Avec le projet de loi Fioraso, le gouvernement retire 250 millions d’euros du budget des facs. Plus d’autonomie avec moins de moyens: le plan Fioraso va plus loin que la LRU.
Une université sur quatre est au bord de la faillite, avec la course aux financements d’ « excellence » (IDEX), il s’agit de pousser à la fusion des facs ou à leur regroupement: à terme, il n’y aura plus qu’une université par région, trois ou quatre à Paris.
Ce regroupement arbitraire, c’est la disparition de deux facs sur trois. La conséquence finale de l’ « autonomie », c’est la fin de l’indépendance des universités, leur disparition pure et simple
A Aix, comme à Strasbourg, les facs ont fusionné: elles sont désormais en déficit, suppriment des heures de TD et des filières en sciences humaines et imposent aux personnels des charges de travail inhumaines.
6 000 masters et 3 000 licences supprimés pour « simplifier l’offre de cours » selon la ministre : c’est autant de filières en moins et de TD supprimés par fac.
A Paris-7, les projets « IDEX » et le déficit creusé par la LRU ont conduit en 2013 à la suppression d’une vingtaine de postes, de dizaines d’heures de TD tandis que la fusion des UFR est toujours envisagée.
C’est aussi la fin du diplôme national. Une « accréditation » publique permettra à chaque « pôle » universitaire d’avoir son diplôme avec ses propres mentions, options, certifications. Plus rien de commun entre le diplôme de deux facs françaises. Dans la fac à « la carte » : le menu n’est pas le même pour tous, mais tout le monde paie l’addition !
Le projet veut faire de la fac la suite du lycée: « Bac – 3/Bac + 3 ». Avec le « socle de compétences » (lire, compter, cli-quer du collège!), on abandonne l’ambition d’un savoir pointu de qualité pour une formation vague sans qualification.
Une formation dévalorisée en licence pour des « masters pro » au service des entreprises ou des « masters enseigne-ment » où la maîtrise de sa discipline est négligée.
C’est l’éducation à plusieurs vitesses: la suite d’une éducation au rabais post-lycée pour tous; des BTS et IUT post-lycée pro conçus comme des branches de seconde zone pour les élèves en difficulté et une éducation « compétitive » pour la minorité des lycéens de prépa: car les partenariats prépa-grandes écoles-facs sélectives ne connaissent pas la crise!
A la fac, on compte plus de 50 000 précaires. L’autonomie a permis l’embauche illimitée sous statut précaire … mais avec des moyens limités. Le gel des emplois titulaires et un plan social déguisé en non-renouvellement des cher-cheurs précaires: la loi Fioraso, c’est la poursuite de la précarisation des personnels.
« Il faut ouvrir les universités aux entreprises », pour Fioraso. La loi LRU a créé les « fondations », avec les « chaires privées » financées par les entreprises. Une aubaine pour Total, GDF-Suez ou Sanofi qui externalisent leur recherche: les « dons » pour les projets de recherche sont défiscalisés à 60% et le personnel de recherche payé par l’Etat.
Les cadeaux fiscaux pour la recherche privée – Crédit d’impôt recherche (CIR), Investissement-Avenir (IA) – coûtent cha-que année des dizaines de milliards d’€ à l’État (4,7 milliards pour le seul CIR!). Qui a dit que les caisses étaient vides?
Fioraso va plus loin, elle légalise : « le transfert des résultats de la recherche publique vers le monde économique ».Recherche publique, profits privés !
Pour Fioraso, il faut aller vers une «gouvernance à l’américaine » avec un pouvoir accru pour les représentants des en-treprises au Conseil d’Administration (CA) et limité pour ceux du personnel. L’ « autonomie », c’est moins que jamais l’ « indépendance » face aux puissances de l’argent!
Avec la LRU, il faut augmenter les frais prétendent les présidents d’universités. La ministre répond: « pas d’augmentation significative des frais ». C’est quoi, pas significatif ? 150 € comme l’an dernier ou 1 500 € comme au Québec?
Le gouvernement parle déjà de « redéployer les bourses et aides sociales actuelles ». Ca veut dire quoi ? La fin de l’allo-cation-logement (APL) ? La suppression des bourses du CROUS pour financer une « allocation d’autonomie » au rabais?
Pécresse et la droite en ont rêvé, le PS et Fioraso le font : la fac au service des grandes entreprises, le service public bradé, la précarité des personnels légalisée, l’éducation au rabais, ça suffit ! Non à la loi LRU 2!
Nous réclamons :
- Retrait du projet de loi Fioraso et l’abrogation de la loi LRU ;
- Refus de toute ingérence du capital privé dans l’université, retour à une gestion nationale du Service public de l’enseignement supérieur ;
- Titularisation, sous statut de fonctionnaires, des personnels précaires avec plan de création de 5 000 postes d’enseignants-chercheurs par an pendant cinq ans ;
- Maintien du cadre national des diplômes: la même éducation, le même diplôme partout!
- Des moyens pour notre éducation supérieure : réallocation des milliards des crédits pour les entreprises— IA, CIR, Crédit Compétivité-Emploi pour les facs publiques!