2013 : Vœux lénifiants de F. Hollande pour préparer une année de violente casse sociale

2013 : Vœux lénifiants de F. Hollande pour préparer une année de violente casse sociale

Pcf Paris 15, le 1er janvier 2013

Dans ses vœux au pays, François Hollande est resté fidèle à son style : point d’envolées mais un profil bas, une démonstration d’impuissance pour une pédagogie du sacrifice.

Toute velléité d’action – sociale – est écrasée par les circonstances, « les difficultés sérieuses », la nécessité du « rétablissement des comptes publics ». Il n’échappera pas que ce dernier est rendu plus difficile par les 20 milliards d’euros de nouveaux cadeaux attribués par son gouvernement au patronat, au nom du « choc de compétitivité », dont se vante Hollande.

Pendant la campagne électorale, Hollande n’avait quasiment rien promis. En 6 mois, le gouvernement Ayrault a su exhiber sa peine à réaliser ce presque rien, à l’image de la taxation exceptionnelle de 75% des plus hauts revenus, qui vient d’être annulée par le Conseil constitutionnel. « On la réaménagera » indique Hollande sans autre précision.

Hollande ose se prévaloir de ses « emplois d’avenir », nouvelle forme de précarité au service du patronat et contre la jeunesse, et même de l’augmentation du SMIC : 4 euros par mois au 1er janvier ! Travailleurs, il faut savoir se contenter de peu !

On ne s’y trompera pas, Hollande a placé le cadre qui définit sa politique. En premier lieu : la « sauvegarde de la zone euro » et une nouvelle phase dans l’intégration dans l’UE du capital.

Cette soumission aux intérêts du capital, selon le calendrier des marchés financiers, promet la super-austérité, l’écrasement des salaires, des retraites, des dépenses sociales.

Elle annonce les contre-réformes structurelles que la droite n’était pas en état de faire passer.

Dans la poursuite de la mise en concurrence et du démantèlement des grands services publics, le gouvernement s’attaquera notamment frontalement à la SNCF. La troisième étape de la décentralisation transférera l’austérité et la liquidation de nouveaux pans des services publics et sociaux à la responsabilité des territoires. Quand la droite s’est attaquée aux prestations de la Sécurité sociale, la gauche au pouvoir va s’attaquer au financement solidaire par la cotisation sociale. Le retour par la fenêtre de la TVA de Sarkozy via le « choc de compétitivité » révèle la logique du pouvoir. Mais de tout cela, pas un mot dans les vœux de François Hollande pour 2013!

A la gauche revient aussi d’opérer, suivant l’exemple des autres pays de l’UE, la contre-réforme du marché du travail. Hollande l’appelle gentiment « la sécurisation de l’emploi pour conjurer à la fois la peur du salarié d’être licencié et la peur du patron d’embaucher ». Ce parallélisme indique toute une conception, de triste mémoire : « l’Union sacrée » contre la crise!

A la fois moyen et objectif de la politique de la gauche, l’établissement, bien au-delà du « dialogue social » promu par Raffarin et Sarkozy, d’une vraie cogestion à l’européenne, impliquant structurellement les syndicats dans la gestion du système. Hollande n’a pas manqué de saluer les négociations en cours sur le marché du travail.

A côté de toutes ces questions évoquées, minimisées ou omises, François Hollande a eu lui-même bien du mal à glisser quelque part dans son discours les diversions agitées par son gouvernement et le PS : l’extension de l’institution du mariage, la facilitation de l’euthanasie et, sujet vraiment brûlant pour ses compatriotes,… le non-cumul des mandats. Sur le droit de vote des étrangers, Hollande a fait l’impasse, peut-être pour faire durer le débat cinq ans de plus !

François Hollande s’est montré ferme et explicite sur un point au moins: la poursuite des interventions militaires françaises dans le monde, meurtrières et ruineuses, derrière l’OTAN et avec les partenaires de l’UE. Il a célébré aussi lourdement que Sarkozy l’intervention en Afghanistan (loin d’être achevée, elle doit perdurer jusqu’à la fin 2014). Il a versé les mêmes larmes hypocrites sur les 88 soldats français morts et les 700 blessés sans un mot pour les populations tuées. En revanche, il a occulté l’intervention en Libye, qu’il avait approuvée, mais dont le résultat est indéfendable devant l’opinion publique. L’impérialisme français jouera sa part de guerre au profit des multinationales, vraisemblablement dès les tout prochains mois au Mali et en Syrie.

Communistes, nous dénonçons les guerres impérialistes françaises et contribuerons activement à la mobilisation populaire contre ce gâchis et ces crimes, pour la sortie de la France de l’OTAN et de la politique extérieure européenne.

En aucun cas, l’orientation politique de Hollande et de sa majorité ne saurait surprendre. Il n’y a pas eu de revirement depuis les élections. Il n’y avait évidemment pas d’illusion à se faire, encore moins à propager.

La côte de popularité dans les sondages du Président et du premier ministre chute. Rien que de logique. Ils ont été élus par défaut, sans ces illusions sur leurs choix. Maintenant, ils sévissent et ne peuvent plus être appréciés comme un « moindre mal ».

La question posée est plus que jamais la même, sous Hollande, comme sous Sarkozy : s’organiser pour commencer à faire échec à la politique au service du capital, en partant de la force qu’a complètement occultée le Président de la République dans ses vœux, l’aspiration grandissante au changement de société, le mouvement populaire, les luttes, notamment celles des salariés de l’industrie, du commerce, des services publiques… Pas un mot sur PSA ou Arcelor, tiens !

Mais le mécontentement, la colère, les luttes, devant la mal vie, devant la pression sur les salaires, la casse de l’appareil productif, ou encore les nouvelles augmentations des tarifs du gaz ou de l’électricité, ne trouvent toujours aucun débouché politique en termes d’alternative.

Les dernières élections partielles ont été marquées par le désaveu des candidats du PS et de sa majorité, au profit de la droite, sinon de l’extrême droite, moins démobilisées.

Les forces politiques de gauche, relayées, de façon inédite, par les syndicats ont renvoyé l’issue de toutes les mobilisations populaires, pourtant massives et déterminées, des dernières années – pensons au mouvement pour les retraites de 2010 – vers les échéances de 2012. Mais Sarkozy n’était pas la cause de tout !

Aujourd’hui, la « gauche de la gauche » évoque sinon 2017, une recomposition politique à gauche dans les institutions. Les élections passées, elle retrouve des paroles dures, violente, pour les gouvernants, atténuées juste par la préparation des élections municipales de 2014.

Communistes, notre priorité est ailleurs. Elle est de faire monter, en phase avec les luttes, les positions de rupture pour rassembler et faire reculer, sur des points précis, la politique du capital, la super-austérité, tout de suite.

PSA, Arcelor-Mittal etc. : plus que jamais l’exigence des nationalisations – non pas « temporaires » et démagogiques à la Montebourg – s’élève dans le pays contre les trusts et les monopoles privés. Poste, hôpitaux, énergie : la reconquête des grands services publics, contre l’application des directives européennes, s’impose et rassemble.

A 64%, bien plus parmi la classe ouvrière et les premières victimes de la « crise » capitaliste, s’exprime le rejet de Maastricht, de l’UE du capital et de son instrument l’euro, matrice des politiques de régression sociale commanditées par le patronat de tous les pays.

Pour nous communistes, s’opposer, ce n’est pas adopter une posture contestatrice mais traduire l’exigence de rupture du peuple et des travailleurs dans la lutte des classes.

Bonne année 2013 !

 


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