Vivelepcf, 21 avril 2014
Tiens, voilà « l’aile gauche » du PS qui refait surface !
Depuis la défaite des municipales, des parlementaires PS répandent leurs états d’âme, encore davantage depuis l’annonce par Manuel Valls des détails de son plan d’austérité de 50 milliards d’euros sur les dépenses publiques et sociales. Leur message en substance est : « C’est trop, c’est trop dur pour certains, c’est trop injuste ».
Une force alternative se constituerait au PS, disponible pour « peser à gauche » du parti gouvernemental, pour porter un changement politique réel ? Quelle blague ! Il suffirait de reprendre quelques noms et curriculums pour dégonfler l’illusion.
L’apparatchik revenant Emmanuelli militait encore en 2012 pour l’allongement de la durée de cotisation pour la retraite. Parmi les députés qui ont appelé, au lendemain des municipales, à un nouveau « contrat de majorité », à « une réorientation européenne mettant fin aux politiques d’austérité », se trouve Christian Eckert, nommé depuis lors secrétaire d’Etat au budget… Parmi les signataires d’une lettre ouverte à Valls, datée du 17 avril, au ton qui se veut très critique, se trouve Jean-Marc Germain. M. Germain n’est autre que l’ancien rapporteur à l’Assemblée de la loi transposant l’ANI, l’accord Medef/CFDT de 2012 facilitant le droit à licencier (accessoirement, il est aussi M. Anne Hidalgo à la ville).
Ils ont tout soutenu, tout voté, jusqu’à, pour presque tous, la déclaration de politique générale de Valls. Maintenant, ils prétendent incarner une critique de gauche. Mais ce n’est que pour mieux accompagner la même politique antisociale dans l’immédiat, pour mieux la relayer plus tard, à l’approche de 2017!
Le PS est toujours fidèle à sa nature. Il a toujours plusieurs fers au feu.
UN FER AU FEU A DROITE :
La défaite électorale de la « gauche » des municipales était prévue. Il s’est confirmé qu’aucune alternative politique institutionnelle à l’austérité ne pouvait émerger du scrutin. C’est la droite qui a gagné par défaut.
Dans ces conditions, Hollande et ses commanditaires du Medef ont pu nommer Valls, non pour changer de politique mais pour changer d’image et de rythme, pour précipiter les contre-réformes les plus graves, à commencer le « pacte de responsabilité » et la « réforme ferroviaire ».
Mais, ce choix ne comble pas l’espace politique béant laissé à gauche. Ce vide fragilise le pouvoir. L’aile « gauche » du PS se charge naturellement de l’occuper pour canaliser le mécontentement à gauche, sous des critiques aussi bruyantes que superficielles.
UN FER AU FEU A GAUCHE :
Dans l’immédiat, « l’aile gauche » s’applique à limiter la nouvelle débâcle électorale prévisible aux européennes. Trop cinglante, elle risquerait de couper court trop tôt à l’élan de Valls (malgré le rôle de contrefeu attribué au FN). Un gouvernement complètement illégitime pourrait avoir du mal à contenir une poussée des luttes en mai/juin.
L’aile « gauche » utilise aussi la campagne des européennes pour dédouaner la politique menée nationalement, en fustigeant « l’austérité de Bruxelles » – comme si les deux n’étaient pas menées de concert – et en promouvant le leurre de le « réorientation sociale » de l’UE.
Car, loin d’entraver l’application de la feuille de route de Valls, l’aile « gauche » la facilite vis-à-vis de l’opinion.
Dans la lettre du 17 avril des animateurs des courants de « gauche » du PS à Valls, on peut lire : « au-delà de 35 milliards d’euros d’économies, nous croyons que reculs sociaux et mise à mal des services publics seront inéluctables ».
Si l’on traduit bien : jusqu’à 35 milliards de coupes sombres, ça peut aller ! Pour « l’aile gauche », ce n’est pas le « remède » qui ne va pas, c’est simplement le dosage !
Mais justement, à la dose actuelle, le remède a échoué ! Valls propose un changement de rythme, une thérapie de choc. En ne contestant pas la politique gouvernementale sur le fond – puisqu’elle l’a approuvée – l’aile gauche accompagne et facilite, dans le débat idéologique, le passage en force des mesures du « Pacte de responsabilité ».
Loin de chercher réellement à infléchir la politique du gouvernement, « l’aile gauche » pose des jalons pour l’avenir, pour la fin du quinquennat de Hollande.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, Valls aura bientôt rejoint le Président dans les abysses de l’impopularité. Quand Valls aura accompli son contrat de mission – pacte de « responsabilité », « réforme ferroviaire » etc. -, il sera temps pour Hollande et la « gauche » de se repositionner dans le jeu de l’alternance avant 2017, de trouver un terrain d’opposition avec la droite.
Les vassaux de Martine Aubry sont particulièrement à la manœuvre. Celle qui incarnait plutôt l’aile droite du PS dans les années 90, cultive son image de recours éventuel « à gauche ». Le retrait des « écologistes » du gouvernement prépare parallèlement à constitution de cette « gauche de remplacement ».
Sur quel contenu politique ? Pas sur la remise en cause – jamais – des mauvais coups des prédécesseurs. Non, sur un vague accompagnement social et une « politique de relance » qui n’est autre que la poursuite, à la phase suivante, après les purges austéritaires, de la politique de soutien massif au profit capitaliste.
Communistes, nous n’avons pas à donner de crédit aux jeux de la « gauche du PS », à cultiver la perspective illusoire de « peser à gauche sur l’ensemble de la gauche », encore moins à concevoir une quelconque recomposition politique pour lui servir de force d’appoint (avec le Front de gauche, avec les précédentes « ailes gauche » du PS…).
La raison d’être de notre parti est de rassembler les travailleurs sur une base de classe dans un objectif de lutte. Oui, cet espace politique est béant et il serait dramatique que le PCF continue à ne pas l’occuper.
Si le but était de tirer la social-démocratie à gauche, l’histoire nous en a donné l’expérience : jamais, les socio-démocrates ne sont aussi « à gauche » que lorsqu’il faut contrecarrer le développement des positions et de l’organisation de classe des communistes…