Communiqué, lettre aux signataires, 13 juin 2018
Le niveau et l’impact considérables de la grève à la SNCF, hier 12 juin, « journée de la colère cheminote » montrent que les forces existent plus que jamais dans l’entreprise pour mettre en échec le « Pacte ferroviaire » de Macron-Philippe.
Cette réalité dépasse la fatigue et la tension causées par deux mois et demi de grève par épisodes. Ce mode de « grève perlée » avait été adopté pour déjouer les manœuvres de procédure du pouvoir : ordonnances, amendements de dernière minute au projet de loi etc. Le gouvernement a cherché à faire traîner le débat sans dévoiler toutes ses décisions, dans une logique de chantage. Cette semaine, le projet de loi sera voté. Mais la lutte va continuer, probablement sous une autre forme.
Il faut voir un aveu de faiblesse dans le matraquage des ministres, des médias de l’idéologie dominante, des « experts », pour nous expliquer que l’affaire est pliée. Non, le pouvoir n’a rien gagné sur le fond. La campagne de stigmatisation des cheminots dans la population n’a pas pris, pas plus que la propagande sur les bienfaits de la concurrence. Quant au rejet de l’UE et de ses directives, il est plus élevé que jamais en France comme dans les autres pays.
Le pouvoir n’a qu’une méthode pour réussir : continuer à esquiver, à jouer la montre, à parier sur l’essoufflement et l’isolement des grévistes les plus déterminés.
Toute notre démarche politique a visé le contraire. 1- remettre inlassablement au centre les questions de fond dont tout dépend : la fin du monopole public, la concurrence, la transformation en sociétés anonymes 2- Travailler à l’élargissement de la lutte et aux convergences, dans l’entreprise SNCF et partout ailleurs, sur la base des intérêts communs des salariés et des usagers avec les cheminots. Nous continuons.
Le pouvoir aimerait bien que le mouvement s’achève par un « baroud d’honneur », des actes symboliques émanant de quelques-uns. Ses médias à la botte sont prêts à célébrer des desesperados si c’est pour mieux sonner l’isolement et la fin du mouvement. Les cheminots en lutte n’ont pas besoin de « baroud » pour avoir l’honneur et être fiers de leur bataille pour le service public et les conditions sociales dans le pays.
Tout montre que des possibilités large de rassemblement dans la lutte existent toujours.
A la SNCF d’abord. Les syndicats réformistes sont encore obligés de rester dans le mouvement quoique leurs directions ne cachent pas leur tentation d’en sortir et qu’ils aient complaisamment joué le jeu des amendements à la marge au Parlement. Cette attitude ne traduit pas uniquement leur crainte de boutique avant les élections professionnelles de fin d’année. Elle reflète le niveau de prise de conscience et d’inquiétude de leurs cheminots-électeurs potentiels et de certains de leurs militants devant le massacre de l’esprit de service public et des conditions de travail que prépare le « pacte ferroviaire ».
La « vote-action » à la SNCF qui a suivi le référendum à Air France, manœuvre ratée du PDG Janaillac (remercions-le : il a prouvé que le pouvoir peut échouer) a établi l’opposition massive, 95%, dans toutes les professions cheminotes, sur le fond du « pacte ferroviaire ». Elle a montré les possibilités d’entrée dans la lutte dans d’autres catégories de cheminots, pour l’instant moins grévistes.
En dehors de la SNCF, les possibilités d’extension de la lutte sont très importantes. Communistes, nous savons qu’elles ne se décrètent pas mais se construisent. Le mouvement est encore très loin d’avoir développé toutes les potentialités.
Les manifestations en week-end « pot-au-feu » ou « grande-marée » (5 et 26 mai) ont eu le mérite de témoigner d’une recherche de convergences des luttes sociales, y compris du côté d’importantes directions syndicales. Mais la simple juxtaposition de mobilisations disparates n’y répond pas et les récupérations politiciennes y sont objectivement nuisibles. Ce n’est pas dans la recomposition d’une illusion électorale face à Macron en 2022 que se construit la rupture, mais bien dans la lutte des classes.
