36ème congrès du PCF – Contribution des communistes du Collectif PCF RATP Bus

La proposition de base « commune » de la direction est un texte à la fois inepte et inapte à remettre l’analyse communiste au cœur de l’entreprise. Communistes de la RATP (bus et MRB), nous soutenons le texte alternatif « Ni abandon, ni effacement, un parti résolument communiste dans l’affrontement de classe ».

Nous n’irons pas par quatre chemins. Pour nous, le texte qui nous est présenté comme « base commune » de discussion du PCF n’est absolument pas à la hauteur des enjeux politiques, de l’offensive renouvelée du capital contre les salariés, le pays en général, contre le service public des transports et notre entreprise, la RATP, en particulier.

Sur la forme, nous nous étonnons de la niaiserie du ton choisi, si éloignée de la violence de l’exploitation que subit le salariat aujourd’hui.

Sur le fond, le texte “ Il est grand temps de rallumer les étoiles…” confirme le refus de porter une analyse de classe sur la situation politique, comme nous le dénonçons depuis des années. Remplacer les travailleurs, les salariés, les employés, les ouvriers par le terme générique d’ “Humain”, c’est nier la place centrale des rapports de production, au profit d’un ‘humanisme” qui se veut progressiste mais qui est inopérant dans le combat de classe.

Non, le capitalisme n’est pas un complot, dans lequel d’ innombrables lobbies” auraient accaparé le pouvoir par “une série de coups d’Etat déguisés”, guidés par des “pulsions de domination et de haine”.  C’est un mode de production historique, cohérent, basé sur la domination économique et politique du capital. Mode de production que le marxisme et le léninisme nous ont permis historiquement d’analyser et de combattre avec les expériences et les résultats conséquents que l’on sait. Et qu’en tant que communistes, notre but est de le détruire pour jeter les bases d’une autre société : le socialisme, étape indispensable à l’avènement de la société sans classe.

Plus largement, le texte de la direction s’inscrit dans la lignée de toute une série de positions et de pratiques qui tournent le dos à la raison d’être du PCF, depuis la Mutation initiée par Robert Hue (et aggravée jusqu’à aujourd’hui). Il faut rompre avec cette stratégie qui a déjà fait tant de mal au PCF en général, a son action à l’entreprise en particulier. Le sabotage des cellules et sections d’entreprise, de l’organisation qui a permis à tant de salariés de devenir des militants communistes conséquents, a ouvert grand la voie au réformisme sur le lieu principal de l’exploitation, dans l’organisation syndicale, dans les luttes.

A l’entreprise, encore moins qu’ailleurs, le PCF ne peut pas être un parti d’élus avec écharpe, pratiquant et prônant la cogestion.

La participation des élus PCF, même – rarement – critiques, à l’exécutif du Conseil régional d’Ile-de-France depuis 1998, à celui du STIF depuis 2006, sous la présidence du social-libéral Huchon, apôtre de la libéralisation des transports, nous discréditent. Avec les collègues, nous nous battons pour défendre ce qui reste du statut RATP, notamment pour les jeunes agents, pour le rétablissement de la prise en compte de la pénibilité que les lois de 2007 leur ont enlevée. Comment pouvons-nous le faire efficacement quand  les députés du « front de gauche » votent en faveur des très précaires “emplois d’avenir” ?

Nous sommes communistes. Notre préoccupation ne peut pas être de tenir une posture « radicale » avant telle ou telle élection, dans les institutions, encore moins au sein de l’entreprise. Dans les faits, cette pratique n’est autre que de l’accompagnement du système. Au contraire, nous sommes là pour appuyer sur ses contradictions, là où cela fait mal, pour faire grandir des positions de résistance et de rupture.

Dans une entreprise comme la RATP, le PCF ne peut pas se borner à être une courroie de transmission de la CGT, en l’occurrence de sa frange la plus réformiste.

De soi-disant « revendications » telles que “Sortir les clauses sociales des coûts lors des passations de marché et appel d’offres” (sic !) reviennent à accepter, comme préalable, le principe de mise en concurrence, alors que les conditions d’un large rapport de force (salariés, usagers, contribuables…) existent pour le mettre en échec.

