Et si Macron convoquait un référendum sur la priorité à la lutte contre le réchauffement climatique ?

Par EDT, dans le cadre d’un rapport général sur la situation politique et celle du PCF: 2/3. Lien vers 1/3.

Macron peut-il aller jusqu’à organiser un référendum le 26 mai et sortir renforcé par un Oui majoritaire ? Sur quel sujet ? A priori, c’est impossible pour un président soutenu seulement par les  20 à 25% qui pensent qu’ils n’ont pas intérêt au changement. Mais, en réfléchissant bien, il y a peut-être un sujet imparable. Rassurez-vous, je ne suis pas conseiller de l’Elysée !

Et si Macron convoquait un référendum sur la priorité à la lutte contre le réchauffement climatique ?

Il serait à peu près certain de n’avoir aucune formation politique contre lui sur cette question. La revendication première des GJ portaient sur les taxes « écologiques » et ont été traduites par la demande d’une « meilleure » répartition de l’effort. Macron pourrait espérer sortir de l’abstention des électeurs motivés par la « défense du climat » qui sont réputés plus pro-UE que la moyenne. Le passage de la dominante jaune, à la dominante verte s’annonce, toujours aussi loin du rouge…

La question référendaire pourrait reprendre la formule de juillet 2018 du projet de loi modifiant la Constitution, avorté pour cause d’affaire Benallah. Les députés avaient alors voté (bien que cela n’ait rien à voir avec l’organisation fondamentale de la République) l’ajout, à l’article 1 de la Constitution, de la phrase : « la France agit pour la préservation de l’environnement et de la diversité biologique et contre les changements climatiques ». Macron pourrait être tenté de poser maintenant la question aux Français… L’initiative en France des multinationales environnementalistes – la pétition en ligne, dite « affaire du siècle » -, nouveau niveau de l’offensive antidémocratique de ces lobbys, prépare peut-être le terrain.

L’actualité appelle notre parti à une réflexion plus poussée et surtout plus critique sur la campagne « pour sauver le climat ». Deux des 10 propositions lui sont rattachées.

Je ne suis pas de ceux qui s’extasient devant les manifestations « pour le climat » des jeunes et des scolaires hier, même si une certaine disponibilité à l’engagement généreux nous intéresse. Souvenons-nous d’avec quelle violence, en décembre, les luttes des lycéens, pour leur propre intérêt, contre la loi Blanquer sur le lycée, la casse du bac et Parcoursup, ont été réprimées. Des circulaires appelant les proviseurs à mettre à pied une semaine tous les grévistes, des tabassages en règle comme à Mantes-la-Jolie. « Pour le climat », le ministre, les proviseurs, les médias donnent un droit de sécher les cours !

Il est troublant d’entendre à la télé des écoliers de primaires réciter des comptines sur le méchant Co2 pendant que Blanquer est en train de supprimer l’enseignement des maths à un tiers des lycéens : quelle conception de la diffusion de la science !

Sur « l’affaire » du réchauffement climatique, sur quoi n’y a-t-il pas de doute à se faire ?

1° Que la planète a connu, ces dernières décennies, un épisode de réchauffement global, comme plusieurs autres fois au cours du dernier millénaire. Cette fois, il coïncide avec une augmentation, à des taux très faibles, due à l’activité humaine, de la proportion de gaz carbonique dans l’air (le CO2 n’étant pas un poison, mais un aliment pour la végétation).

2° Que le capitalisme, ses institutions publiques et privées, orchestrent une immense campagne mondiale, intrusive et systématique,  catastrophiste sur la question.

La jeune ambassadrice suédoise proclamée du climat est reçue à l’Elysée et à Davos quand le plus inoffensif des altermondialistes est coffré à 10 km par la police. Pas un JT, une pub sur 2 sans référence au climat etc. L’omniprésence de cette propagande ne doit pas nous la rendre invisible.

Tous les aléas météorologiques, les conséquences dramatiques des catastrophes naturelles (largement aggravées par le capitalisme), les migrations forcées dues aux inégalités et à l’exploitation, même les guerres impérialistes sont mis sur le (bon) dos du réchauffement climatique.

On comprend l’intérêt du capitalisme mondialisé. Sur le plan idéologique, la promesse de l’apocalypse climatique permet de subordonner, de soumettre tous les acteurs économiques, y compris contestataires, à un impératif majeur, et à la croisade conduite par le système dominant. Cette arme idéologique est également un moyen de pression sur la consommation des travailleurs, ou encore sur le développement énergétique des pays émergents etc.

Sur le plan économique, à défaut d’une bonne guerre mondiale, des économistes en vue voient dans la lutte contre le réchauffement climatique une solution à la crise actuelle du capitalisme, avec la mobilisation de centaines de milliards de dollars (le chiffre symbolique de 1000 milliards est avancé pour l’ensemble des pays de l’OCDE) dans la transition énergétique pour reconstituer le taux de profit.

Les propagandistes en vue de l’affaire en France, hier, Fabius, aujourd’hui, Hulot et Berger (CFDT), pour ne citer qu’eux, ne sauraient être soupçonnés d’indépendance vis-à-vis du patronat !

Toutes ces constations doivent nous amener, nous communistes, à la plus grande vigilance et à l’analyse critique la plus sérieuse face à l’idéologie dominante, envahissante, sur les évolutions climatiques et leurs conséquences, aussi bien sur les plans scientifiques, économiques que politiques.

Peut-on s’intégrer dans la campagne dominante contre le réchauffement sur une posture anticapitaliste ? J’en doute. Ce serait prendre le risque de cautionner, par exemple, malgré soi, des transferts du « capitalisme noir » vers le « capitalisme vert ». Ou encore de valider, au nom « d’une juste répartition de l’effort », de nouvelles ponctions sur le monde du travail, une nouvelle surexploitation, au prétexte qu’un prélèvement serait effectué aussi sur le capital. Mais en fin de compte, c’est aussi et toujours le capital qui profite.

Les questions écologiques sont nécessairement, pour nous, à subordonner à notre perspective anticapitaliste et socialiste.

Matérialistes, nous devons rejeter les conceptions transcendantes diffusées par le capital selon lesquelles il faudrait « sauver la planète ou le climat » érigés en divinités.

Non, notre conception de l’écologie (qui comprend la défense du cadre de vie, la lutte contre les pollutions, la surexploitation des ressources naturelles, les dérégulations des transports, la spéculation urbanistique etc.), c’est-à-dire de l’interaction entre l’Homme et le reste de la nature, part de la réponse aux besoins de l’Humanité, avec la meilleure affectation – durable – des ressources naturelles et du travail humain.

« L’affaire » du réchauffement climatique, ses conséquences, doit être remise à sa place, dans le cadre de cette préoccupation fondamentale. Qui n’en est pas une pour le capitalisme, dans sa recherche du profit maximal à court terme.

L’affaire écologique, les manipulations idéologiques capitalistes, demandent tout autre chose qu’une réaction électoraliste adaptée !

Voir la partie du texte de congrès (2016/18) «Reconstruire le Parti de classe. Priorité au rassemblement dans les luttes » sur cette question.