Robert Hue: repoussoir ou poisson-pilote?

Robert Hue: repoussoir ou poisson-pilote?

Robert Hue ne représente en rien le PCF. Espérons-le ! Il doit être désavoué !, 27 août 2009

 

Depuis quelques mois, on voit réapparaître Robert Hue dans l’actualité, pour participer au spectacle lamentable des combinaisons politiciennes à « gauche » pour les présidentielles dans 3 ans.

Depuis le début de l’été, il s’affiche complaisamment avec les « éléphants », les « ténors » du PS, F. Hollande en juillet à Lorient, y compris les plus ouvertement « socio-libéraux » et les plus tentés par l’élargissement de la « gauche » au Modem comme le président du Conseil régional d’Ile-de-France, J.P. Huchon ou Vincent Peillon.

 

Hue participait ainsi à Marseille le 22 août, aux côtés de Daniel Cohn-Bendit et de Marielle de Sarnez (Modem), au rendez-vous « l’espoir à gauche » de Peillon à la « recherche de nouvelles alliances avant 2012 ».

 

Même sans responsabilité actuellement dans l’organisation du PCF, dont il n’est peut-être plus membre, Robert Hue, ancien secrétaire national (puis président du parti) de 1994 à 2002 et candidat aux présidentielles de 2002, continue de représenter notre parti aux yeux de l’opinion publique.

C’est précisément pour cela qu’il est invité.

C’est précisément pour cela que la direction de notre parti doit le désavouer sans ambiguïtés.

 

Après ce préalable, le rôle que joue Hue ou qu’on lui fait jouer dans ces temps de recomposition politique à « gauche » appelle la réflexion des communistes.

 

Hue, égal à lui même

 

Les initiatives de Hue se situent dans le droit fil de ses positionnements antérieurs, de la stratégie qu’il a incarnée à la tête du PCF, cette « Mutation » qui s’est attaquée aux fondements idéologiques et organisationnels de notre parti, avant de le déconsidérer dans une participation gouvernementale entre 1997 et 2002 comme « force d’appoint de gestionnaires loyaux du capitalisme ». Au nom de la priorité donnée à la présence dans les institutions sur l’action dans les luttes.

3,37% en 2002 : on connaît la sanction, sous son aspect électoral, qui n’est qu’une des lourdes conséquences de ces choix.

 

En 2002, Hue, qui a personnifié l’échec, est complètement disqualifié. Il part.

Le reste de l’équipe dirigeante, qui a tout autant poussé la « Mutation », notamment au Congrès de Martigues et dans la participation au gouvernement, se détache de lui. Mais c’est un changement sans rupture en ce qui concerne la ligne politique, l’image de changement étant d’autant plus facile à marquer que la droite est de retour au pouvoir.

 

Mais voilà, la même stratégie que certains d’entre nous avaient qualifiée de suicidaire, « Bouge l’Europe » cédant la place à la « gauche populaire et citoyenne », aux « collectifs antilibéraux », a abouti aux mêmes résultats : 1,93% en 2007.

 

Du coup, Hue s’en trouve presque réhabilité. Il peut rejouer une partition dans le travail de reniement et d’effacement du PCF.

 

Le revenant était déjà sorti de sa boîte, fin 2008, avant le 34ème congrès du PCF, pour annoncer qu’il ne voulait pas être renouvelé au Conseil national du Parti, que celui-ci, le parti, avait fait son temps et que lui, Hue, avait créé un club de réflexion, le « Nouvel espace progressiste », le NEP.

 

Se présentant comme élément libre maintenant, Robert Hue n’en a pas moins conservé des postes d’influence que la direction du Parti lui a octroyés. A quel titre ?

Il est sénateur du Val d’Oise, présenté par le PCF* en 2004.

Il a été désigné président de la « Fondation Gabriel Péri », fondation politique, qui jouit de moyens financiers importants venant de sa tutelle étatique, et qui a les moyens d’encadrer fortement la recherche et les publications sur le mouvement communiste, le PCF et leur histoire.

 

Repoussoir ou poisson pilote ?

 

Hue revient cet été avec un message : pour battre Sarkozy, gagner les élections, un large mouvement rassemblant toute la « gauche » doit être constitué, dépassant les formations politiques et portant quelques axes généraux en guise de programme.

Sans avoir peur de se citer, il ressort la formule du « pacte unitaire pour le progrès » qu’il avait avancé au PCF en 1996.

Toujours le cadre institutionnel et l’alternance comme seul horizon !

La mouvance social-démocrate (plutôt que l’organisation PS en crise) est le pivot naturel d’une large alliance politicienne, quoiqu’il en dise, mais comme il le montre dans le choix de ses partenaires.

Quant au « communisme » – Hue se dit toujours « communiste » – il est remisé en vague référence culturelle, alors que le PCF « n’est plus réformable » selon lui.

Hue met ses pieds dans les pas de l’ancien président du PGE et du Parti de la Refondation communiste en Italie, Fausto Bertinotti qui l’ont amené à participer à des « primaires » et à soutenir le démocrate-chrétien Prodi.

 

Les sorties récentes de Hue, en chemise rouge entre Cohn-Bendit et de Sarnez, choquent, en particulier les communistes et ceux qui sont proches de nous.

Mais Hue n’est-il pas en cohérence avec une ligne, y compris lorsqu’il contribue à discréditer notre parti, qu’il réduit à un appendice du PS ?

 

Et cette ligne politique est-elle si différente de ce que pratiquent un certain nombre d’élus du PCF (certains, pas tous !), collant aux exécutifs PS, jusqu’à accepter, sans rechigner, le symbole de l’alliance avec le Modem dans certaines villes aux municipales en 2008?

Est-elle si différente du projet que forment des dirigeants socialistes (Quilès, Sapin, Lienemann…) et communistes (Gayssot, Cabanne, Wurtz…) dans le club « Gauche avenir » ?

Est-elle-même si différente des « rassemblements majoritaires à gauche » qu’appelle de ses vœux l’actuelle direction du Parti, de ce qu’Olivier Dartigolles va dire à l’université d’été « officielle » du PS à la Rochelle ?

 

Est-ce même si différent de la stratégie du « Front de gauche », qui pourrait sembler être un autre choix au premier regard ?

Mais on retrouve la logique d’effacement du PCF, auquel on fait, de plus, jouer le mauvais rôle de satellite du PS dans la période. On retrouve la logique purement électoraliste que Mélenchon appelle la « Révolution dans les urnes », avec le mirage conscient de dépasser son parti de 30 ans, le PS, pour mieux s’y raccrocher. Méthode également appliquée, avec échec en Italie, par Bertinotti et sa « gauche arc-en-ciel ».

 

Plus que jamais, c’est un troisième choix, en rupture avec 15 ans maintenant de « Mutation-disparition » du PCF, que, communistes, nous devons mettre en avant. Partir du contenu, de l’actualité si évidente de nos fondements théoriques, pour nourrir et impulser de véritables Fronts de lutte contre la politique au service du capital, pour rassembler les salariés, les retraités et les jeunes qui rejettent aujourd’hui explicitement cette politique.

Et ensuite seulement, envisager, sans disproportionner l’enjeu, des unions électorales.

 

En un mot, faire vivre et renforcer le PCF !

 

*Notons que R. Hue a été élu grâce à 40% de voix de « grands électeurs » non communistes (sans doute de droite puisque la liste PS a gagné un siège.