Il en va de même avec la perspective floue, sans cesse avancée par la direction du Front de gauche, de création d’un “pôle public des transports”. Elle ne trouve aucun écho dans la réalité des luttes à l’entreprise mais elle nourrit dangereusement la confusion. Elle légitime le modèle « libéral » où l’intervention « publique » se limite à un vague contrôle d’une « autorité publique » placée sous la prédominance des intérêts privés. Elle détourne des batailles immédiates et déterminantes, par exemple nous concernant : la défense du monopole public RATP/SNCF sur leurs réseaux historiques et son extension à l’ensemble de la région, à commencer par l’intégration des filiales de droits privé, la défense de ce qui reste de nos statuts.

Idem encore sur la question des retraites. En 2007 (lutte contre la casse des « régimes spéciaux »), l’Humanité choisit de vanter l’ouverture des “négociations tripartites” entre gouvernement, directions des entreprises publiques et syndicats, dont la CGT. Partant de l’abandon de toutes nos références essentielles (annuités, décote, indexation…), ces négociations ont coupé court à une lutte qui était pourtant en pleine montée en puissance.

Les conséquences ont été très lourdes sur nos statuts d’une part, sur la bataille général pour les retraites d’autre part. On l’a vu en 2010.

La ligne d’abandon de la direction du Parti, du Front de gauche, sans parler de Mélenchon, a continué, parallèlement aux positions du syndicat. Le refus de mettre en avant le retour aux 37,5 ans de cotisation, même l’abandon de toute référence à un nombre d’annuités a largement vidé de son sens la revendication de la retraite à 60 ans et sapé les capacités de rassemblement sur cette référence primordiale.

Idem aussi sur la question de l’Europe. L’obsession de la direction du Parti, avec le Front de gauche et le Parti de la gauche européenne, à légitimer l’Union européenne du capital fait écho aux positions de la Confédération européenne des syndicats qui suit maintenant la CGT. La CES est historiquement une organisation réformiste, anticommuniste, dévouée à l’intérêt de l’UE du capital. Au moment où le discrédit de l’UE est au plus haut, au moment où les positions que notre Parti a défendues jusqu’aux années 90 sont le plus largement partagées, c’est un contresens complet de défendre la légitimité de l’UE, au nom de l’illusoire Europe sociale, ou d’un « modèle social européen » qui n’a jamais existé tout au contraire.

L’UE, ses traités et directives, l’euro sont les prétextes et instruments de la casse de nos acquis sociaux et démocratiques, notamment des politiques de mise en concurrence et de privatisation. Nous n’avons cessé le dénoncer et de les combattre pour défendre le service public. Il est inconcevable que la direction de notre Parti nous prenne à contrepied.

En 2007 dans les transports, en 2009 à la Poste, la direction du PCF a été incapable de donner la perspective politique à même de mettre en échec le processus de privatisation. Elle a éludé la question européenne, renvoyé (comme en 2010) à une seule perspective : les élections de 2012 et la victoire de la « gauche » alignée sur le PS. Hollande est élu, on voit les résultats… Pour notre part, nous ne sommes pas surpris.

En conclusion, ce dont les agents RATP, la classe ouvrière en général, ont besoin, ce n’est pas d’un Front de Gauche électoraliste, reportant le changement d’élection en élection, prétendant peser sur le PS dans les institutions, ou faisant de l’agitation gauchiste, c’est d’un Parti communiste fort, organisé au plus près des travailleurs, pour s’armer idéologiquement et organiser dès maintenant la contre-offensive.

La proposition de « base commune » de la direction tourne le dos à cet objectif, fuit les questions essentielles, le bilan de ses choix depuis 2007.

Pour toutes ces raisons, nous appellerons les communistes à voter pour le texte  « Ni abandon, ni effacement, un parti résolument communiste dans l’affrontement de classe ! » dont nous sommes partie prenante.

Cela va en cohérence avec notre expression dans l’entreprise contre le processus de marchandisation et de privatisation mais aussi pour une autre société, le socialisme.

Pantin, le 26 octobre 2012

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