Municipales 2014 à Paris: entre le dilemme des élus PCF sortants et l’opération PG… Quelle voie communiste ?

Repris de la section du Pcf Paris 15, 17 avril 2013

2013 : enfin une année sans élection ! Communistes, notre priorité aux luttes peut plus facilement s’affirmer hors du brouillage électoral des années précédentes.

Pourtant, à un an encore de l’échéance, la préparation des élections municipales semble déjà obnubiler beaucoup de personnalités politiques. Le Parti de gauche a déjà annoncé unilatéralement qu’il déposerait des listes autonomes du « Front de gauche » dans 60 grandes villes dont Paris. La direction du PCF Paris prévoit une consultation des adhérents pour juin.

Dans ces conditions, nous engageons une première réflexion dans la section du 15ème arrondissement à partir des éléments suivants.

1- Paris est logiquement la Ville où les enjeux municipaux sont les plus assimilables aux enjeux nationaux, où l’action du PS de Delanoë rejoint le plus celle du PS d’Ayrault et Hollande.

Sur la question des rythmes scolaires, Delanoë vient ainsi de montrer son soutien indéfectible à la politique du gouvernement, sans hésiter à affronter 80% de la communauté éducative.

Ce n’est pas là le lieu dans cet article de faire le bilan de la dernière mandature. Disons que l’orientation social-libérale de la municipalité s’est constamment vérifiée.

« Paris serait à vendre » découvrent certains. A Beaugrenelle, à la Porte de Versailles, à Boucicaut, comme chez nos amis, aux Halles ou à Laënnec, nous pouvons dire qu’il est déjà largement vendu à la spéculation et aux intérêts privés. Dans le 15ème, nous avons été particulièrement touchés et confrontés directement à la fermeture d’esprit et au mépris d’Anne Hidalgo, la « dauphine » de Delanoë.

Ajoutons, entre autres, que la politique municipale d’externalisation de services publics, sa « gestion des ressources humaines » sont vivement condamnées par les personnels de la Ville, que nous soutenons sans réserves.

Le souvenir, maintenant lointain, de l’ère Tibéri ne suffit plus à alimenter l’idée d’un changement. Tout juste peut-on considérer que, sur la base du bilan de Delanoë, la droite pourrait faire bien pire.

Tout cela n’incite pas, bien au contraire, à accepter que le PCF Paris, une nouvelle fois, s’intègre, dès le premier tour, aux listes PS.

L’élection de 2014 pourrait en revanche être l’occasion d’exprimer, en pleine cohérence, le rejet de la politique gouvernementale en même temps que celui de l’orientation générale de la politique municipale parisienne, à travers des listes indépendantes.

Un véritable contrat avec des engagements précis pourrait être défendu avant le second tour, en préalable à tout report et fusion de listes, contrairement au blanc-seing accordé (dès le 1er tour) en 2008 ou au «désistement sans conditions » de Mélenchon pour Hollande en 2012.

 

2- Mais après 12 ans de participation docile à l’exécutif de Delanoë, on voit mal comment les élus du PCF-FdG pourraient justifier un tel revirement.

Le groupe et les élus PCF a soutenu tous les choix fondamentaux de la municipalité, tous les budgets. Même sur les rythmes scolaires, en fin de mandature, les membres de l’exécutif (Vuillermoz et Mansat) ont suivi Delanoë, malgré l’opposition officielle des autres conseillers. Adjoint aux sports, Vuillermoz a pris sur lui l’opération scandaleuse de rénovation du stade Jean Bouin, les grèves des agents, le maintien jusqu’à cette année de la subvention au PSG… Toujours que des exemples.

Delanoë a laissé d’ailleurs très peu de « grain à moudre » aux élus PCF pour revendiquer publiquement certains aspects de sa politique. Il a gardé pour lui-même l’essentiel de la propagande autour du logement social, bien trompeuse. Nous aurons l’occasion d’y revenir plus longuement.

Dans les opérations publiques, la Ville fait une belle place au secteur privé, jusqu’à des appartements à 23.000 euros du mètre carré… (terrains de l’hôpital Laënnec). Mais ailleurs, elle lui rachète au prix fort des immeubles occupés qui mettent des années à devenir des logements sociaux. Nous n’avons cessé également de dénoncer le trompe l’œil des rachats d’immeubles aux loyers sociaux de fait (mais non conventionnés). L’argent de la Ville, les crédits du logement social ont été gaspillés pour payer des logements existants, déjà sociaux (ex : le parc SAGI).

