Portrait d’un militant : Eric Monnini, secrétaire de la section du PCF du Jarnisy (Meurthe-et-Moselle)

Paru dans le Républicain Lorrain du 17 août 2014

Le droit au bonheur

Il a connu des galères, «un peu comme tout le monde», relativise-t-il, le RMI à l’époque, les huissiers venus frapper à sa porte, le chômage. Traumatisant sur le coup, certes, mais avec un peu de recul et de la bouteille, ces mauvaises passes constituent pour lui des étapes de vie. «J’ai commencé à bosser à 18 ans, j’en ai 52 aujourd’hui. Il n’y a rien d’exceptionnel. L’existence est faite de hauts et de bas.»

Né dans une famille ouvrière d’origine italienne, ce Jarnysien pure souche, «ma mère a accouché à la maison», a, dès sa plus tendre enfance, appris les notions de partage, de respect, de solidarité. Un père employé dans une entreprise de métallurgie, ancré à gauche, sans pour autant être militant ou appartenir à une famille politique, Eric a eu la chance de pouvoir faire des études. Un bac de comptabilité en poche, une stature d’athlète, il égrène les petits boulots, à la chaîne, posté, comme animateur sportif et même dans le commerce.

Au fil de ces expériences, il comprend très vite que la société et le monde du travail se soucient plus du rendement que de l’être humain. Un constat qui le pousse tout naturellement à se rapprocher des syndicats, et en particulier de la CGT. Il milite pour le droit au bonheur comme il dit, «pour que tout le monde puisse travailler, se loger, s’habiller, manger, vivre dignement en somme». C’est cette volonté de révolutionner – en douceur -, de permettre à chacun de s’émanciper, de profiter du fruit de son labeur qui le pousse tout naturellement à prendre un engagement. Un engagement politique, au Parti communiste français. «J’ai pris ma carte en 2008», avoue-t-il. «Après en avoir beaucoup parlé avec des copains de manif’ et d’autres qui avaient sauté le pas, bien avant moi.»

Le PCF lui est apparu comme une évidence, «être communiste aujourd’hui, c’est essayer de faire le bien, de donner un sens à l’indignation, en étant sur le terrain, aux côtés des laissés pour compte, en les aidant dans leur combat. Vous savez, les inégalités sociales ont été créées pour mieux diviser la population».

Voilà le sens de sa lutte. Eric se rend compte qu’aujourd’hui la société a tendance à tirer la population vers le bas, pour mieux l’asservir. Une société qui, en taxant les retraites, en allongeant la durée du travail, tourne le dos à ceux qui ont trimé. Une société qui laisse aussi la place aux discours les plus extrêmes en sur-médiatisant des événements créant un climat de peur.

«C’est le résultat de la politique menée par les gouvernements successifs qui n’ont proposé aucune solution pour améliorer le quotidien. Et cela se ressent aux urnes, avec la montée du Front national et le fort taux d’abstention. Il faut réagir, et nous sommes là pour convaincre ceux qui ne s’y retrouvent plus. Ils doivent voter, s’exprimer et revendiquer leurs droits.»

Loin des clichés de «ces vieux cocos», se réunissant presqu’en secret dans une vieille maison du peuple dont les murs ont été jaunis par les volutes de tabac brun, pour Eric, le secrétaire de la section de Jarny, «être communiste, ce n’est pas vivre replié sur soi, mais être à l’écoute des gens, leur redonner de l’espoir. Aujourd’hui, la population a besoin de proximité, à besoin d’échanger, de confronter des idées. Je crois au rassemblement des initiatives et des volontés et non à l’avènement d’un grand chef à plumes.»

Résister pour mieux reconquérir sa condition d’être humain, soutenir les luttes qui menacent le prolétariat, être aux côtés de ceux susceptibles de perdre leur emploi, «le parti est capable de se regarder dans la glace, il a su analyser son histoire, les erreurs commises et devenir une force de proposition, une force de progrès».

D’un naturel optimiste, Eric Monnini aime à rappeler: «Communiste, c’est positiver, c’est aller voir derrière l’horizon.»

Romuald Ponzoni (Républicain Lorrain)

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