Fête de l’Humanité 2013. Succès des stands qui font le pari de l’avenir du PCF : Paris 15, Haute-Saône, Saint-Quentin…

PCF Paris 15, 25 septembre 2013

130914_FH0.png C’est la mode chez les sociologues et historiens au service de l’idéologie dominante d’analyser et de décrier la « contre-société » qu’aurait constituée le PCF. La direction « mutante » du PCF les reprend complaisamment pour mieux poursuivre son travail de banalisation du Parti dans la « gauche » et le système.

Selon eux, un parti à 600.000 adhérents et 20% des voix aurait été en dehors de la réalité alors qu’un parti à 3 ou 4% fondu dans les institutions et le Front de gauche serait en phase avec le monde. Le PCF, comme parti de lutte et de masse, ne pouvait pas exister en dehors de la société qu’il voulait changer. C’est une évidence, comme c’est une évidence qu’un parti de classe ne saurait fonctionner suivant les formes d’organisation du capitalisme et des partis bourgeois.

C’est ce qui reste de cette « contre-société » qui fait tout le caractère toujours exceptionnel de la Fête de l’Humanité, fête communiste. On l’apprécie peut-être encore davantage pendant la semaine du montage, temps de fraternité tourné vers l’objectif politique du succès des stands militants. Tous les corps de métier se rassemblent et se mélangent dans une improvisation inévitable mais sympathique.

Plus de 45 camarades et amis de la section du PCF Paris 15ème ont participé à la réussite collective. Plus de la moitié d’entre eux sont de jeunes militants, montrant le dynamisme de notre section.

Visiblement, la direction de la Fête avait décidé de rassembler et d’isoler les stands les plus contestataires, sinon les plus communistes. Sur 50 mètres de façade se succédaient celui de la section de Saint-Quentin, celui de Paris 15 et celui de la fédération de la Haute-Saône. Notre fraternité unie s’est avérée contagieuse ! Merci au PCF Saint-Quentin pour la bonne idée d’élever au-dessus de toute la Fête un immense ballon gonflé à l’hélium portant la faucille et le marteau ! Un défi au capitalisme, à la résignation et … à la pluie qui ne nous a pas épargnés surtout le samedi.

Depuis des années, le caractère populaire et politique de la Fête est mis à mal par l’économie marchande et par les choix de la direction du Parti et du journal.

Les cachets des vedettes, pas toujours très progressistes, s’envolent comme les frais fixes. La pression financière s’abat sur les stands, de moins en moins militants, de plus en plus institutionnels.

Nous faisons une priorité politique à ce que notre stand reste, malgré tout, 100% militant, même dans ses activités commerciales. Notre librairie progressiste a bien fonctionné. L’échange politique a toujours été mis en avant. Sur le plan culturel, nos camarades de la RATP, Martial et Olivier, « La mauvaises herbes » ont tenu le samedi soir un concert épatant, reprenant les chansons de Georges Brassens comme aucun autre groupe. On aurait voulu, comme au déluge, les garder 40 jours sous le stand…

A 21 euros, 30 sur place, la vignette, les visiteurs de la Fête ne sont plus les mêmes. Pour des jeunes qui restent les 3 jours, la Fête représente le dernier grand festival de l’été et reste abordable. Pour bien des familles franciliennes qui voudraient venir un jour ou une demi-journée, avec le coût de l’alimentation et des activités, sans compter les difficultés de transport, cela devient impossible. Le prix de la vignette a été multiplié par 3 en 20 ans… Au fil des ans, une fidélité s’est perdue même chez les communistes et les sympathisants.

Moins populaire et moins communiste.

La politique s’est retirée des allées de la Fête, des stands, des masses. Elle se concentre d’abord dans les déclarations des leaders du Front de gauche, ensuite dans des débats plus ou moins « élitistes » s’adressant aux franges « politisées » des visiteurs, réellement demandeurs d’approfondissement. Nous avons vendu plus de 100 « Cahiers communistes » sous le stand.

On chercherait en vain la campagne de lutte de masse que le PCF aurait pu et dû lancer contre la politique du capital en cette rentrée. 

