Remettre Cahuzac à sa place et faire toute la place aux luttes !

Repris de Pcf Paris 15, 9 avril 2013 

L’affaire Cahuzac fait grand bruit, c’est normal. Un ministre qui prêche l’austérité aux travailleurs, la lutte contre la fraude fiscale mais qui cache son argent en Suisse : c’est plus que choquant. Et le meilleur est sans doute à venir lorsque le montant et l’origine des fonds seront découverts, que les soupçons de collusion avec l’industrie pharmaceutique seront avérés.

Ceci étant dit, si nous rejetons les politiciens véreux, ce n’est pas pour soutenir des politiciens réputés « intègres », comme le système a présenté un Mario Monti en Italie ou un Louis Gallois comme expert en France, mais qui défendent la même politique antisocialeau service de la finance.

Cahuzac a menti. On comprend que cette « faute morale » affecte le Président et le gouvernement. Ils sont lestés pour continuer leurs contre-réformes. On comprend que les compagnons de Cahuzac au PS soient touchés (certains à « l’aide gauche » le jouant jusqu’aux larmes !) par cette « trahison ». L’image du PS, comme parti de « gauche », comme parti populaire, est encore un peu plus ternie. Mais l’exclusion de Cahuzac du PS ne saurait dédouaner le PS, dans toutes ses composantes, de son soutien à la politique d’austérité du même Cahuzac, de Ayrault, Sapin et Hollande.

Cahuzac a bénéficié en juin 2012 du soutien aux législatives de toute la gauche rassemblée, des Radicaux au Front de gauche. Si personne, a priori ne connaissait l’existence de ses comptes à l’étranger, tous connaissaient les positions politiques social-libérales de l’ancien président de la Commission des finances.

Maintenant l’affaire Cahuzac doit suivre son cours en justice. Elle fournit l’occasion bienvenue de poser la question du contrôle du patrimoine des hommes politiques, celle des moyens pour lutter contre la fraude et l’évasion fiscales. Malheur aux députés UMP qui viennent de déposer une proposition de loi d’amnistie des fraudeurs du fisc ! Communistes, nous mettons en avant nos propositions, à commencer par l’embauche de 1000 contrôleurs du fisc. Les plans massifs de suppressions d’emploi public des gouvernements successifs (RGPP) n’ont pas été innocents.

Pour le reste, l’affaire Cahuzac ne saurait servir à faire diversion, ou se substituer aux batailles politiques principales.

Communistes, nous ne rentrerons pas dans l’exploitation politicienne du « tous pourris ».

On ne sait que trop à quoi aboutit la surenchère sur ce thème : Les dénonciations croisées, les invectives, les insultes conduisent à une défiance générale, à l’abstention politique. Elles font le lit de partis fascisants, toujours gagnants sur leur terrain de prédilection. L’abaissement du débat politique n’élimine pas automatiquement les politiciens délinquants (Tapie, Berluscioni).

Communistes de la section du PCF Paris 15ème, en ce qui nous concerne, nous ne suivrons pas sur ce terrain-là un sénateur PS honoraire, roué aux combinaisons politiciennes et fin connaisseur du « système intrinsèquement pourri » qu’il conspue.

Pas de diversion ! Les forces existent pour imposer le changement politique. Elles se trouvent dans les luttes sociales, celles qui, il y a deux ans, rassemblaient des millions de manifestants, avec le soutien de 80% de la population contre la casse de la retraite à 60 ans.

Il n’y a pas un département en France où une lutte comme celle de Petroplus, de Virgin, de Goodyear ne concentre un mouvement de colère et de solidarité.

L’idéologie dominante a réussi jusqu’en 2012 à détourner l’issue des luttes vers les échéances électorales et l’alternance. Maintenant, l’expérience est faite : Les élections de 2012, sans surprise pour nous, n’ont pas apporté de changement.

Hollande a-t-il menti comme Cahuzac ? Non, l’hypocrisie n’est passible de la loi. En réalité, Hollande a très peu promis et s’est rangé ouvertement derrière l’Union européenne du capital. Ses quelques promesses n’engageaient, comme on dit, que ceux qui les ont crues. Il n’y avait pas d’illusion à se faire.

Aujourd’hui, le ministre du « redressement industriel » Montebourg devient le ministre des privatisations partielles… Une somme inédite de fonds publics, 20 milliards d’euros par an, sont attribués en cadeaux au patronat au nom de la compétitivité, au prix d’une hausse de la TVA. La casse du droit du travail concertée est en marche avec l’ANI etc. Sarkozy l’a rêvé, Hollande le fait !

Maintenant que 2012 est derrière nous, devons-nous attendre de nouvelles élections, l’avènement d’une « nouvelle république » ?

NON, l’alternative politique passe par la convergence des luttes sur des positions de rupture pour commencer à faire reculer le gouvernement, notamment sur « l’ANI ».

 

Remettons l’affaire Cahuzac à sa place et faisons toute la place aux luttes !

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