La lutte contre « l’ANI » doit amorcer une riposte globale, compléter le rejet du « CICE »

Vivelepcf, 3 avril 2013

Le gouvernement a instauré ce qu’il a appelé dans sa langue de bois le « Crédit d’impôt compétitivité emploi », CISE. Il s’agit en réalité de rembourser chaque année aux patrons l’équivalent de 6% de tous les salaires jusqu’à 2,5 fois le SMIC, 4% dès 2013.

La presse progressiste est-elle condamnée à accepter la publicité d'Etat pour le CICE?

Au total, le coût pour les caisses de l’Etat, pour le contribuable, s’élèvera à 20 milliards d’euros par an, 13 milliards dès cette année.  Aucune mesure unique de Sarkozy n’a atteint un tel niveau. C’est le plus gros cadeau octroyé au patronat depuis… les 18 milliards d’euros d’exonérations de cotisations sociales patronales accordés par la gauche plurielle au nom des « 35 heures ».

Comme celles-ci, elles ne créeront pas d’emploi mais consoliderons les profits et les dividendes des actionnaires. Et cela à une époque où les mêmes gouvernants ne cessent de fustiger les déficits publics !

Le CICE a été adopté à la va-vite en décembre 2012, rencontrant peu d’opposition. Le débat public a été complètement escamoté. La mobilisation contre cette mesure scandaleuse n’a pas encore vraiment commencé à être organisée. C’est le moment !

Depuis quelques semaines, une mobilisation se construit contre ce que le pouvoir appelle, toujours dans sa langue de bois, « l’Accord national interprofessionnel » (ANI). Il s’agit en fait d’un projet de loi du gouvernement transcrivant dans la loi les dispositions de l’accord signé par le MEDEF, la CFDT, la CFTC et la CGC sur la flexibilisation du droit du travail, autrement dit de l’extension du droit à licencier (sur ce projet très grave, voir nos analyses antérieures).

A tous points de vue, cette mobilisation est très importante. Pour nous communistes, elle peut et doit marquer la reprise d’une riposte globale des salariés contre la politique au service du capital et de l’UE poursuivie par la gauche au pouvoir, maintenant que les illusions électorales sont retombées.

L’objectif pour nous est de reconstituer le rapport de forces, de la lutte contre les retraites par exemple en 2010, pour commencer à faire reculer immédiatement le pouvoir. Il ne saurait être d’accompagner le projet du gouvernement en les « amendant », de « marquer le coup » d’ici de futures et lointaines échéances électorales, d’entrer dans un scénario de recomposition politicienne. Place aux luttes !

Dans cet esprit, pour nous, l’exigence de retrait de l’ANI rejoint et complète entièrement celle du retrait du CICE, dont la dénonciation publique reste largement à faire.

Aussi, nous ne pouvons pas partager pas la logique de certaines personnalités politiques qui affichent leur opposition à l’ANI.

Une aile du PS adopte une posture critique envers le gouvernement, notamment sur l’ANI. Très bien. Mais quand la sénatrice PS, l’ancienne ministre Marie-Noëlle Lienemann déclare, reprise par l’Humanité (édition du 27 mars 2013) : « On n’était pas chaud pour les 20 milliards pour aider la compétitivité, mais à partir du moment où ils sont là, il faudrait les négocier ». Et à propos de l’ANI : « une marge de manœuvre existe pour le modifier ». Plus qu’un positionnement utile au succès de la lutte, cela s’apparente davantage à de l’accompagnement critique de la politique du pouvoir, même à de la pédagogie de la résignation.

Nous avons déjà exprimé notre critique fondamentale au concept de « licenciements boursiers » mis en avant par les parlementaires du Front de gauche. Nous renvoyons à notre analyse (Licenciements « boursiers » : une notion indéfinissable et dangereuse), illustrée depuis par le tripatouillage des comptes de PSA pour justifier la casse d’Aulnay.  La notion de « licenciements boursiers » représente une dangereuse négation réformiste de la fonction du chômage dans l’exploitation capitaliste.

Les députés Front de gauche reprennent leur proposition de loi « d’interdiction des licenciements boursiers » pour s’opposer de « façon constructive » à l’ANI. Cette initiative nous semble toujours malencontreuse. Dans le nouvel exposé des motifs, nous lisons : « lorsque le licenciement pour motif juridique aura été jugé sans cause réelle et sérieuse… l’entreprise perdra le cas échéant le bénéfice ou l’opportunité de bénéficier du Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE). Le juge pourra ordonner le remboursement de tout ou partie du montant dont aura bénéficié l’entreprise au titre du CICE. »

Les députés du Front de gauche se montrent déjà résignés au CICE, jusqu’à en voir un moyen, complétement illusoire, de pression sur le patronat. Cette logique n’est pas de nature à encourager la détermination des salariés à lutter pour gagner.

RETRAIT de l’ANI, RETRAIT du CICE, riposte globale à la politique du pouvoir !   

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