Un député PCF méconnaissable : Patrice Carvalho (Oise)

Vivelepcf, 16 juillet 2012

Patrice Carvalho a retrouvé le siège de député de la circonscription de Noyon dans l’Oise qu’il avait occupé entre 1997 et 2002. Le 17 juin 2012, il a obtenu 42,7% des voix dans le cadre d’une triangulaire avec l’UMP et le FN. Il est un des 7députés membres du PCF restants.

Depuis 2002, la plupart des communistes l’ont perdu de vue. Mais certains se souviennent encore de ces prises de position et de ses votes lors du gouvernement Jospin, parmi les très rares à refuser d’avaliser les reniements de la « gauche plurielle », des ministres et de la direction du PCF. Pour marquer symboliquement la quasi-absence d’ouvriers dans la représentation nationale, lui, l’ancien de Saint-Gobain était venu en bleu de travail à la première séance de la législature.

C’était il y a 15 ans. Malheureusement, tout le monde peut changer. Patrice Carvalho avait déjà manifesté son changement de logique en s’intégrant dans l’exécutif de « gauche plurielle » de l’Oise avec rang de second vice-président du Conseil général.

Dans la continuité de son allégeance sur le PS, il se rapproche en 2009 de Robert Hue qui prône, avec son « Mouvement unitaire pour le progrès », MUP, un courant « communiste » dans une gauche unie derrière le PS. Dans la mouvance du MUP, Patrice Carvalho figure sur la liste PS aux régionales de 2010 en Picardie rejetant la liste « Front de gauche » et la liste des communistes derrière Maxime Gremetz.

Est-ce l’approche des élections législatives qui lui faire revoir l’expression de son suivisme derrière le PS ? En 2011 et 2012, il n’est plus question de MUP, mais de Front de gauche. Carvalho se réconcilie avec la direction du PCF de l’Oise et fait campagne pour Mélenchon, même si depuis qu’il est de nouveau député, il « avoue ne pas trop l’aimer » (Le Monde du 13 juillet 2012). Ce choix ne l’a pas desservi électoralement, d’autant plus que le PS a tardé à désigner un candidat « divers gauche » contre lui ‘après l’avoir soutenu dès le 1er tour aux cantonales de 2011) et lui a fourni un suppléant « apparenté socialiste ». Le Monde constate que ses affiches sont roses et ne portent aucune référence au PCF. Pas de quoi gêner Carvalho, pour qui ses électeurs sont avant tout « carvalhistes ».

On peut bien être d’origine ouvrière et devenir un bon notable local démontre et assume le député Carvalho.

Quel créneau lui reste-t-il pour s’illustrer pendant la prochaine législature ?

Dans la même interview du Monde, Patrice Carvalho semble avoir fait un choix : dénoncer la proposition du droit de vote des étrangers aux élections locales (pourtant défendue par les communistes depuis les années 70) et fustiger le mariage homosexuel. De quoi faire parler de soi, accompagner la dérive d’une partie de l’électorat local, sans troubler les parrains du PS !

Les anti-communistes, sous Sarkozy, (ah comme il manque aux éditorialistes du Figaro !) avaient fait leur miel des prises de positions de l’ex-député maire de Vénissieux, André Gerin qui associait une revendication « identitaire communiste » à une défense zélée des dispositions anti-immigrés du gouvernement, « identité nationale » ou « croisade anti-burqa », à des positionnements sécuritaires dignes de son complice et préfacier, l’ex-député UMP Eric Raoult.

Gerin, disqualifié et à la retraite, aurait-il trouvé un successeur, tout aussi prêt à dévaloriser l’identité communiste et ouvrière ?

La page complète accordée par Le Monde à Patrice Carvalho le laisse craindre.

Il ne reste que 7 députés membres du PCF…

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