On n’a guère entendu les élus PCF afficher autre chose que leur solidarité sans faille à Delanoë et Hidalgo. Ils n’ont pas contesté l’augmentation si injuste de la taxe de balayage, dont l’UMP, scandaleusement, fait un cheval de bataille. Devançant le gouvernement, la municipalité a rançonné les retraités en supprimant la gratuité des transports à tous les plus de 65 ans. Les élus PCF n’ont pas osé le contester. Nous pouvons multiplier les dossiers.

Depuis des années, ce suivisme nous place, militants communistes de quartier et d’entreprise, dans une position difficile vis-à-vis des associations, des syndicats.

Les partisans de Mélenchon, dans sa ligne politicienne, se place pour les élections en opposition vive avec le PS. De qui se moquent-ils, ces opportunistes, ces hypocrites ? Leurs conseillers ont été élus en tant que responsables du PS en 2008. Ils ont soutenu docilement Delanoë. Maintenant, ils entendent exercer un chantage inacceptable sur le PCF via le Front de gauche. Comment ne pas rejeter ces pressions et prétentions inacceptables du PG qui correspondent à la ligne politique dangereuse de son chef ?

A Paris, il faut tenir compte des écologistes. Ils sont également partie prenante de la majorité et de l’exécutif. Mais eux ont su se démarquer sur un certain nombre de sujets importants, notamment le nouveau « trou des Halles ». Même si les préoccupations locales sont moins présentes à Paris que dans les autres villes, les listes, déjà annoncées, d’EELV, pourraient capter une part des critiques à la politique de Delanoë qui refusent le retour de la droite. Ce créneau électoral(iste) est pris…

3- Se pose aussi la question du nombre d’élus et des moyens correspondants en cas d’une liste « Front de gauche ». Le mode de scrutin par arrondissement est défavorable aux listes secondaires. Les Verts l’ont payé cher en 2008, perdant, malgré leur 7% des voix, plus la moitié de leurs élus et se retrouvant avec un groupe moins nombreux que le PCF, affilié au PS. Il se conçoit aussi, dans le cas d’une liste Front de gauche, que les partenaires, en premier le PG, mais aussi la FASE, les Alternatifs et autres groupes de notabilités, exigent tous leur part du gâteau. Les élus du PCF aura du mal à résister à leur chantage. L’opération liste Front de gauche pourrait bien aboutir à la diminution de moitié des élus PCF, même dans une hypothèse haute de résultat à 8% du Front de gauche. Dans la coalition, notre parti endosserait également tout le coût politique de l’alignement sur Hidalgo pendant que le PG affichera sa différence…

S’aligner dès le 1er tour derrière Hidalgo ou bien perdre la moitié de ses élus, sans gain politique, sous l’hégémonie du PG, quelle est la meilleure solution ?

4- Pour nous, section du PCF du 15ème arrondissement, dans la continuité de nos positions de 2001 et de 2008, l’issue nécessaire et courageuse est de rompre avec la collaboration avec Delanoë/Hidalgo et la sortie de l’exécutif municipal dès maintenant (ce qui n’empêche pas d’appeler à voter pour battre la droite). Le coût de la perte d’élus ne vaut que si notre Parti, même dans les conditions difficiles de Paris, assument des positions de rupture conséquentes, ne se départit pas de ses positions de principe. Le cinéma du Front de gauche et du PG, alors que l’illusion de Mélenchon a déjà fait long feu, ne pourra pas tenir. Il est inacceptable. Nous ne sommes pas un parti de comédiens, de rabatteurs.

En clair, notre réflexion, partant de notre expérience militante, nous amène, dans cette première étape, à rejeter aussi bien la poursuite de  l’incorporation dans l’équipe Delanoë/Hidalgo que la fiction d’opposition avec le Front de gauche.

Nous soumettons à nos camarades l’option de listes communistes de rassemblement, ouvertes sur le mouvement associatif, porteuse de positions de rupture, déclinées par arrondissement, refusant tout compromis de cogestion de la politique antisociale et antipopulaire de la capitale de la France.

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