mai 2012, les transports publics jusqu’en 2017 à Kéolis, malgré l’opposition notable de certains élus PCF dont Cédric Maisse et ma camarade au Conseil national du PCF, Fabienne Debeauvais.

Chez nous, dans l’agglomération grenobloise, le mouvement vers la concurrence et la privatisation s’accentue, piloté par la gauche s’accentue (voir notre article de juin en lien) avec extension des possibilités de sous-traitance de lignes au privé dans la DSP. La bataille s’intensifie pour un retour en régie publique.

L’exemple de Nice renforce notre position et la campagne que nous menons depuis des années pour des transports 100% publics en Isère. Comment imaginer que ce que les UMP sont obligés d’envisager, des élus de gauche, qui jurent leur amour pour le service public, soient incapables de le faire ? Salariés, usagers, vous pouvez compter sur les communistes pour être avec vous dans ce combat.

Pour nous, la somme des luttes et des victoires locales s’inscrit dans l’objectif de constitution d’un grand service public national des transports urbains, reposant notamment sur l’entreprise nationale RATP, la SNCF à laquelle Kéolis doit être intégrée, Transdev qui doit être nationalisé à 100% et les régies locales.

Préparons ces coopérations par la coordination des luttes locales pour gagner ! A Nice pour le statut des traminots et la baisse des tarifs, à Grenoble et dans tout le département de l’Isère pour les mêmes objectifs via le retour en régie publique.

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