Avec d’autres, nous avons diffusé tracts et journaux contre la guerre en Syrie, contre l’opération du gouvernement sur les retraites pour enterrer les mobilisations de 2010, pour une rupture avec l’Union européenne et l’euro. Par les multiples discussions sur la fête, nous avons eu confirmation du caractère central de cette dernière revendication quand elle est associée aux luttes immédiates : abandon de l’euro, rupture avec l’UE, refus de l’application des traités, directives et règlements européens illégitimes, par exemple pour contrer la « réforme ferroviaire » programmée pour la fin de l’année.

Du côté du Front de gauche – on ne peut pas accuser les media bourgeois de s’être trompés – toutes les préoccupations ou presque portaient sur les manœuvres pour les prochaines élections municipales.

Le Front de gauche est fidèle à sa vocation politicienne et électoraliste. Le sénateur PS honoraire Mélenchon s’est étalé dans la Fête, bien décidé à utiliser les élections municipales pour se redonner une image d’opposant gauchiste à Hollande (dont il veut devenir pourtant premier ministre !) et, au passage, pour plumer la volaille communiste. Ancien bras droit de Delanoë à la municipalité de Paris, d’autres comme Mme Clémentine Autain ont déversé ses leçons de « radicalisme » aux media qui voulaient bien l’entendre.

Les directions du Parti, gênées, ont du mal à se dégager d’une image, reflétant trop souvent la réalité, de dépendance au PS. L’agression du PG est logiquement très mal vécue par les camarades. Pour notre part, nous vivons très mal la place royale laissée à la social-libérale Anne Hidalgo, élue du 15ème, à cette fête qui n’est pas la sienne. Elle n’a pas eu le courage de venir sur notre stand…

Les élections municipales ne peuvent pas être le pivot de l’action politique, encore moins dans le défaut d’une stratégie cohérente nationale que la direction du PCF est dans l’impossibilité de fournir.

L’Humanité n’est plus l’organe central du PCF mais reste, plus que jamais, la courroie de transmission de sa direction. Pierre Laurent a synthétisé la ligne dans une interview à Libération en août 2012 que nous avions soulignée : Le PCF avec le Front de gauche a vocation à reprendre l’héritage du mouvement communiste et du mouvement socialiste du début du 20ème siècle : Blum sinon Guy Mollet ! La dénomination des allées de la Fête 2013 a reflété cette ambition  de fusion à gauche. Une avenue Mitterrand (Danièle) jouxtait la grande scène. On nous a placés avenue Stéphane Hessel…

Les invitations aux débats ont traduit la même intention. Pierre Laurent a regretté l’absence, cette année, de ministres socialistes mais s’est réjoui de la présence de l’ex-ministre Batho ou d’Anne Hidalgo. Les « experts » de la social-démocratie ont côtoyé les cadres les plus réformistes de la CGT ou même des patrons comme Pierre Mongin de la RATP. Au principal débat économique, Thomas Picketty, Jean-Christophe Le Duigou et Emmanuel Todt se donnaient la réplique : un conformisme digne de France Culture !

Dans le même ordre d’idée, le dimanche, l’humoriste contestable Djamel Debbouze, ancien soutien de Ségolène Royal, actuel supporter de François Hollande, a eu le loisir de se moquer des communistes sur la scène centrale et pas si « gentiment » que ça.

Nous avons vécu directement ce décalage entre des directions du Front de gauche et de la Gauche européenne qui entendent rompre avec l’histoire et les positionnements du PCF et les attentes des travailleurs vis-à-vis de leur parti et de leur syndicat historiques. La faucille et le marteau, bannis par les directions depuis le dernier congrès, se sont arrachés en autocollants ou badges : un signe qui va bien au-delà du réflexe identitaire.

Même appauvrie, la Cité internationale reste un lieu de rencontre enrichissant : de Cuba au Viêt-Nam en passant par le Portugal, la logique d’adaptation au système ne fait pas l’unanimité dans les pays et les partis. Mille remerciements aux camarades du Parti algérien pour la démocratie et le socialisme (PADS) pour avoir revigorer notre équipe de monteurs ! La Fête dans son ensemble a porté un beau témoignage de soutien à la résistance palestinienne.

Fourbus mais toujours enthousiastes, lucides sur l’état du PCF mais combatifs devant la nécessité de son relèvement, ainsi revenons-nous de la Fête de l’Humanité 2013.

En nous promettant de faire encore mieux l’an prochain !

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