Allemagne/Linke : le soufflé électoral s’affaisse
Par Michel Lamer, pour vivelepcf, août 2011
Les élections régionales se succèdent en Allemagne, les déceptions électorales aussi pour le Parti de gauche, « die Linke ».
La dernière et non la moindre est le véritable revers enregistré à Berlin le 18 septembre 2011.
« Die Linke » est tombée à 11,7%, en repli de 4,6% sur le résultat de ses composantes en 2006. Aux élections nationales de 2009, elle avait obtenu 20,2%.
Les causes de l’échec sont patentes. L’état major de Die Linke avait fait le choix à Berlin, à l’avant-garde de son aspiration nationale à participer au pouvoir dans tous les cas de figure, de collaborer à l’exécutif régional avec la social-démocratie (SPD), ce depuis trois mandats. A Berlin, contrairement au plan national, la social-démocratie avait accepté cette alliance.
Die Linke a fait en premier les frais, aux yeux du peuple berlinois, de la politique de restriction des dépenses sociales, de privatisation du logement social, d’injustice fiscale.
Le mécontentement national vis-à-vis de la politique antisociale de Merkel a profité, faute d’autre chose, avec la dramatisation orchestrée de la catastrophe de Fukushima, à la force de réserve du système que représentent les Verts (17,5%, + 4,5%). Et… au parti des « Pirates », défenseurs de la « neutralité d’internet » qui élit 15 députés sur 149.
Si Die Linke avait la prétention d’occuper le terrain de la contestation (sinon de le transformer en lutte), l’échec est total !
Die Linke ne devrait pas participer au prochain gouvernement berlinois, faute d’être désormais un allié suffisamment fort. Mais le mal va continuer.
Le 4 septembre 2011, on votait aussi dans la province du nord-est du Mecklembourg-Poméranie-occidentale. Jusqu’en 2006, les précurseurs de Die Linke avaient collaboré au gouvernement du Land avec le SPD. Le coût électoral avait été cher : de 25% en 1998 à 16% en 2002 et 2006. A partir de 2006, le SPD a choisi la grande alliance avec la droite. La ligne de fond de Die Linke est restée la même. Résultat, en 2011, elle progresse à peine en pourcentages, passant de 16,8 à 18,4% mais régresse encore nettement en voix vu la poussée de l’abstention de 51 à 59%.
En ex-Allemagne de l’ouest, les résultats des régionales de 2011 traduisent une même déception. L’implantation locale ne se construit pas.
En Bade-Wurtemberg, en mars 2011, Linke recule de 3,1 à 2,8% par rapport à 2006 (les 7,2% aux élections au Bundestag sont restés un mirage).
En Rhénanie-Palatinat, toujours en mars 2011, Linke passe de 2,7 à 3,0% par rapport à 2006, mais reste très loin des 9,7% de 2009.
A Brême, son meilleur Land à l’ouest, Linke recule durement en mai 2011, de 8,4% en 2007 à 5,6% (14,2% en 2009).
Tous ces résultats électoraux traduisent un blocage stratégique. Die Linke entend être un véritable parti de « gauche », quand la social-démocratie dérive à droite. Dans les faits, face à la droite, le SPD finit par très bien tenir son créneau historique, secondé par les Verts. La direction de Die Linke ne parvient au final qu’à anesthésier les forces révolutionnaires, notamment communistes, issues de l’est ou de l’ouest.
Est-ce son rôle historique ? Est-ce le rôle historique du Parti de la gauche européenne, aujourd’hui présidé par Pierre Laurent, mais dont Die Linke est un des principaux inspirateurs ?
Derrière le mirage électoral : la destruction des partis communistes !
« Veillons et armons-nous en pensée ! » selon la formule de Georg Büchner.