La lutte des cheminots peut et doit engager davantage les usagers, les défenseurs des « petites » lignes, des arrêts de TGV, des gares et des guichets, de tarifs accessibles etc.
La lutte des cheminots correspond étroitement avec celles de travailleurs d’autres services publics, comme ceux de la RATP confrontés au même calendrier européen de concurrence et de démantèlement, comme ceux d’EDF et d’ex-GDF, en lutte actuellement avec la CGT, contre le bilan de 13 ans de libéralisation-privatisation. Etc.
La lutte des cheminots est aux avant-postes de la lutte contre la dégradation des conditions de travail, du droit du travail, des statuts de tous, fonctionnaires, salariés du public comme du privé (cf les ordonnances Macron de l’automne ou la loi El-Khomri). Elle coïncide avec la montée de l’opposition au prélèvement à la source qui menace l’impôt juste et progressif et le financement de la Sécurité sociale.
La lutte des cheminots porte la riposte à la nouvelle casse du système de retraites, tous régimes confondus. Le gouvernement tente d’abattre la résistance cheminote en 2018 pour mieux la faire passer en 2019.
Il est plus que significatif que le pouvoir, frileux, ait reporté la privatisation totale d’Aéroport de Paris ou l’annonce de sa contre-réforme des retraites.
La victoire des cheminots sera directement la victoire de tous les travailleurs, jeunes et retraités. C’est notre conviction depuis le départ de cette lutte cruciale.
C’est dans cet objectif que, responsables d’organisations du PCF de différents départements, localités et entreprises, nous avons proposé à l’ensemble du PCF et mis à disposition de tous nos camarades, dès début avril, la pétition « Pour l’avenir du service public nationalisé SNCF : Monopole, établissement public et statut contre concurrence, sociétés anonymes et casse sociale »
Nous l’avons pensée comme outil pour mettre et remettre le cœur de l’attaque du pouvoir au centre. Des questions aussi importantes que celle de la dette sont subordonnées à la mise en concurrence et à la transformation de la SNCF en sociétés de droit privé (l’Etat reprend ou non une partie de la dette pour exonérer à terme le privé). La question de faire sauter le statut des cheminots et le verrou qu’il représente est indissociable de la casse sociale généralisée contre toutes les catégories de cheminots, statutaires ou non, sur le réseau privatisé ou non, que provoquera la mise en concurrence. Les « négociations », en retrait, avec la direction de la SNCF, le patronat du ferroviaire privé, en présence des représentants de l’Etat, sur les 9 parties de la convention collective du rail, impliquent l’acceptation, comme fait accompli, du « pacte ferroviaire ».
Nous avons aussi pensé notre pétition comme un moyen d’aller vers les usagers, les populations les salariés des autres entreprises publiques et privées.
Nous en sommes à plus de 8000 signatures, dont plus de 1500 cheminots. De l’ordre de 150 initiatives militantes ont repris notre pétition. Des milliers d’affiches ont été collées, plus de 200.000 tracts diffusés. C’est la pierre, que communistes, nous avons apportée, pour l’instant, à l’édifice de cette lutte d’intérêt général pour le monde du travail.
Pour les pétitions par internet, nous avons développé, de façon militante, notre propre site de signatures, pour échapper aux entreprises de lobbyings associatifs et politiques qui fichent et marchandisent les coordonnées (change.org, Nation-Builder etc.). Quitte à obtenir moins de signatures, mais des signatures entièrement conscientes…
Nous continuons. Nous transmettons aux signataires, qui ont laissé leur adresse mail et accepté que nous leurs envoyions des informations, différents tracts, documents et prises de position etc.
La signature de la pétition n’engage évidemment que sur le texte signé. Mais nous vous invitons à continuer, comme nous, avec les cheminots en lutte comme locomotive !
14 mai 2018 : Déclaration des Cheminots de Miramas du 14 mai en Assemblée Générale
25 avril 2018 : La municipalité de Saint-Martin-d’Hères (2ème ville de l’Isère) adopte un voeu en faveur du service public nationalisé SNCF
Juin 2018 : Question des députés communistes grecs au parlement européen concernant la grève des cheminots en France
https://sncf-stop-concurrence.fr/
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